Les œufs de Fabergé : des trésors impériaux aux prix vertigineux
L’histoire fascinante des merveilleuses créations de Peter Carl Fabergé

Objets de collection par excellence, les légendaires œufs de Pâques de Fabergé, sertis de pierres précieuses, sont considérés comme le summum du luxe.
Plus d’un siècle après la fermeture de la maison Fabergé par les révolutionnaires bolchéviques, plongez dans l’incroyable histoire qui se cache derrière ses célèbres trésors ornés de pierres précieuses. Tous les montants exprimés en dollars sont en dollars américains.
Adaptation française par Stéphanie Lopez
De Faberge à Fabergé

L’histoire commence en 1842 lorsque Gustav Faberge, un bijoutier allemand de la Baltique, ouvre son magasin éponyme à Saint-Pétersbourg. Cherchant à séduire l’aristocratie russe francophile, il ajoute un accent au « e » final de son nom de famille pour le rendre plus sophistiqué et plus « français ».
Peter Carl Fabergé

Le fils de Gustav, Peter Carl Fabergé (la famille ayant désormais adopté le « e » final accentué), naît en 1846 et fait ses études dans les meilleures écoles de Russie. En 1860, Fabergé père déménage à Dresde en Allemagne, laissant la maison Fabergé aux mains expertes du maître d’œuvre Hikias Pendin, tandis que Peter Carl termine ses études à Saint-Pétersbourg.
Une éducation de qualité

À l’âge de dix-huit ans, Peter Carl se lance dans un grand tour d’Europe : il acquiert des compétences précieuses auprès de maîtres orfèvres en Allemagne, en Angleterre et en France, et étudie les grandes œuvres d’art exposées dans les galeries et les musées les plus renommés d’Europe.
Retour à Saint-Pétersbourg

À son retour à Saint-Pétersbourg en 1872, Peter Carl, alors âgé de 26 ans, dispose déjà d’un éventail spectaculaire de techniques et d’idées de fabrication de bijoux. Sous le mentorat de Hiskias Pendin, alors patron de Fabergé, il travaille dans l’entreprise pendant les 10 années suivantes, perfectionnant ses compétences.
Maître orfèvre

Hikias Pendin meurt en 1882 et Peter Carl prend la tête de l’entreprise familiale. La même année, il reçoit le titre de maître orfèvre, et son talentueux jeune frère Agathon rejoint l’entreprise pour lui servir d’assistant.
Un admirateur royal

La maison Fabergé est chargée de restaurer des objets au musée de l’Ermitage de Saint-Pétersbourg et invitée à y exposer ses créations. La copie troublante d’un ancien bracelet en or provenant du trésor des Scythes (photo) attire l’attention du tsar Alexandre III en 1885, stupéfait par la qualité de son exécution.
Un œuf source d’inspiration

La même année, le tsar Alexandre III demande à la maison Fabergé de fabriquer un œuf de Pâques somptueux pour son épouse bien-aimée, l’impératrice Maria Feodorovna.
Lorsqu’elle était enfant à la cour royale danoise, Maria était subjuguée par un œuf appartenant à sa tante, qui comprenait cinq parties : une coquille d’œuf en ivoire, une coquille d’œuf en or, une poule, une couronne et une bague.
Cet œuf (ici en photo) sera la source d’inspiration des célèbres créations de Fabergé.
Le premier œuf Fabergé

Peter Carl et son équipe se mettent au travail et créent le premier œuf de Pâques impérial, connu sous le nom d’Œuf à la poule. Plus qu’un clin d’œil à l’œuf que Maria avait tant admiré dans son enfance, le premier œuf Fabergé est en or blanc émaillé. Il s’ouvre pour révéler plusieurs surprises : un jaune et une poule en or, ainsi qu’une réplique en diamant de la couronne et de la chaîne impériales, qui ont malheureusement été perdues depuis.
Un succès retentissant

L’impératrice (ici en photo) est ravie de son cadeau de Pâques. Plus tard, en 1885, le tsar Alexandre III fait de Fabergé l’orfèvre officiel de la cour impériale russe et lui commande un œuf pour la Pâque suivante. À partir de ce moment, la maison Fabergé se voit confier le contrôle total de la création. Le tsar précise seulement que chaque œuf doit être unique et contenir une surprise. Une tradition naît alors.
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Des œufs en édition limitée

Fabergé a fabriqué 69 œufs : 50 œufs de Pâques impériaux de 1885 à 1917, dont 43 sont parvenus jusqu’à nous, et 19 œufs ornés de pierres précieuses pour des clients privés fortunés, notamment la famille Rothschild, la duchesse de Marlborough ou encore le prince Felix Yusupov.
Aujourd’hui, les œufs qui ont survécu au passage du temps appartiennent à des musées, des fondations caritatives ou des collectionneurs privés, dont l’oligarque Viktor Vekselberg et, semble-t-il, l’émir du Qatar.
Redécouverte du troisième œuf impérial

Le troisième œuf impérial, qui date de 1887 et que l’on a longtemps cru perdu, a refait surface en 2012 chez un ferrailleur du Midwest américain. Il a été acheté pour la somme de 14 000 dollars (environ 13 377 euros).
L’œuf en or strié, reposant sur un trépied incrusté de pierres précieuses et contenant une horloge surprise signée Vacheron Constantin, a été vendu à un collectionneur privé par l’intermédiaire du bijoutier londonien Wartski en 2014, après que son propriétaire eut pris conscience de sa véritable valeur. Le collectionneur a acheté l’œuf pour 20 millions de livres sterling, soit l’équivalent de plus de 34,9 millions d’euros en monnaie d’aujourd’hui.
L’œuf a été exposé en 2022 au Victoria and Albert Museum de Londres dans le cadre de l’exposition Fabergé à Londres : de la romance à la révolution.
L’Œuf au treillis de diamant et surprise de l’éléphant perdu

Relativement sobre, cet œuf Fabergé a été fabriqué pour Pâques 1892. Il est sculpté dans de la jadéite vert pâle et entouré d’un treillis de diamants taille rose sertis sur des montures en or. La surprise, un éléphant en ivoire orné de pierres précieuses, a disparu pendant de nombreuses années.
Heureusement, le précieux animal a été redécouvert en 2015 dans une armoire du palais de Buckingham.
L’Œuf du Caucase

Au fil des années, les œufs gagnent en sophistication et en opulence. L’Œuf du Caucase, fabriqué en 1893 par Mikhail Perkhin, maître d’œuvre de Fabergé, et offert par Alexandre III à sa femme à Pâques, est constellé de diamants et de perles et contient une série de peintures miniatures surprises.
L’Œuf Rosebud

Premier œuf Fabergé commandé par le tsar Nicolas II, l’Œuf Rosebud, ou Œuf à la rose, est offert à l’impératrice Alexandra Feodorovna en 1895, un an après le décès du tsar Alexandre III.
Cet œuf somptueux, doté d’une finition en émail rouge et en or fin, s’ouvre pour révéler un bouton de rose émaillé de jaune. Ce bouton de rose contenait deux surprises : une couronne ornée de pierres précieuses et un pendentif en rubis, qui ont tous deux disparu sans laisser de traces.
À partir de 1895, Fabergé produit deux œufs de Pâques impériaux par an, l’un pour l’impératrice et l’autre pour l’impératrice douairière (la veuve du tsar Alexandre III).
L’Œuf au carrosse du couronnement

L’Œuf à la rose est le dernier œuf de Pâques impérial de Fabergé à présenter une dominante rouge ; le tsar Nicolas II et sa femme auraient développé une aversion pour cette teinte en raison de l’hémophilie dont leur fils, le tsarévitch Alexis, était atteint.
En 1897, la maison Fabergé crée l’un de ses œufs les plus emblématiques, l’Œuf au carrosse du couronnement. Fabriqué pour commémorer le couronnement de la nouvelle tsarine, l’impératrice Alexandra Feodorovna, l’œuf doré contient une réplique du carrosse impérial.
L’Œuf au muguet

La maison Fabergé s’est toujours efforcée d’adopter les tendances du moment. L’Œuf au muguet est l’un des deux œufs Fabergé de style Art nouveau, très en vogue à l’époque.
L’œuf, qui est recouvert de perles, a été offert par le tsar Nicolas II à sa femme le 5 avril 1898. Trois portraits miniatures constituent la surprise de l’œuf.
L’Œuf au pélican

Ce joyau d’orfèvrerie a été offert par le tsar Nicolas II à sa mère, l’impératrice douairière Maria Feodorovna, à Pâques 1898. L’œuf est en or rouge gravé et surmonté d’un pélican en émail.
La surprise consiste en une sélection de huit miniatures à l’aquarelle représentant des œuvres de bienfaisance soutenues par l’impératrice douairière.
L’Œuf du palais de Gatchina

En 1901, à l’occasion de Pâques, l’impératrice douairière reçut de son fils un autre chef-d’œuvre somptueux signé Fabergé.
Parsemé de perles et doté d’une finition en émail fin, l’œuf abrite une réplique en or de la résidence de campagne de l’impératrice, le palais de Gatchina, avec un drapeau, des canons et une statue du Tsar Paul Ier.
L’Œuf du Kremlin

Le plus grand des œufs de Pâques impériaux de Fabergé, l’Œuf du Kremlin, est un véritable spectacle pour les yeux. Fabriqué pour Pâques 1906 et offert par le Tsar Nicolas II à sa femme, cet œuf surdimensionné en or, onyx et émail reproduit la cathédrale de la Dormition du Kremlin, où se déroulaient les couronnements impériaux russes.
Touche d’inspiration créative, la surprise est une boîte à musique intégrée dans le socle qui joue deux hymnes de Pâques.
L’Œuf du tsarévitch

L’Œuf du tsarévitch a été créé en 1912 pour l’impératrice Alexandra Feodorovna en l’honneur de son fils, Alexei Nikolaevich, tsarévitch de Russie.
Peter Carl Fabergé, qui était au courant de l’hémophilie du tsarévitch et de sa lutte permanente contre la maladie, réalisa cet œuf pour célébrer sa résilience face à l’adversité. L’œuf en lapis-lazuli et or contient une miniature surprise du tsarévitch et un minuscule aigle impérial russe à deux têtes.
L’Œuf d’hiver

L’œuf Fabergé le plus cher jamais fabriqué, l’Œuf d’hiver, a été offert à l’impératrice douairière à Pâques 1913.
D’un raffinement extrême, cet œuf est fait de platine, de quartz et d’orthoclase et constellé de 1 660 diamants. La surprise, une corbeille de fleurs en platine et en or, contient 1 378 diamants supplémentaires. L’œuf d’hiver a battu des records aux enchères lorsqu’il a été adjugé pour 9,58 millions de dollars en 2002. On pense qu’il vaut aujourd’hui près de 70 millions de dollars (67 millions d’euros).
Une fin tragique

Créés à la veille de la Révolution russe en 1917, les derniers œufs de Pâques impériaux de Fabergé, l’œuf en Bouleau de Carélie et l’œuf Constellation (photo), n’ont jamais été achevés ni présentés au tsar.
Peu de temps après, la famille royale russe est brutalement assassinée et la maison Fabergé est nationalisée avant d’être fermée. Peter Karl fuit la Russie pour l’Allemagne, où il décède en 1920. Sa famille pense qu’il est mort de chagrin.
Renaissance de la marque

Heureusement, l’histoire de Fabergé ne s’arrête pas là. La marque a été rachetée et vendue plusieurs fois au fil des ans, avant d’être finalement relancée en tant que joaillerie haut de gamme en 2009, avec la bénédiction de la famille Fabergé.
Entre autres trésors, l’entreprise fabrique désormais des pendentifs en forme d’œuf, dont cet étonnant œuf de Diaghilev en émeraude, qui a été évalué à plus de 300 000 dollars (286 659 euros).
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