La France face au défi de la transition énergétique : sa place sur l'échiquier mondial
Énergies renouvelables : qui mène la course ?

Les sources d'énergie renouvelables, telles que l'éolien et le solaire, fournissent de l'électricité à des millions de personnes à travers le monde. Toutefois, certaines grandes économies ont pris la tête de la transition vers les énergies renouvelables, tandis que d'autres restent encore très attachées aux combustibles fossiles.
Découvrez quelle part de l’énergie de la France provenait de sources renouvelables en 2023 (dernières données complètes disponibles) d’après les chiffres de Our World In Data (sauf indication contraire), et son classement par rapport aux autres nations.
Tous les montants en dollars sont exprimés en dollars américains.
Adaptation française par Aurélie Blain
Méthodologie

La principale mesure utilisée par Our World In Data est appelée énergie primaire, qui correspond à la quantité d'énergie contenue dans une ressource avant sa transformation en énergie utilisable. Par exemple, l'énergie inhérente au charbon avant qu'il ne soit brûlé pour produire de l'électricité (voir photo).
L'énergie primaire inclut donc l'énergie finale utilisable, comme l'électricité, mais aussi l'énergie perdue à cause des inefficacités lors de la consommation de la ressource, comme la chaleur perdue lors de la combustion du charbon.
Les énergies renouvelables n'ont pas d'inefficacités thermiques. Pour compenser cela, Our World In Data utilise une technique appelée méthode de substitution. Celle-ci multiplie leur production pour tenter de réaliser une comparaison équitable avec l'énergie primaire des combustibles fossiles.
Avec tout cela en tête, voyons quelle place occupent les différents pays dans cette comparaison.
Afrique du Sud : 3,94 % d'énergies renouvelables

L'Afrique du Sud est loin de figurer parmi les leaders mondiaux en matière d'énergies renouvelables, la fourniture d’électricité éolienne, solaire et hydroélectrique ne représentant que 3,93 % de sa production d'énergie primaire en 2023.
Le solaire représente un marché particulièrement inexploité pour le pays, dont la plupart des régions bénéficient de plus de 2 500 heures d'ensoleillement par an. Pourtant, l’énergie solaire ne constitue que 1,23 % de sa production en 2023.
Cependant, la situation s’améliore lentement. La quantité d’électricité produite par les panneaux solaires a plus que doublé au cours des deux dernières années, atteignant un total de près de 16 térawattheures (TWh).
De plus, Defy Appliances, le plus grand fabricant d'appareils électroménagers du pays, a annoncé le lancement de la production d'une gamme d'appareils électroménagers alimentés par l'énergie solaire, notamment des réfrigérateurs et des congélateurs.
Malaisie : 7,89 % d'énergies renouvelables

La Malaisie affiche une performance modeste en matière d’énergies renouvelables, avec une part de 7,89 %, soit une progression à peine perceptible par rapport à 2022. Cependant, le pays nourrit de grandes ambitions puisqu’il vise une augmentation significative de sa capacité en énergies renouvelables d’ici 2035. Dans cette optique, le gouvernement de Putrajaya a décidé de ne plus approuver la construction de nouvelles centrales électriques au charbon.
Actuellement, la Malaisie mise principalement sur l’énergie solaire, la biomasse et de petites installations hydroélectriques pour ses sources renouvelables. Les parcs éoliens y sont rares en raison de vitesses de vent peu favorables à certaines périodes de l’année. À ce jour, seule une petite installation terrestre est opérationnelle, bien que plusieurs projets de petite envergure soient en cours d’étude.
Le pays se tourne également vers des solutions novatrices, notamment des fermes solaires flottantes à la surface des lacs (voir photo), qui présentent l’avantage de réduire l’évaporation de l’eau. Un projet particulièrement innovant combine des panneaux solaires flottants et une production hydroélectrique, permettant ainsi de produire de l’électricité de manière continue, de jour comme de nuit.
Mexique : 8,61 % d'énergies renouvelables

À l’image de la Malaisie, le Mexique est un producteur de pétrole, ce qui explique en partie pourquoi les énergies renouvelables ne représentent que 8,61 % de son énergie primaire. Ce chiffre marque même une baisse par rapport aux 9,69 % enregistrés en 2022.
Les critiques dénoncent un manque de volonté du Mexique à stimuler les investissements privés dans les énergies renouvelables. Ils soulignent le poids économique des exportations de pétrole brut et accusent le gouvernement de privilégier PEMEX, la compagnie pétrolière nationale, par crainte d’une instabilité si celle-ci venait à décliner. De plus, ils reprochent à l’État d’accorder à l’opérateur public d’électricité un accès prioritaire au réseau national, bloquant ainsi l’intégration des fournisseurs privés d’énergies renouvelables.
Cependant, un changement semble en cours. Le Mexique a élu sa première présidente, Claudia Sheinbaum (voir photo), ancienne climatologue, qui a marqué une rupture avec la politique pro-fossiles de son prédécesseur, Andrés Manuel López Obrador. Dès son entrée en fonction en octobre 2024, elle a annoncé publiquement sa volonté de réduire la production de pétrole et d’accélérer le développement des énergies vertes. Grâce à ses ressources abondantes en énergies éolienne, solaire, hydraulique et géothermique, le Mexique pourrait bientôt gravir les échelons du classement mondial des énergies renouvelables.
Inde : 9,68 % d'énergies renouvelables

L'Inde se classe juste derrière avec 9,68 % de son énergie primaire issue de sources renouvelables. Pour 2023, on comptait parmi celles-ci, 3,6 % d'hydroélectricité, 2,72 % d’énergie solaire et 1,97 % d’énergie éolienne.
Le pays est déterminé à améliorer ses faibles pourcentages d'énergie solaire et éolienne, et le gouvernement s'est engagé à atteindre zéro émission nette de carbone d'ici 2070. En avril 2023, le ministère indien des Énergies nouvelles et renouvelables (MNRE) a annoncé qu'il lancerait chaque année des appels d'offres pour des projets d'une capacité totale de 50 gigawatts (GW) durant les exercices fiscaux 2024-2028. L'énergie éolienne devrait ainsi représenter au moins 10 GW par an.
Cependant, la croissance rapide de l’économie et l’augmentation constante de la population entraînent une demande d’électricité en forte progression, compliquant davantage la transition. Bien que l’Inde développe ses capacités en énergies renouvelables, elle demeure largement dépendante des combustibles fossiles. Le pays poursuit la mise en service de nouvelles centrales à charbon et envisage de quadrupler sa consommation de gaz naturel d’ici 2030.
États-Unis : 11,66 % d'énergies renouvelables

D’après l'Agence américaine d'information sur l'énergie (EIA), les sources d’énergie renouvelables généreront 44 % de l’électricité du pays d'ici 2050, principalement grâce à l'énergie éolienne et solaire. Les États-Unis ont encore un long chemin à parcourir, puisqu’elles ne représentaient que 11,66 % de l’énergie primaire disponible en 2023, à peine plus que l'année précédente.
Sans surprise, le plus grand producteur mondial de pétrole peine à se défaire entièrement des combustibles fossiles, malgré ses efforts pour adopter une approche plus écologique. Par exemple, le Texas est à la fois le plus grand producteur de pétrole et d’énergies non renouvelables du pays. Parallèlement, l'administration Biden a mis en place la loi dite Inflation Reduction Act (IRA) et la loi complémentaire sur les infrastructures bipartites (Bipartisan Infrastructure Law, BIL), qui injectent des milliards de dollars dans le développement des énergies propres, principalement grâce à des subventions, des crédits d'impôt et des garanties de prêt.
La donne pourrait changer avec l’arrivée du nouveau président en janvier 2025. Certains partisans de Donald Trump préconisent l’abrogation de l’IRA et de la BIL, invoquant leur coût exorbitant et l’endettement national déjà considérable des États-Unis. Selon eux, les énergies renouvelables devraient être rentables par elles-mêmes plutôt que de dépendre de l’argent des contribuables.
Philippines : 11,99 % d'énergies renouvelables

En nette diminution par rapport à un pic de près de 19 % en 2006, les Philippines affichent un modeste 11,99 % de production énergétique renouvelable, selon les dernières données de Our World In Data. Plus d’un tiers de cette part provient de l’hydroélectricité. Dans ce pays densément peuplé où la terre se fait rare, l’éolien terrestre et le solaire occupent une place marginale dans le mix énergétique.
En revanche, avec 17 000 kilomètres de littoral, l’archipel possède un immense potentiel pour développer l’éolien offshore. Celui-ci pourrait atteindre environ 178 gigawatts. Cependant, le coût représente un obstacle majeur : selon l’OCDE, le pays aurait besoin d’environ 283,5 milliards d’euros pour réussir sa transition énergétique et nécessiterait des financements privés. Pour encourager ces investissements, le gouvernement a levé les restrictions sur les investissements étrangers dans le secteur de l’énergie. Pour l’heure, cependant, les Philippines demeurent largement dépendantes des combustibles fossiles.
Japon : 12,58 % d'énergies renouvelables

En 2022, les hydrocarbures importés ont représenté pas moins de 90 % de l’approvisionnement énergétique total du Japon. Toutefois, la transition vers un système énergétique basé sur les énergies renouvelables reste un défi majeur. Le pays dispose de peu de terres adaptées à l’éolien terrestre ou aux grandes fermes solaires, en raison d’un relief souvent montagneux et de la concurrence avec les besoins agricoles. De plus, la topographie de son plateau côtier abrupt complique le développement de l’éolien offshore.
Le mix énergétique japonais a été profondément bouleversé par la catastrophe de Fukushima en 2011, qui a conduit à la fermeture de ses 54 réacteurs nucléaires (certains ont depuis repris leur activité). Le charbon a en grande partie compensé cette perte.
La structure du réseau électrique japonais constitué de réseaux régionaux distincts plutôt que d’un réseau national unifié constitue un autre frein majeur. Cette fragmentation rend le transport des énergies renouvelables depuis les zones de production jusqu’aux grandes agglomérations coûteux et administrativement complexe.
Le gouvernement avance avec prudence vers la décarbonation. Grâce à un tarif de rachat, la production solaire a connu une forte progression ces dix dernières années, mais en 2023, elle ne représentait encore que 5 % de l’énergie primaire, selon Our World In Data. L’éolien plafonnait quant à lui à seulement 0,5 %. À moins d’un net accélérateur, le Japon continuera de dépendre massivement des importations de pétrole, de charbon et de gaz.
Argentine : 14,1 % d'énergies renouvelables

En Argentine, où l’économie traverse de graves turbulences, les énergies renouvelables représentent 14,1 % de l’énergie primaire. Bien que le pays dispose d’un immense potentiel dans ce domaine, il peine à attirer les investisseurs en raison de son passé marqué par des défauts de paiement et une gestion financière chaotique. En quête désespérée de devises étrangères, l’administration du président Javier Milei mise sur l’expansion des opérations sur le gigantesque champ de gaz et de pétrole de schiste de Vaca Muerta. Mais en parallèle, elle aspire à développer le secteur des énergies renouvelables.
Le Congrès a adopté l’un des projets de loi emblématiques de Milei, visant à offrir un cadre plus prévisible pour les investissements à grande échelle, notamment dans le secteur énergétique. Le succès de ses politiques de « thérapie de choc », conçues pour déréglementer et stabiliser l’économie, jouera un rôle clé dans la réalisation de ces ambitions.
Autrefois, Milei qualifiait le réchauffement climatique de supercherie, ce qui laissait craindre un retrait de l’Argentine de l’accord de Paris sur le climat. Toutefois, depuis son entrée en fonction, il a confirmé son engagement envers cet accord et maintenu l’objectif de neutralité carbone à l’horizon 2050.
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Australie : 14,98 % d'énergies renouvelables

Contrairement à la Nouvelle-Zélande voisine, l'Australie ne se positionne pas en tête des producteurs d’énergies renouvelables, qui ne représentaient que 14,98 % de l’énergie primaire disponible en 2023.
Selon un rapport du Clean Energy Council, un groupe de défense de l’environnement, les investissements dans les énergies renouvelables connaissent un ralentissement qualifié d’« alarmant ». Les approbations pour de nouvelles fermes solaires ont chuté de plus d’un tiers, et aucun nouveau financement n’a été attribué aux parcs éoliens. Parallèlement, la production des centrales à charbon a augmenté au cours des premiers mois de 2024.
Malgré ces signes préoccupants, tout n’est pas sombre. Le Clean Energy Council souligne que, bien que les grands projets peinent à avancer, les panneaux solaires résidentiels continuent de gagner en popularité, et les technologies de batteries, qu’elles soient de petite ou grande capacité, connaissent une progression fulgurante. Le groupe de défense de l’environnement avertit cependant qu’un manque d’investissement dans les énergies renouvelables pourrait placer l’Australie « en queue de peloton en matière de technologies et de compétences ».
France : 16,94 % d'énergies renouvelables

La France accuse un net retard par rapport à ses voisins européens en matière d’énergies vertes. Son approvisionnement en électricité repose largement sur l’énergie nucléaire, une source neutre en carbone mais controversée et non renouvelable. En 2023, seulement 16,94 % de l’énergie primaire du pays provenait de sources durables. Le rythme devrait s’accélérer d’ici 2030, mais cela risque de ne pas suffire pour atteindre les objectifs européens, selon l’Observatoire des énergies renouvelables (Observ’ER).
Ce n’est pas la première fois que la France ne parvient pas à respecter ses objectifs. Il était par exemple prévu de produire 23 % des besoins énergétiques nationaux à partir de sources renouvelables d’ici 2020, un objectif qui n’a pas été atteint. Paris plaide cependant que la priorité est de décarboner l’électricité du pays, affirmant que le parc nucléaire joue un rôle clé dans cet effort.
Royaume-Uni : 20,52 % d'énergies renouvelables

Selon Our World In Data, les énergies renouvelables représentaient 20,52 % de l’énergie primaire au Royaume-Uni en 2023. Depuis, un changement de gouvernement a eu lieu, avec la nouvelle administration travailliste promettant de faire du pays une « superpuissance de l’énergie propre ». Le plan prévoit de doubler la capacité de l’éolien terrestre, d’élargir considérablement l’énergie solaire et de créer une entité soutenue par l’État, appelée Great British Energy, qui supervisera la transition vers un réseau électrique décarboné en seulement six ans. Par ailleurs, la dernière centrale à charbon du pays a définitivement fermé ses portes.
Les écologistes ont salué cette ambition radicale, mais le gouvernement s’est fixé un défi colossal. Le système de planification britannique, réputé pour sa lenteur, et la résistance locale aux projets d’éoliennes, de fermes solaires et de lignes à haute tension risquent de freiner ce programme. Les critiques redoutent que le passage à une énergie entièrement renouvelable n’entraîne des coupures d’électricité. Certains remettent même en question la capacité du pays à mobiliser les compétences techniques nécessaires pour une transition aussi rapide.
Pendant ce temps, les consommateurs britanniques doivent déjà faire face à certaines des factures énergétiques les plus élevées des pays développés. Le ministre de l’Énergie, Ed Miliband, affirme pourtant que les énergies vertes coûteront moins cher à long terme.
Irlande : 22,3 % d'énergies renouvelables

La République d’Irlande affiche un plan ambitieux pour un avenir axé sur les énergies renouvelables puisqu’elle a pour projet de produire 80 % de son électricité (y compris celle de l’Irlande du Nord) de manière durable d’ici 2030. Selon Our World In Data, le pays a déjà atteint près de 44 % en 2023, tandis que les énergies renouvelables représentaient 22,3 % de l’ensemble de son énergie primaire.
Malgré des progrès notables, l’Irlande fait face à des défis importants, notamment des retards dans les procédures de planification et un manque de connexions au réseau électrique. Ces obstacles freinent le développement de nouvelles infrastructures, comme les parcs éoliens terrestres, et pourraient mettre en péril l’objectif de 2030. Toutefois, à plus long terme, le pays semble bien placé pour augmenter sa capacité de production renouvelable, en particulier grâce à l’éolien offshore.
Dans ce domaine, le potentiel irlandais est immense, à l’image de ses ambitions : sa zone maritime est dix fois plus grande que son territoire terrestre, lui offrant la possibilité de capter l’énorme puissance des vents atlantiques qui balayent sa côte ouest, particulièrement exposée.
Allemagne : 24,39 % d'énergies renouvelables

Le gouvernement allemand s'est fixé pour objectif de produire 100 % de son électricité à partir de sources durables d'ici 2035. Selon Our World In Data, en 2023, ce chiffre atteignait un peu plus de la moitié, tandis que les énergies renouvelables représentaient près d’un quart de l’énergie primaire totale du pays.
À la suite de la guerre menée par la Russie en Ukraine, l'Allemagne s'est en grande partie affranchie de sa dépendance au gaz russe. Mais tandis que certains pays adoptent l’énergie nucléaire comme alternative aux combustibles fossiles, l’Allemagne a fermé ses dernières centrales nucléaires au printemps dernier. Alors, comment la plus grande économie d’Europe prévoit-elle de produire son électricité ?
L’éolien et le solaire sont des marchés en pleine expansion en Allemagne, mais pour atteindre ses objectifs, le pays devra doubler sa capacité actuelle en énergie éolienne et tripler celle de l’énergie solaire. Début 2024, le ministre de l’Économie Robert Habeck a affirmé qu’au rythme actuel, ces objectifs seraient atteints. L’Allemagne est sur le point d’« entrer dans la dernière ligne droite », a prédit ce membre du parti des Verts.
Cependant, des obstacles subsistent. Des tensions au sein du gouvernement de coalition à trois partis concernant la politique énergétique et des critiques sur les prix élevés de l’énergie compliquent la situation. Par ailleurs, le parti d’extrême droite AfD a fait de l’opposition aux nouveaux projets d’énergies renouvelables un élément central de sa campagne lors des élections régionales plus tôt cette année. Avec des élections fédérales prévues au plus tard en septembre 2025, la marge de manœuvre pour lancer de nouvelles initiatives politiques dans les mois à venir pourrait être limitée.
Espagne : 24,92 % d'énergies renouvelables

Avec 24,92 % de son énergie primaire provenant de sources renouvelables, l'Espagne se situe presque dans la moyenne de notre échantillon de pays. Fait étonnant pour un pays si réputé pour son ensoleillement, c'est l'énergie éolienne qui domine, avec 10,61 % de ce total tandis que le solaire n'en représente que 7,74 %.
Cependant, l'énergie solaire a enregistré une croissance spectaculaire au cours des deux dernières décennies. Depuis 2008, sa capacité a été multipliée par huit, contre un simple doublement pour l'éolien sur la même période. Cela fait de l'Espagne la deuxième puissance en infrastructures renouvelables de l'Union européenne, derrière l'Allemagne. La pandémie de COVID-19 a largement contribué à cette progression, de nombreux ménages ayant investi leurs économies dans des panneaux photovoltaïques domestiques.
Paradoxalement, cette révolution solaire engendre parfois une production excédentaire. Les installations domestiques ont réduit la demande auprès du réseau national et, à certains moments, l'offre dépasse les besoins du pays. Cette situation fait chuter les prix de l’électricité, parfois jusqu'à des niveaux négatifs. Si cela profite aux consommateurs, cela pose un problème aux producteurs commerciaux, qui pourraient être tentés de freiner les investissements dans le secteur. Pour pallier cette situation, l'Espagne vise à électrifier davantage son économie afin de stimuler la demande et équilibrer le marché.
Pérou : 26,35 % d'énergies renouvelables

Avec son ensoleillement généreux, ses vents réguliers et une géographie diversifiée, le Pérou dispose d’atouts majeurs pour développer les énergies renouvelables, qui représentaient 26,35 % de son énergie primaire en 2023. L’hydroélectricité domine largement, représentant environ 80 % de ce total et plus de la moitié de la production électrique nationale. La biomasse et la géothermie occupent également une place dans le mix énergétique péruvien.
Cependant, l’hydroélectricité n’échappe pas aux défis. Une sécheresse débutée en 2023 a frappé plusieurs pays d’Amérique du Sud, dont le Pérou, entraînant une baisse significative des niveaux d’eau et menaçant la production énergétique du secteur. Ironiquement, cette sécheresse est attribuée à la fois au réchauffement climatique et au phénomène météorologique El Niño. De plus, le Pérou abrite le plus grand nombre de barrages prévus ou construits sur les affluents de l’Amazone, ce qui, selon certains experts, met en danger l’écosystème de toute la région.
Pour renforcer sa sécurité énergétique et diversifier son bouquet renouvelable, le Pérou prévoit d’accroître considérablement ses capacités éoliennes et solaires dans les années à venir. L’objectif est d’atteindre 20 % de son énergie primaire à partir de ces sources d’ici 2030 et de réduire ainsi sa dépendance à l’hydroélectricité en diversifiant son mix énergétique.
Colombie : 28,92 % d'énergies renouvelables

Leader en Amérique du Sud – et dans le monde, d'ailleurs – en matière de faible consommation de combustibles fossiles, la Colombie dispose d’un vaste potentiel en énergies renouvelables, qui représentaient près de 29 % de son énergie primaire en 2023. Cependant, ce chiffre est en baisse par rapport aux près de 31 % enregistrés en 2022.
Parmi les sources renouvelables de la Colombie, l’hydroélectricité domine largement, grâce aux nombreux barrages déjà construits à travers le pays. De nombreux autres sont en projet. Toutefois, certains craignent que cette forte dépendance à une seule source d’énergie rende le pays vulnérable, notamment face aux effets potentiels du changement climatique, tels que les sécheresses, qui pourraient réduire la capacité de production énergétique.
Dans le cadre de ses efforts pour diversifier son mix énergétique, la Colombie a célébré en 2022 l’ouverture de son premier parc éolien depuis près de deux décennies, et plusieurs autres devraient être construits d’ici 2025.
Équateur : 28,98 % d'énergies renouvelables

Autrefois fortement dépendant aux combustibles fossiles, l’Équateur a misé résolument sur l’hydroélectricité au cours de la dernière décennie, construisant huit nouvelles centrales. En 2023, les énergies renouvelables ont représenté 28,98 % de l’énergie primaire du pays, un chiffre remarquable en comparaison. Cependant, des revers importants ont été enregistrés parmi lesquels la sécheresse régionale, qui a lourdement impacté la production hydroélectrique, provoquant des coupures de courant. Pour surmonter ces défis, le gouvernement travaille sur un projet de loi visant à attirer davantage d’investissements dans le secteur de l’énergie et à permettre aux distributeurs d’électricité d’accéder à l’électricité produite par des opérateurs privés.
Dans le même temps, l’Équateur a mis fin à ses plans de doublement de la production pétrolière d’ici 2028. En 2021, plusieurs grandes banques européennes ont cessé de financer le commerce pétrolier équatorien afin de protéger les forêts tropicales de l’Amazonie. Cette décision faisait suite à des protestations des communautés indigènes, qui exigeaient un moratoire sur l’expansion des activités d’extraction de combustibles fossiles sur leurs terres ancestrales.
En août 2024, les électeurs équatoriens ont voté en faveur d’une interdiction totale du forage pétrolier sur une zone d’un million d’hectares dans le parc national Yasuní, en Amazonie. Auparavant, cette région produisait près de 60 000 barils de pétrole par jour.
Canada : 29,26 % d'énergies renouvelables

Le Canada a largement devancé son voisin nord-américain, en générant 29,26 % de son énergie grâce à des procédés renouvelables en 2023. La majorité de cette énergie provenait de l'hydroélectricité, toutes les provinces canadiennes disposant d'au moins une centrale à l'exception de deux d'entre elles. Les statistiques gouvernementales suggèrent que plus de 60 % des ménages et entreprises canadiennes sont désormais alimentés par l'hydroélectricité.
Les autres énergies renouvelables restent à la traîne, mais la situation pourrait bientôt évoluer. Pour répondre en partie au défi posé par le vaste programme de subventions vertes des États-Unis, le gouvernement canadien s’est engagé à investir 20 milliards de dollars canadiens (13,45 milliards d’euros) dans la Banque de l’infrastructure du Canada afin de financer des projets majeurs d’infrastructures en électricité propre. Selon S&P Global Commodity Insights, le Canada a progressé de six places dans le classement des meilleures destinations mondiales pour les investissements dans les énergies propres, atteignant la 14e position l’année dernière.
Cependant, la transition vers un mix énergétique 100 % renouvelable s’annonce complexe. L’un des principaux obstacles pourrait venir de l’Alberta, province riche en pétrole, qui abrite une grande partie des capacités éoliennes du pays. Cette province s’oppose à de nombreux projets de renouvelables, cherchant à interdire leur développement sur des terres agricoles de haute qualité et à limiter l’installation de nouvelles éoliennes dans ce qu’elle considère comme des « paysages vierges ».
Chili : 30,53 % d'énergies renouvelables

Le Chili dépasse désormais les 30 % d’énergie primaire issue de sources renouvelables. Près des deux cinquièmes de cette part proviennent de l’hydroélectricité, tandis que l’énergie solaire en représente un tiers. L’énergie éolienne, de son côté, connaît une croissance fulgurante puisqu’elle a été multipliée par plus de cinq au cours de la dernière décennie.
Le Chili s’est fixé un objectif ambitieux : rendre son approvisionnement électrique totalement indépendant des combustibles fossiles d’ici 2040. Il se distingue par l’utilisation de technologies innovantes. Dans le désert d’Atacama, le pays abrite la seule tour solaire thermique d’Amérique latine, le Cerro Dominador. Ce complexe intègre une structure de 240 mètres de haut entourée de milliers de miroirs qui concentrent la lumière du soleil sur un récepteur. Celui-ci chauffe des « sels solaires » extraits du sol du désert à une température impressionnante de 565 degrés Celsius. Ces sels fondus peuvent stocker de l’énergie pendant 17 heures, transformant la tour en une batterie géante. En parallèle, la chaleur produite sert à chauffer de l’eau, actionnant une turbine capable de générer environ 110 mégawatts d’électricité.
Avec l’une des économies les plus dynamiques d’Amérique du Sud, la demande énergétique au Chili augmente à un rythme soutenu. Cependant, grâce à ses déserts baignés de soleil, ses côtes balayées par les vents et ses vastes chutes d’eau, le pays dispose d’un immense potentiel pour les énergies renouvelables. Mieux encore, il semble avoir la volonté politique nécessaire pour exploiter pleinement ces ressources et atteindre ses objectifs ambitieux.
Finlande : 35,94 % d'énergies renouvelables

Avec plus d’un tiers de son énergie primaire provenant de sources renouvelables, la Finlande s’impose comme l’une des nations pionnières dans la réduction de la dépendance aux combustibles fossiles.
Grâce à ses vastes forêts, ce pays nordique s’efforce particulièrement de devenir un leader en bioénergie (également appelée « biogaz »), une source d’énergie essentiellement produite à partir des déchets de l’industrie forestière. Elle peut également être générée par l’agriculture et la production industrielle.
Le biogaz, la biomasse et les combustibles issus du bois sont généralement considérés comme neutres en carbone, car les plantes impliquées ont absorbé du dioxyde de carbone au cours de leur cycle de vie. Ces dernières années, la Finlande a bénéficié d’investissements significatifs dans le biogaz, qui peut remplacer le gaz naturel. Par ailleurs, l’entreprise nordique Ren-Gas développe une série de projets power-to-gas à travers tout le pays.
Portugal : 36,04 % d'énergies renouvelables

En 2023, plus de 36 % de l'énergie primaire consommée par le Portugal provenait de sources renouvelables, une augmentation significative par rapport aux 29,57 % atteints en 2022. Au premier trimestre 2023, plus de 72 % de l’électricité du pays a été produite à partir de sources renouvelables, et pendant six jours consécutifs à l’automne, le Portugal a même généré plus d’énergie renouvelable qu’il n’en avait besoin.
Avec des barrages hydroélectriques et des éoliennes générant respectivement 6,58 % et 13,49 % de l'énergie primaire, le Portugal a déjà massivement investi dans les énergies propres et dans son autosuffisance énergétique. Le gouvernement portugais souhaite intensifier ces efforts, notamment en raison des perturbations causées par la guerre en Ukraine sur les marchés énergétiques.
Le Portugal a fermé ses deux dernières mines de charbon fin 2021, affirmant ainsi sa volonté de s’éloigner des combustibles fossiles. Elle est ainsi la quatrième nation européenne à tourner le dos au charbon.
Suisse : 38,33 % d'énergies renouvelables

Dans un pays montagneux comme la Suisse, l’hydroélectricité représente la majeure partie de l’énergie durable. En ajoutant les autres sources renouvelables, celles-ci ont totalisé 38,33 % de l’énergie primaire en 2023, une nette progression par rapport aux 33 % atteints en 2022.
Toujours en 2023, le pays a vu sa production hydroélectrique diminuer en raison de faibles niveaux d’eau pendant l’été chaud et sec. Afin de se prémunir contre ce type de baisse, le gouvernement suisse cherche à renforcer d’autres sources d’énergie renouvelable, notamment le solaire. Le Conseil fédéral suisse a d’ailleurs déclaré que les fermes solaires situées dans les régions alpines élevées joueront « un rôle particulièrement crucial à l’avenir ».
Une autre initiative vise à réduire progressivement la dépendance de la Suisse à l’énergie nucléaire, comme confirmé par un référendum en 2017. Deux nouveaux réacteurs étaient initialement prévus, mais ces projets ont été abandonnés, et la dernière unité devrait être mise hors service d’ici 2034.
Autriche : 40,08 % d'énergies renouvelables

L'Autriche est l'un des principaux consommateurs d'énergies renouvelables en Europe et, à l'instar de l'Allemagne, le pays vise une production électrique 100 % issue de sources renouvelables d'ici 2030. Pour atteindre cet objectif, le pays prévoit de nombreux projets hydroélectriques, éoliens et solaires.
Grâce à ses montagnes et rivières abondantes, l'Autriche s’appuie sur les ressources hydroélectriques depuis le XIXe siècle, et plus précisément depuis 1884. Après la Première Guerre mondiale, l'Autriche a investi massivement dans l'hydroélectricité pour faire face aux pénuries de charbon. L'Association internationale de l'hydroélectricité explique aussi que le secteur « a connu une nouvelle relance suite à l'injection de fonds du Plan de relance européen dans les années 1950 ».
Les experts de l'industrie estiment que la nation alpine pourra développer encore davantage son secteur hydroélectrique afin de répondre à la demande croissante en électricité. Étant donné la vulnérabilité au changement climatique de cette source d'énergie, l'Autriche développe également sa production éolienne.
Nouvelle-Zélande : 42,27 % d'énergies renouvelables

En tête dans sa région en matière d'énergies renouvelables, la Nouvelle-Zélande œuvre avec détermination à atteindre son objectif de ne plus recourir aux combustibles fossiles d'ici 2035.
Comme de nombreux pays de notre liste, l'hydroélectricité est une source énergétique majeure en Nouvelle-Zélande. Cependant, pour garantir un approvisionnement stable, le pays doit stocker de l'eau, et sa capacité de stockage est limitée, ce qui peut entraîner des fluctuations de la production.
Pour pallier cette situation, la Nouvelle-Zélande explore la possibilité de mettre en place une solution de stockage hydroélectrique par pompage coûtant plusieurs milliards de dollars. Surnommé le « NZ Battery Project », ce projet doit permettre au pays de générer de l'électricité durant les périodes de sécheresse.
Brésil : 50,33 % d'énergies renouvelables

Selon Our World In Data, plus de la moitié de l'énergie primaire du Brésil en 2023 provenait de sources renouvelables, ce qui en fait l'un des taux les plus élevés au monde. Comme de nombreux autres pays figurant dans le top 10, le Brésil se distingue par son importante production hydroélectrique. Selon le Forum économique mondial, il est le deuxième plus grand producteur mondial d’hydroélectricité, derrière la Chine. Cependant, la sécheresse de cette année a contraint le pays à fermer deux de ses plus grandes centrales hydroélectriques, en attendant une amélioration des niveaux d’eau.
Heureusement, le pays bénéficie également d'une vaste côte atlantique propice à l'exploitation éolienne, ainsi que de régions arides capables d'accueillir des installations solaires. D'importants investissements sont en cours pour développer ces énergies renouvelables, en parallèle à des financements du secteur hydroélectrique existant.
Étant donné sa position de leader international dans la production de sucre, le Brésil pourrait également prendre position sur la production d'éthanol. Les usines locales manquent toutefois de ressources financières pour traiter davantage de canne à sucre, ce qui suscite l'intérêt des investisseurs.
Suède : 53,89 % d'énergies renouvelables

La Suède est l'un des rares pays à consommer plus d'énergies renouvelables que de combustibles fossiles, se positionnant ainsi comme un leader de l'énergie verte en Europe et dans le monde.
En 2012, elle a atteint son objectif de 50 % d'énergies renouvelables huit ans avant la date prévue, grâce à des politiques d’incitation au développement des énergies vertes, notamment l’obligation pour les fournisseurs d'électricité d'acheter un certain pourcentage de ces énergies, ainsi qu’une certification décernée aux producteurs d'énergie verte.
Mais la Suède ne s'arrête pas là : le pays mise de plus en plus sur le biogaz pour réduire encore davantage sa consommation de combustibles fossiles. Par exemple, la société suédoise Biofuels, basée à Lidingö, a développé une technologie appelée « Alcohol to Jet » (ATJ) pour produire du carburant d'aviation durable (SAF). L’ATJ recourt à la biomasse, des gaz résiduels et de l'hydrogène pour créer ce carburant, et la production génère également de la chaleur excédentaire pouvant être utilisée dans l'usine de cogénération de Stockholm.
Trois usines de production ATJ sont en cours de développement, la première étant prévue près de l'aéroport d'Arlanda à Stockholm. La première livraison de SAF est attendue en 2025 et les prévisions indiquent que ce carburant pourrait remplacer jusqu'à 40 % du carburant d'aviation requis pour l'aéroport d'Arlanda.
Norvège : 72,09 % d'énergies renouvelables

Avec pas moins de 72,09 % de son énergie primaire produite à partir de sources renouvelables en 2023, la Norvège est une véritable pionnière dans la réduction de la dépendance aux combustibles fossiles – du moins sur son territoire. Ce pays scandinave dispose de ressources considérables en pétrole et en gaz, mais n’en consomme qu’une infime partie sur le marché intérieur. Les quantités massives de pétrole et de gaz qu’elle exporte vers le Royaume-Uni et l’Europe représentent environ la moitié de ses exportations totales.
En 2022, le gouvernement norvégien a dévoilé des projets d'expansion de la capacité éolienne en mer du Nord, en collaboration avec plusieurs entreprises énergétiques. Il espère exporter une grande partie de cette électricité.
La Norvège a également des objectifs ambitieux pour développer des combustibles à l’hydrogène dans le cadre de ses efforts de réduction des émissions de carbone. En 2018, le gouvernement a annoncé l’interdiction faite dès 2026 aux navires de croisière et aux ferrys émettant du carbone d'entrer dans ses fjords classés au patrimoine mondial de l'UNESCO.
Cette décision a incité un groupe d'investisseurs industriels à s'associer pour construire des usines d'hydrogène destiné à alimenter les navires, et l'entreprise a rapidement attiré des investisseurs, tout en intégrant d’autres projets dans la région. Affaire à suivre...
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