Ce que cachent les murs de ces 12 bâtisses abandonnées
Mystérieuses habitations à l’abandon

Autrefois symboles de prestige et d’opulence, ces demeures grandioses ont perdu de leur superbe avec le temps.
Peu à peu, la nature a envahi leurs couloirs déserts, grignoté leurs façades sculptées et installé sur les lieux un voile de mystère. Devenues ruines romantiques, elles semblent chuchoter les souvenirs d’un passé révolu à qui veut bien les entendre.
Plongez dans ce diaporama à la découverte des secrets que cachent encore ces pierres marquées par le temps...
Adaptation française par Aurélie Blain
Arlington, Mississippi, États-Unis

De loin, cette somptueuse maison de style néoclassique caractéristique du sud des États-Unis au XIXe siècle semble littéralement enfouie sous la végétation. Des tiges tortueuses s’enroulent autour de ses imposantes colonnes et des graffitis sont venus recouvrir sa façade de briques rouges.
Photographiée par Leland Kent, cette demeure délabrée de Natchez, dans le Mississippi, était autrefois une véritable Belle du Sud, joyau architectural où l’élite se pressait lors de somptueuses réceptions. Mais derrière son faste d’antan se cache une histoire marquée par les tragédies…
Arlington, Mississippi, États-Unis

C’est en s’approchant que l’étendue des dégâts saute aux yeux : Arlington est aujourd’hui ouverte aux quatre vents, les fenêtres brisées et le grenier exposé aux intempéries, malgré une inscription au Registre national des lieux historiques depuis 1973.
La genèse de la maison est mal connue, mais on pense qu’elle a été construite entre 1816 et 1821 à l’initiative de John Hampton White, pour son épouse Jane Surget White. D’autres sources avancent cependant que Jane elle-même, ou même son père, Pierre Surget — un immigrant français —, seraient à l’origine de cette élégante demeure classique.
Arlington, Mississippi, États-Unis

Quelle qu’en soit l’origine, la maison devient pour peu de temps le foyer de John et Jane. En 1819, peu après son achèvement supposé, John Hampton White succombe à une épidémie de fièvre jaune.
Malgré le deuil, Jane continue de vivre dans la demeure, qu’elle enrichit d’un mobilier luxueux. Il est aujourd’hui difficile d’imaginer dans quel faste les visiteurs devaient être accueillis une fois la porte d’entrée franchie, même si la magnifique fenêtre en demi-lune qui la surmonte offre un petit aperçu de sa grandeur d’antan.
Arlington, Mississippi, États-Unis

Jane meurt en 1825 et la propriété change plusieurs fois de mains avant d’être acquise, au début des années 1900, par Annie et Hubert Barnum. Annie, matriarche influente de la haute société, transforme la maison en un somptueux domaine de campagne, bien loin de la ruine qu’elle est actuellement.
Mais Arlington connaît une nouvelle tragédie : la petite-fille d’Annie, Gwin, meurt à seulement un an dans un accident tragique sur la propriété. La demeure est ensuite transmise à la fille d’Annie, Anne, puis à son propre fils Thomas Vaughan dans les années 1990.
Arlington, Mississippi, États-Unis

En septembre 2002, un incendie dévastateur détruit une grande partie du toit et du premier étage. En l’absence d’assurance, la maison est laissée à l’abandon.
La ville de Natchez a récemment entamé une procédure judiciaire pour reprendre possession des lieux. Selon le journal local The Natchez Democrat, un couple de Floride aurait également lancé une collecte de fonds en 2021 pour tenter de lui redonner sa gloire d’antan. Le destin tragique de cette demeure n’est peut-être finalement pas une fatalité...
Mayfield House, comté de Waterford, Irlande

Située dans la ville irlandaise de Waterford, cette superbe villa à l’italienne est conçue dans les années 1840 par l’architecte William Tinsley pour la riche famille Malcomson. Cette grande famille de notables a fondé la ville voisine de Portlaw, centre industriel du tannage doté de sa propre monnaie imitant le cuir.
La tour conçue par J.S. Mulvany est ajoutée en 1857. Toujours propriété des Malcomson, la maison photographiée ici par Jamie Malone devient plus tard le siège national de l’industrie irlandaise du tannage.
Mayfield House, comté de Waterford, Irlande

On ne regarde alors pas à la dépense pour cette résidence de prestige : intérieurs somptueux, moulures, dorures éclatantes et cheminées de pierre finement sculptées. À son apogée, Mayfield est l’une des plus belles demeures d’Irlande.
Mais les années 1950 marquent le déclin de l’industrie du cuir et les années 1980, sa mort imminente. En 1985, le secteur s’effondre totalement. Le siège de Mayfield House, devenu inutile, accueille de simples bureaux jusqu’au début des années 1990.
Mayfield House, comté de Waterford, Irlande

Abandonnée définitivement en 1994, la maison conserve encore un toit intact et un intérieur défraîchi mais relativement préservé, qui ne demanderait que quelques rénovations pour retrouver sa splendeur.
Mais cet équilibre fragile ne dure pas : sans entretien, la demeure se dégrade rapidement. Pourtant, un mince espoir subsiste…
Mayfield House, comté de Waterford, Irlande

Au tournant des années 2000, Mayfield House n’est plus qu’une coquille vide, sans toit. Bon nombre des éléments d’origine sont pillés et revendus. En 2022, la propriété est vendue pour environ 300 000 €, selon le site Irish Central, à l’un des plus grands groupes hôteliers d’Irlande, qui projette d’en faire un hôtel cinq étoiles.
Selon la radio locale WLR FM, des financements publics sont accordés en mars 2023 dans le but de stabiliser les murs et de remplacer le toit. Le promoteur Oakmount espère dynamiser le tourisme local avec ce futur hôtel.
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Mayfield House, comté de Waterford, Irlande

Le potentiel de cette propriété est considérable, car outre la demeure principale, le domaine comprend un pavillon, une remise, une orangerie et plus de 2,4 hectares de terrain.
L’Inventaire national du patrimoine architectural souligne la « tour d’entrée élégante, qui renforce le caractère classique de l’ensemble », ajoutant que certains des éléments les plus raffinés ont pu traverser le temps et pourraient ainsi être restaurés lors des travaux. On croise les doigts.
Palais de Darul Aman, Kaboul, Afghanistan

À une quinzaine de kilomètres de Kaboul se dresse l’un des édifices abandonnés les plus majestueux d’Afghanistan : un immense palais érigé dans les années 1920 pour le roi Amanullah Khan, dans le cadre de son vaste projet de modernisation du pays.
Le souverain ambitionnait alors de fonder une nouvelle capitale autour de ce palais néoclassique, qu’il comptait relier à l’ancienne ville par une voie ferrée étroite.
Palais de Darul Aman, Kaboul, Afghanistan

Conçu par des architectes français et allemands, le palais, fort de ses quelque 150 pièces, était destiné à devenir le futur siège du parlement afghan.
Mais en 1929, la montée en puissance des conservateurs religieux force le roi Amanullah à l’exil, brisant net son rêve de modernisation. Le palais est alors abandonné, laissé à l’état de vestige d’une ambition inachevée.
Palais de Darul Aman, Kaboul, Afghanistan

Le palais n’est pourtant pas totalement abandonné : durant la première moitié du XXe siècle, il accueille la faculté de médecine de l’Université de Kaboul et héberge les bureaux de plusieurs ministères afghans. En raison de ses dimensions imposantes, il est même utilisé comme entrepôt.
En 1969, un incendie dévastateur détruit une grande partie du bâtiment, mais le palais calciné est rapidement restauré. Au cours des années 1970, il accueille le siège du ministère de la Défense afghan.
Palais de Darul Aman, Kaboul, Afghanistan

Le palais de Darul Aman est de nouveau ravagé par les flammes lors du coup d’État communiste de 1978, avant d’être couvert de graffitis et criblé de balles au gré des violents affrontements qui font rage autour de lui.
Une tentative de restauration est alors engagée, mais elle sera de courte durée : au début des années 1990, les moudjahidins – ces combattants du djihad – bombardent l’édifice, lui portant le coup de grâce. Dès le milieu de la décennie, le palais n’est plus que l’ombre de lui-même.
Palais de Darul Aman, Kaboul, Afghanistan

Depuis le milieu des années 1990, le palais sert tour à tour de camp de réfugiés et de base militaire pour l’armée afghane. Endommagé, délabré, il subit encore une attaque des talibans en 2012. Mais un nouvel espoir finit par émerger : en 2019, un ambitieux et coûteux projet de restauration lui redonne sa splendeur d’antan, avec notamment une façade entièrement rénovée, d’un blanc éclatant.
Sauvé in extremis de la disparition, le bâtiment est aujourd’hui destiné à accueillir un musée retraçant l’histoire du palais présidentiel à travers une sélection d’artefacts. Il héberge également des expositions consacrées à la promotion des produits locaux, selon la chaîne d’information TOLOnews.
Château de la Mothe-Chandeniers, Vienne, France

Tout droit sorti d’un conte de fées, le somptueux et romantique château de la Mothe-Chandeniers situé dans la Vienne sert d’abord de résidence à la famille de Bauçay, une lignée aristocratique remontant au XIIIe siècle. Mais ici, le célèbre « Tout est bien qui finit bien » ne semble pas s’appliquer.
Entouré de douves, le château est pris à deux reprises par les forces anglaises au cours du Moyen Âge, qui y organisent de fastueux banquets. Rendu à la France à la Renaissance, il subit à nouveau la violence de l’Histoire lorsqu’il est saccagé après la Révolution française de 1789.
Château de la Mothe-Chandeniers, Vienne, France

Gravement endommagé, le château est racheté en 1809 par le riche négociant François Hennecart, qui lance un vaste chantier de restauration visant à préserver cette merveille architecturale pour les générations futures. Il lui adjoint également un vignoble.
En 1857, le domaine est vendu au baron Joseph Lejeune. Ce dernier reconstruit le château en 1870, en y ajoutant plusieurs éléments néo-gothiques inspirés des célèbres châteaux de la Loire.
Château de la Mothe-Chandeniers, Vienne, France

La famille Lejeune y réside jusqu’au drame de 1932. Cette année-là, le baron Edgar Lejeune installe un système de chauffage central qui entraine un incendie majeur et détruit la quasi-totalité des intérieurs. Seuls la chapelle, les dépendances et le pigeonnier échappent aux flammes.
Les dégâts sont considérables : le quotidien Le Figaro rapporte à l’époque que toute une bibliothèque de livres rares, des tapisseries des Gobelins, des meubles anciens et des œuvres d’art de grande valeur ont disparu dans l’incendie. Le château devenu inhabitable sombre alors dans l’oubli et tombe en ruine.
Château de la Mothe-Chandeniers, Vienne, France

La propriété du château passe ensuite à une banque française, qui le revend en 1981 à un enseignant de la région, Marc Demeyer. En 2013, celui-ci confie à un journal local qu’il « s’est tué à la tâche pendant deux ans » pour sauver le château à travers un programme de restauration, avant que ses efforts ne soient « torpillés par certaines personnes ».
M. Demeyer n’a jamais précisé de quelle manière, ni pour quelles raisons, son projet aurait été saboté, mais ses tentatives de restauration ont finalement échoué et le bâtiment a continué à se détériorer.
Château de la Mothe-Chandeniers, Vienne, France

C’est grâce à l’association des Amis du château de la Mothe-Chandeniers que le bâtiment finit par connaître une fin heureuse : en effet, la campagne de financement participatif pour sa restauration permet enfin la réouverture du château au public.
Depuis 2018, le château de la Mothe-Chandeniers accueille des dizaines de milliers de visiteurs venus du monde entier pour vivre des expériences uniques : visites guidées, fêtes ou événements spéciaux comme Halloween.
Palais Sans-Souci, Nord, Haïti

Surnommé le « Versailles des Caraïbes », le palais Sans-Souci fut, à son apogée, l’un des édifices les plus somptueux des Antilles. Achevé en 1813, il fut érigé pour Henri Christophe, ancien esclave devenu roi autoproclamé d’Haïti sous le nom d’Henri Ier.
Conçu comme une vitrine de la nation, le palais a pour but de démontrer aux puissances étrangères, dont certaines pratiquent encore l’esclavage, le raffinement de l’élite haïtienne, qui a défait les Français à la suite d’une révolte d’esclaves et fondé en 1804 une nation indépendante. Hélas, de nombreux ouvriers auraient péri durant sa construction.
Palais Sans-Souci, Nord, Haïti

Le palais partage son nom avec celui d’un autre révolutionnaire haïtien, Jean-Baptiste Sans Souci. Cet esclave africain, qui a mené la guérilla contre les Français en 1791, considérait Henri Christophe comme un traître pour s’être rendu à la puissance colonisatrice.
Le futur roi trompe Sans Souci en lui faisant croire à une réconciliation et lui donne rendez-vous à la plantation de Grand Pré, voisine de celle de Milot où il bâtira le palais une dizaine d’années plus tard. Une fois sur place, les gardes d’Henri Christophe tuent Sans Souci et ses hommes.
Palais Sans-Souci, Nord, Haïti

Henri fait du palais sa résidence familiale, avec son épouse la reine Marie-Louise, leurs enfants et leur cour de conseillers. Durant son règne, l’édifice accueille de fastueux banquets et bals, qui attirent les notables de tous horizons.
Les jardins du palais sont particulièrement admirés, notamment pour leurs somptueuses installations hydrauliques. Pour asseoir davantage son pouvoir, Henri fait également construire la citadelle Laferrière, une forteresse perchée en montagne destinée à repousser une invasion française redoutée, mais qui n’aura jamais lieu.
Palais Sans-Souci, Nord, Haïti

C’est bien après que frappera la tragédie : victime d’une crise cardiaque le 15 août 1820, Henri met fin à ses jours le 8 octobre de la même année, sur le domaine du palais, selon certains avec une balle en argent.
Et comme si cela ne suffisait pas, dix jours plus tard, son fils et héritier, Jacques-Victor Henry, prince royal d’Haïti, est assassiné au palais par des révolutionnaires.
Abandonné après ces événements tragiques, le bâtiment est livré aux éléments. En 1842, un violent tremblement de terre finit de détruire ce qu’il en reste. Aujourd’hui, il n’en subsiste plus que des ruines.
Palais Sans-Souci, Nord, Haïti

Classé au patrimoine mondial de l’UNESCO en 1982, le palais fait depuis l’objet de tentatives de conservation. Ces efforts lui permettent notamment de survivre au séisme de 2010.
Aujourd’hui, le site Visit Haiti recommande aux visiteurs de passer une à deux heures à explorer les ruines avant de poursuivre vers la citadelle. Bien que les ruines soient une source de grande fierté nationale, elles restent peu connues à l’étranger. L’instabilité politique persistante décourage globalement la venue des touristes, encore peu nombreux à fréquenter le site.
Château Miranda, Namur, Belgique

Photographié ici en 1907 pour une carte postale, le spectaculaire château Miranda, situé dans la ville belge de Celles, est construit en 1866 dans le style néo-gothique à l’initiative de l’architecte anglais Edward Milner pour la famille aristocrate Liedekerke-Beaufort.
La famille perd sa résidence d’origine, le château de Vêves, pendant la Révolution française et s’installe dans cette nouvelle demeure, aussi imposante que charmante. Le château Miranda reste ainsi dans la famille jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, moment où il est réquisitionné et occupé par les nazis.
Château Miranda, Namur, Belgique

Après la guerre, la demeure n’est plus entre les mains de l’aristocratie, puisqu’elle est acquise par la Société nationale des chemins de fer de Belgique, qui la renomme « château de Noisy » et la transforme en orphelinat et centre de vacances.
Malgré un régime réputé strict, l’endroit offre aux enfants de vastes espaces de jeu. Le château est utilisé à cet effet jusqu’à la fin des années 1970.
Château Miranda, Namur, Belgique

Pendant la période où le château est reconverti en centre d’accueil de groupes, un petit terrain de football est aménagé entre les dépendances, tandis que la fontaine du jardin se voit transformée en piscine. Dans les années 1980, alors en déclin, il sert tour à tour d’école et de décor de cinéma.
En 1991, le site est définitivement abandonné, les coûts d’entretien devenus trop lourds à supporter. Livré à la négligence et au vandalisme, il est ravagé par un incendie en 1995, avant d’être partiellement détruit par une tempête en 2006, qui emporte une grande partie du toit et laisse l’intérieur à la merci des intempéries.
Château Miranda, Namur, Belgique

Malgré de nombreuses offres de la municipalité de Celles visant à acheter et restaurer la structure, les propriétaires, descendants de la famille Liedekerke-Beaufort, refusent obstinément de la vendre, laissant ainsi le château historique littéralement tomber en ruines.
En 2016, les propriétaires acceptent finalement de vendre le château au promoteur local Luc Lavroff, qui nourrit un projet ambitieux : démonter l’édifice pierre par pierre pour le reconstruire à Marbella, en Espagne. Les travaux de démontage commencent rapidement.
Château Miranda, Namur, Belgique

En octobre 2017, le château est presque entièrement démonté ; la tour centrale est la dernière pièce à être retirée. Une nouvelle vie en Espagne tend enfin les bras à cette majestueuse demeure.
Mais l’acheteur, touché par un cancer en phase terminale, est contraint de se retirer du projet. L’entreprise de démolition Castignetti lance un appel aux dons pour tenter de sauver l’édifice partiellement démonté, mais ne parvient pas à réunir les fonds nécessaires. Le château est entièrement démoli en 2017.
Witley Court, Worcestershire, Royaume-Uni

Witley Court, dans la région anglaise du Worcestershire, est l’une des ruines les plus spectaculaires de notre sélection. Elle est érigée au XVIIe siècle pour la famille Foley, dont la fortune repose initialement sur l’industrie du fer, avant d’intégrer la noblesse terrienne et la politique.
La demeure est entièrement reconstruite en 1805 par John Nash, l’architecte du palais de Buckingham et du pavillon royal de Brighton. En 1837, acculés par les dettes, les Foley vendent Witley Court au baron William Ward, 11e du nom. À l’époque, cet homme possède les plus grandes fortunes d’Angleterre, grâce aux revenus colossaux tirés de plus de 200 mines de charbon exploitées dans le bassin houiller du Pays noir.
Witley Court, Worcestershire, Royaume-Uni

Dans les années 1850, William Ward confie à l’architecte Samuel Daukes le soin de remodeler la maison, en remplaçant notamment la façade austère par une élégante pierre de Bath. La transformation s’achève dès 1860.
La propriété reste entre les mains de la famille Ward jusqu’en 1920, date à laquelle elle est rachetée par le fabricant de tapis Herbert Smith. Mais en 1937, un incendie majeur éclate dans les sous-sols, détruisant une partie importante de la maison. Le feu, parti de l’aile sud-est, provoque des dégâts considérables.
Witley Court, Worcestershire, Royaume-Uni

Les assureurs refusent toutefois de financer la reconstruction. Incapable de supporter les coûts de restauration, Herbert Smith découpe le domaine et le vend en parcelles.
Des ferrailleurs viennent dépouiller Witley Court de tous ses matériaux de valeur et ne laissent plus qu’une carcasse vide. L’organisme de conservation English Heritage acquiert heureusement la propriété et ses jardins en 1972, limitant ainsi sa dégradation.
Witley Court, Worcestershire, Royaume-Uni

Éclatants de couleurs du printemps à la fin de l’été, les somptueux jardins de Witley Court ont été conçus dans les années 1850 par William Andrews Nesfield, l’un des plus grands paysagistes de son temps. Il considérait d’ailleurs ce projet comme son « œuvre monumentale ».
Aujourd’hui, l’organisme de conservation a renforcé les fondations et stabilisé la structure du site, ce qui a permis d’ouvrir les ruines au public. Si les parterres sud et est ont été recréés, English Heritage a toutefois fait le choix de conserver Witley Court dans son état actuel, plutôt que d’en entreprendre une restauration complète.
Witley Court, Worcestershire, Royaume-Uni

La restauration des jardins est toujours en cours aujourd’hui, et English Heritage a achevé la rénovation de la spectaculaire fontaine Persée et Andromède de William Nesfield, qui trône au cœur du parterre sud.
Witley Court est pour ainsi dire inestimable, mais si le domaine était entièrement reconstruit et restauré avec soin, il atteindrait plusieurs centaines de millions d’euros.
Dundas Castle, New York, États-Unis

Nichée au cœur du massif des Catskill, dans l’État de New York, cette forteresse néo-gothique abandonnée est érigée sur un domaine de plus de 400 hectares. Surnommé « le château du chagrin », Dundas Castle cache une histoire des plus sombres.
Malgré une genèse relativement nébuleuse, on sait que la structure est à l’origine un pavillon d’été construit au début des années 1880 par Bradford Lee Gilbert. Le nom Craig-E-Clair aurait été choisi par son épouse, originaire d’Écosse, car il lui rappelait celui d’une petite ville de son pays natal.
Dundas Castle, New York, États-Unis

Après la mort de Gilbert en 1911, la propriété est vendue à Maurice Sternbeck, puis rachetée en 1915 par Ralph Wurts-Dundas. Ce riche New-Yorkais fait édifier, à la fin de la décennie, le château d’inspiration médiévale que l’on aperçoit sur cette photo. Mais il meurt en 1921, avant même que la construction ne soit achevée.
Un an plus tard, sa veuve Josephine est internée dans un asile et la propriété inachevée est transmise à leur fille, Muriel.
Dundas Castle, New York, États-Unis

Les époux Wurts-Dundas laissent une fortune estimée à 42 millions de dollars (37 M€), mais leur fille Muriel est dépossédée de l’essentiel de son héritage par les gardiens du château, devenus ses tuteurs en l’absence de ses parents.
Les travaux cessent en 1924, laissant le château toujours inachevé. Muriel part vivre en Angleterre après son mariage en 1930, sans avoir jamais habité la demeure de ses parents. Sa santé mentale se détériore rapidement et elle est admise à son tour dans un hôpital psychiatrique peu après son arrivée au Royaume-Uni. Pendant ce temps, Dundas Castle reste inhabité.
Dundas Castle, New York, États-Unis

La succession de Muriel Wurts-Dundas finit par vendre la propriété en 1949. Elle est achetée par la grande loge maçonnique de Prince Hall, qui en fait un centre de retraite et un camp de vacances jusqu’aux années 1970, avant de l’abandonner presque entièrement, comme le montrent ces images saisissantes de Walter Arnold et The Art of Abandonment.
Le château resté vide depuis tout ce temps est considéré comme un bâtiment patrimonial majeur. Il a été inscrit au Registre national des lieux historiques en 2001.
Dundas Castle, New York, États-Unis

Aujourd’hui, le château est interdit au public et un gardien surveille la propriété en permanence. Certains affirment qu’il est hanté par le fantôme de Josephine Dundas, qui aurait été enfermée dans une chambre à l’étage. Il n’en existe évidemment aucune preuve tangible.
Ce lieu empreint de mélancolie infuse même dans les légendes locales, selon lesquelles l’eau des étangs du domaine se transforme en sang les nuits de pleine lune. On a aussi entendu dire en 2021 que les propriétaires actuels envisageaient d’en faire un hôtel.
Aux dernières nouvelles, le château était toujours dans un triste état.
Château de Pidhirtsi, Oblast de Lviv, Ukraine

Considéré comme l’un des palais abandonnés les plus impressionnants d’Europe, le château ukrainien de Pidhirtsi est construit entre 1635 et 1640 pour Stanisław Koniecpolski, grand hetman de la Couronne de la République des Deux Nations (État formé par l’union du royaume de Pologne et du grand-duché de Lituanie).
Ce château digne de Dracula reste dans la famille Koniecpolski jusqu’en 1682, année où il passe à l’aristocrate Jakub Ludwik Sobieski. En 1725, il est acquis par Stanisław Rzewuski, lui aussi grand hetman de la Couronne. Il demeure dans sa famille jusqu’à la fin du XIXe siècle.
Château de Pidhirtsi, Oblast de Lviv, Ukraine

La famille Rzewuski vend la propriété au noble polonais Władysław Sanguszko en 1869, et le château est habité jusqu’à la Première Guerre mondiale, durant laquelle il est occupé par les troupes russes.
La plupart de ses trésors sont alors pillés : meubles anciens, œuvres d’art et équipements précieux — dont de somptueuses cheminées en marbre — disparaissent, tandis que les intérieurs sont entièrement saccagés.
Ce tableau d’Aleksander Gryglewski représente la salle Pourpre du château en 1871.
Château de Pidhirtsi, Oblast de Lviv, Ukraine

Pidhirtsi est une nouvelle fois saccagé pendant la guerre soviéto-polonaise de 1920. Dès lors dans un état de délabrement avancé, le château devient la propriété du prince Roman Sanguszko de Pologne dans l’entre-deux-guerres.
Château de Pidhirtsi, Oblast de Lviv, Ukraine

À l’aube de la Seconde Guerre mondiale en 1939, le prince Sanguszko s’enfuit au Brésil, emportant avec lui les derniers objets précieux du château. Les autorités soviétiques confisquent la propriété peu après et la transforment en sanatorium pour les tuberculeux à la fin de la guerre.
En 1956, un incendie dévastateur ravage le château et la propriété est abandonnée. Inoccupé pendant des décennies, il est racheté en 1997 par la galerie nationale d’art de Lviv et converti en musée.
Château de Pidhirtsi, Oblast de Lviv, Ukraine

Le World Monuments Fund a inscrit le château de Pidhirtsi sur la liste des 100 objets du patrimoine historique et architectural mondial menacés de disparition.
En mai 2024, la plateforme ukrainienne officielle de collecte de fonds United24 s’associe aux créateurs de LEGO pour produire cinq ensembles uniques représentant des monuments emblématiques ukrainiens, dont Pidhirtsi.
Bien que le château soit encore dans un état de dégradation avancée, on espère qu’une restauration pourra un jour être entreprise. Depuis le début de la guerre entre l’Ukraine et la Russie en 2022, toute tentative de préservation de l’édifice semble désormais impossible.
Château de Sammezzano, Toscane, Italie

Le marquis Ferdinando Ximenes D’Aragona acquiert ce pavillon de chasse construit au XVIIe siècle et consacre 40 années à la conception des intérieurs actuels.
Véritable kaléidoscope coloré, le château de Sammezzano éblouit par sa beauté. Le palais compte un total de 365 pièces, toutes décorées de sculptures et de mosaïques uniques. Des inscriptions en latin, italien et espagnol finement gravées dans les murs racontent la vie de Ferdinando et ses devises favorites.
Château de Sammezzano, Toscane, Italie

Le château est un lieu très prisé par la haute société italienne. Il reçoit notamment le roi Umberto Ier en 1878. Au rez-de-chaussée, on trouve une salle de réception, une petite chapelle et la salle des Paons, aux couleurs éclatantes. Les autres pièces portent des noms évocateurs : la salle du Serment, la salle de l’Amour, la salle des Miroirs ou encore la salle des Lys.
Le château de Sammezzano sort finalement du giron de la famille Ximenes d’Aragona au milieu du XXe siècle. Il est alors transformé en hôtel de luxe, accueillant des visiteurs venus du monde entier.
Château de Sammezzano, Toscane, Italie

Le château regorge de niches, de recoins, de fenêtres, de colonnes, d’arcs et de voûtes que les invités peuvent explorer durant leur séjour. Malheureusement, la fréquentation diminue d’année en année, et Sammezzano est abandonné peu après son ouverture, au début des années 1990.
À la fin de la décennie, il est racheté par la société italo-britannique Sammezzano Castle Srl, qui prévoit d’y ouvrir un nouvel hôtel cinq étoiles.
Château de Sammezzano, Toscane, Italie

Malgré plusieurs tentatives de financement d’un vaste projet de conservation du château vieillissant, les plans de l’entreprise échouent et la propriété reste vide et fermée au public.
Fondée en 2012, l’association de conservation Save Sammezzano tente de réunir les fonds nécessaires à sa restauration. Le château, marqué par des années de négligence, présente de nombreux signes de dégradation, et plusieurs pièces nécessitent des travaux urgents.
Château de Sammezzano, Toscane, Italie

L’objectif est de sensibiliser le public à l’histoire du château et à son incroyable design intérieur, dans l’espoir qu’une personne disposant des fonds nécessaires pour l’entretenir se fasse connaître. Après l’échec d’une vente à un investisseur dubaïote en 2017, le château de Sammezzano est de nouveau mis en vente en 2018 pour environ 18,5 millions de dollars (16,3 M€).
Le site Save Sammezzano étant toujours actif, on peut légitimement espérer une issue favorable pour ce joyau d’architecture. Quel que soit l’avenir qui l’attend, il reste à souhaiter que toute restauration soit menée dans le respect de son histoire et de son identité.
Briarcliff Mansion, Géorgie, États-Unis

Construit entre 1920 et 1922 pour l’héritier excentrique de Coca-Cola Asa Griggs Candler Jr, ce manoir de style néogéorgien languit aujourd’hui sur le campus de Briarcliff de l’Université Emory, en Géorgie.
Asa Griggs Candler se passionnait pour une multitude de passe-temps insolites, allant de la magie à la collection d’animaux exotiques.
Briarcliff Mansion, Géorgie, États-Unis

Briarcliff Mansion possède même son propre zoo, où évoluent des lions, un babouin qui se serait échappé en 1935, ainsi que quatre éléphants nommés Coca, Cola, Refreshing et Delicious. Dans les années 1920 et 1930, le manoir regorge de meubles somptueux et de tableaux coûteux.
Le grand hall principal de style Tudor impressionne par son plafond voûté, ses murs lambrissés et sa gigantesque cheminée en calcaire. À son apogée, le manoir compte plus de 40 pièces, deux piscines et une salle de bal.
Briarcliff Mansion, Géorgie, États-Unis

Asa Griggs Candler et son épouse Helen organisent à Briarcliff de nombreuses soirées mondaines. Il y propose aussi des « soirées magie » autour de sa spectaculaire collection d’accessoires, invitant des illusionnistes célèbres — et peut-être même Houdini, dont il aurait été proche.
La famille Candler occupe la propriété jusqu’en 1948, date à laquelle elle la vend à l’administration des services généraux pour éponger des dettes de plus en plus lourdes.
Briarcliff Mansion, Géorgie, États-Unis

En 1953, Briarcliff est transformé en centre de traitement des addictions, avant d’être reconverti en hôpital psychiatrique entre 1965 et 1997. En 1998, l’Université Emory d’Atlanta rachète le manoir, mais malgré son inscription au Registre national des lieux historiques depuis 1988, aucun projet de rénovation n’est lancé et le bâtiment continue de se dégrader.
Selon les légendes locales, le manoir — que l’on dit hanté — serait le théâtre d’activités paranormales. Rien d’étonnant, donc, à ce qu’il ait servi de décor à plusieurs tournages de films et de séries fantastiques, parmi lesquels Stranger Things ou Vampire Diaries.
Briarcliff Mansion, Géorgie, États-Unis

Fantômes mis à part, Briarcliff reste inhabité et trône tristement sur le campus d’Emory. Les projets de restauration visant à en faire un hôtel de luxe, jugés trop coûteux, sont finalement abandonnés en 2018.
Un espoir renaît toutefois en 2022, lorsque l’université signe un bail à long terme avec les promoteurs de Galerie Living, qui envisagent de transformer une grande partie du site en maison de retraite, selon le site officiel de l’établissement.
Lynnewood Hall, Pennsylvanie, États-Unis

Considéré comme l’un des plus beaux manoirs du Gilded Age américain, Lynnewood Hall est une demeure majestueuse à l’histoire aussi triste que complexe. Construite entre 1897 et 1900 et autrefois entourée de 194 hectares de terrain à Elkins Park, Philadelphie, la propriété cache de nombreux secrets.
Ce chef-d’œuvre de style néoclassique est l’un des plus beaux biens immobiliers de Pennsylvanie. Photographiée ici par Leland Kent d’Abandoned Southeast, elle a été commandée par Peter Arrell Browne Widener, un magnat, collectionneur d’art et investisseur du Titanic.
Lynnewood Hall, Pennsylvanie, États-Unis

L’épouse du magnat, Hannah, meurt à bord du yacht familial en 1896. En deuil, Peter Widener se consacre alors à la construction d’un héritage durable pour sa lignée. Sa fortune est colossale, et il est aujourd’hui considéré comme l’un des Américains les plus riches de l’histoire.
Les plans de son château, signés par l’architecte Horace Trumbauer, reflètent à la fois l’immensité de sa fortune et l’élégance de ses goûts. Estimé à 8 millions de dollars à l’époque (soit environ 7 millions d’euros), Lynnewood Hall compte 110 pièces réparties sur 6 503 m². Sa façade en calcaire orné rivalise alors avec celles des plus grandes demeures du monde.
Lynnewood Hall, Pennsylvanie, États-Unis

La famille Widener réside à Lynnewood Hall pendant quinze ans. Mais en novembre 1915, Peter meurt des suites de problèmes de santé persistants. Son fils aîné, George Dunton Widener Sr., devait hériter de la propriété, mais il a péri trois ans plus tôt dans le naufrage du Titanic, aux côtés de son fils Harry. Ironie tragique : Peter Widener avait investi dans le paquebot.
Seule Eleanor, l’épouse de George, survit à la catastrophe. C’est finalement Joseph, le plus jeune frère de George, qui hérite du domaine ainsi que d’une fortune estimée à 60 millions de dollars (environ 53 millions d’euros).
Lynnewood Hall, Pennsylvanie, États-Unis

Joseph meurt en 1943, mais aucun de ses enfants ne souhaite reprendre Lynnewood Hall, et la propriété finit par tomber en ruine. Sans le terrible naufrage du Titanic, le manoir abandonné pourrait encore appartenir à la famille Widener, mais en 1948, un promoteur l’achète pour une bouchée de pain : 130 000 dollars (114 000 euros), soit environ 1,4 million d’euros aujourd’hui.
Le domaine est ensuite racheté en 1952 par le Faith Theological Seminary, une branche chrétienne évangélique. Le groupe revend de nombreux biens précieux de Lynnewood, dont 142 hectares de terrain et certains éléments intérieurs rares.
Lynnewood Hall, Pennsylvanie, États-Unis

En 2003, le domaine est inscrit sur la liste des propriétés historiques menacées établie par la Preservation Alliance for Greater Philadelphia. Vingt ans plus tard, en juin 2023, Lynnewood Hall devient officiellement la propriété de la Lynnewood Hall Preservation Foundation, qui se donne pour mission de restaurer cette demeure emblématique et de lui assurer un avenir durable.
Mais derrière ses murs monumentaux, le manoir dissimule encore un dernier mystère…
Leland Kent, du site d’urbex Abandoned Southeast, a découvert un mystérieux tunnel au sous-sol. On en sait peu sur ce passage secret, et son utilisation exacte reste un mystère. Les 37 employés permanents de Widener l’ont peut-être utilisé pour se déplacer discrètement dans la maison.
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