Si certaines grosses fortunes ne rechignent pas à attirer l’attention et assument pleinement leur célébrité, d’autres, au contraire, mettent un point d’honneur à rester dans l’ombre. Ils choisissent ainsi de se retirer, dans la plus grande discrétion.​

Poursuivez votre lecture pour découvrir les millionnaires et milliardaires les plus insaisissables de l’histoire, du fondateur d’IKEA, Ingvar Kamprad, au légendaire ermite Howard Hughes. Toutes les valeurs sont indiquées en dollars américains.

Adaptation française par Aurélie Blain

Surnommé « l’homme le plus riche dont personne n’a jamais entendu parler », Daniel Ludwig naît en 1897 dans le Michigan. Au XX^e siècle, il amasse une fortune colossale grâce aux transports maritimes et à divers autres secteurs, de la construction de superpétroliers au Japon à l’exploitation de plantations au Panama.

Cet homme de nature très discrète n’accordera qu’une seule interview en 1957 à Dero Saunders, du magazine Fortune. Aussi économe que secret, ce magnat des affaires se murera ensuite dans le silence et évitera la presse comme la peste.

En 1978, sa fortune était estimée à environ 12 milliards de dollars (11,4 Mds € aujourd’hui), faisant de lui l’homme le plus riche des États-Unis à l’époque. Méconnu du grand public, ce milliardaire discret vivait pourtant dans un vaste appartement en plein cœur de Midtown Manhattan.

Pourtant, même ses voisins les plus proches ignoraient qui il était. Daniel Ludwig s’est éteint chez lui en 1992, à l’âge de 95 ans. Forbes évaluait alors sa fortune à 1,2 milliard de dollars, soit 2,2 milliards de dollars (2,1 Mds €) en valeur actuelle.

Considéré comme « l’archétype de l’ermite milliardaire », Howard Hughes fait d’abord fortune dans les années 1920 et 1930 en tant que producteur de films, avec des œuvres telles que Scarface (1932) à son actif.

Il s’enrichit ensuite grâce à l’immobilier, l’aviation et la philanthropie, amassant une fortune équivalente à 9 milliards de dollars (8,6 Mds €) aujourd’hui. Dès les années 1920, il jouit d’une célébrité internationale et mène une vie de playboy décomplexée.

Mais au milieu des années 1960, en proie à de graves troubles obsessionnels compulsifs et à des douleurs chroniques, ce génie excentrique se coupe peu à peu du monde. À la fin de la décennie, il passe deux ans totalement reclus, les rideaux tirés, dans une suite d’hôtel à Las Vegas.

Dès lors, Howard Hughes erre d’hôtel en hôtel. Il passe son temps à regarder les mêmes films en boucle et vit dans un isolement quasi total. À sa mort en 1976, l’entrepreneur de génie est méconnaissable : amaigri, négligé, la barbe longue et les ongles interminables, l’image même d’un vieil ermite. Sur cette photo, son lieu de sépulture à Houston.

Fille du multimillionnaire et sénateur du Montana William Clark, Huguette Clark naît à Paris en 1906 et grandit dans une somptueuse demeure à New York. On l’aperçoit ici à l’âge de 11 ans. En 1928, elle épouse un étudiant en droit, mais leur union tourne vite au vinaigre et le couple divorce au bout de deux ans.

Comme le raconte le bestseller du New York Times, Empty Mansions, coécrit par le journaliste de NBC Bill Dedman et Paul Clark Newell Jr, cousin d’Huguette, la jeune femme sombre peu à peu après son divorce. Elle passe l’essentiel de son temps avec sa mère, enfermée dans l’appartement familial de la Cinquième Avenue de New York, ou recluse dans ses somptueux domaines à la campagne. Après la mort de sa mère en 1963, elle s’isole encore davantage, en proie à une paranoïa obsessionnelle.

Recluse dans son appartement de Manhattan, elle se coupe complètement du monde extérieur. En 1991, elle développe un cancer de la peau et passe les 20 dernières années de sa vie dans une chambre d’hôpital à New York, avec une seule personne à ses côtés : son infirmière, Hadassah Peri (en photo ici), qu’elle couvre de somptueux cadeaux. À sa mort en 2011, Huguette Clark lui lègue un héritage controversé de 300 millions de dollars (286 M€).

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C’est en reprenant la petite épicerie de leur mère à Essen, en Allemagne, après la Seconde Guerre mondiale, que Theo et Karl Albrecht poseront les bases de l’empire Aldi.

En 1961, les frères scindent l’entreprise après un désaccord quant à la vente de cigarettes dans leurs magasins. Ils créent alors deux entités distinctes : Aldi Nord et Aldi Süd. Leur relation personnelle n’en reste pas moins étroite.

Theo est photographié ici en 1971, peu de temps avant d’être enlevé et retenu en otage pendant 17 jours. Après sa libération, les deux frères deviennent extrêmement soucieux de leur sécurité, au point d’être un jour décrits par Forbes comme vivant « plus reclus que des yétis ».

Les deux frères, dont les fortunes cumulées ont atteint les 45,7 milliards de dollars (43,6 Mds €), se sont tenus à l’écart des projecteurs toute leur vie. Theo est décédé en 2010, suivi de Karl en 2014.

Né en 1926 dans un petit village de campagne en Suède, Ingvar Kamprad fonde le géant du mobilier en kit IKEA en 1943, grâce à un petit prêt de son père. Comme le magnat du transport maritime Daniel Ludwig, Kamprad était réputé pour sa discrétion et sa frugalité.

Bien que sa fortune ait atteint les 33 milliards de dollars (31,5 Mds €) en 2007, le fondateur d’IKEA incitait ses employés à écrire des deux côtés des feuilles de papier et n’hésitait pas à les rappeler à l’ordre s’ils oubliaient d’éteindre les lumières.

Revendiquant un mode de vie simple, il conduisait une simple Volvo, voyageait toujours en classe économique et ne manquait jamais de récupérer les sachets de sel et de poivre au restaurant.

Il s’était installé en Suisse en 1976 pour échapper au régime fiscal suédois et vivait alors dans une relative discrétion. Puis, en 2014, il a regagné la Suède avant de rendre son dernier souffle en 2018. Il a légué la moitié de sa fortune à des projets visant à développer le nord de son pays natal.

Né la même année qu'Ingvar Kamprad, le Suédois Hans Rausing hérite d’une partie de l’entreprise d’emballage alimentaire Tetra Pak, fondée par son père Reuben en 1943, soit l’année même où Kamprad crée IKEA.

Les similitudes ne s’arrêtent pas là. À l’instar d’Ingvar Kamprad, Hans Rausing (à droite sur la photo) fuit la lumière des médias. Il quitte son pays natal dans les années 1980 pour s’installer au Royaume-Uni et ainsi échapper à l’impôt. Il y mène une vie discrète jusqu’à son décès, le 30 août 2019.

Avec ses 2,03 mètres et sa fortune colossale, ce milliardaire aurait pu attirer tous les regards. Mais il a choisi de rester discret, menant une vie austère loin des projecteurs. Résidant dans un domaine du Sussex de l'Est, en Angleterre (ici en photo), il se contentait de rouler dans de vieilles voitures et rejetait le luxe des jets privés, yachts et autres mondanités. Avant sa disparition en 2019, la fortune de sa famille était estimée à 12 milliards de dollars (11,4 Mds €).

Discrets et insaisissables, les frères jumeaux David (à droite sur la photo) et Frederick Barclay étaient à la tête d’un puissant empire médiatique au Royaume-Uni, qui incluait le Telegraph group et le magazine The Spectator. Ils possédaient également d’autres actifs majeurs comme l’hôtel Ritz de Londres (vendu depuis), la chaîne de magasins Littlewoods et l’entreprise de livraison Yodel.

David Barclay est décédé en janvier 2021 à l’âge de 86 ans. À sa mort, Forbes estimait que ses enfants et lui détenaient 75 % des intérêts familiaux, ce qui a déclenché une querelle judiciaire avec les enfants de Frederick Barclay.

D’après Forbes, la fortune nette de David Barclay s’élevait à 3,7 milliards de dollars (3,5 Mds €) en 2020. Le clan se tient à l’écart des projecteurs, partageant sa vie entre les paradis fiscaux de Monaco et de Brecqhou, une île située au large de Sark, dans la Manche, où il a fait ériger un château néo-gothique.

Fervents partisans du Brexit, les Barclay ont été vivement critiqués pour leur gestion fiscale, leur ingérence présumée dans le Telegraph Media Group et leurs différends juridiques avec la municipalité de Sark. Par ailleurs, la querelle opposant les familles des deux frères a été exposée au grand jour lorsque des écoutes clandestines ont été portées devant les tribunaux.

Souvent décrit comme le milliardaire le plus discret d’Amérique, Philip Anschutz a passé les cinq dernières décennies à bâtir une fortune impressionnante dans les secteurs du pétrole, de l’immobilier, des télécommunications et du divertissement. Il est également très actif dans le monde du sport : il possède l’équipe de hockey sur glace des Los Angeles Kings, détient un tiers des Lakers, ainsi que le Staples Center, où l’équipe de basketball évolue.

Actuellement à la tête d’une fortune estimée à 10,9 milliards de dollars (10,4 Mds €), Philip Anschutz a bâti son empire sans faire de bruit, préférant rester dans l’ombre. Selon le magazine Fortune, ce milliardaire est d’une timidité maladive et déteste parler de lui. Depuis 1979, il n’a accordé que trois interviews officielles aux médias.

Malgré sa réserve, ce grand philanthrope n’a pas hésité à associer son nom à diverses institutions médicales et éducatives auxquelles il a fait don de millions de dollars, ce qui contredit quelque peu son image discrète. Parmi ces établissements figurent le campus médical Anschutz dans le Colorado (en photo) et la bibliothèque Anschutz au Kansas.

Héritière de l’industrie minière australienne, Angela Bennett est réputée pour son extrême discrétion, au point que la presse locale l’a surnommée « la perruche nocturne » (un oiseau endémique d’Australie). Elle n’a accepté de poser qu’une seule fois pour la presse (on la voit ici à gauche lors d’un événement organisé par son fils en décembre 2016) et a l’habitude de dissimuler son visage face aux paparazzis.

Obsédée par la protection de sa vie privée, elle est allée jusqu’à acquérir les droits sur de simples images montrant l’escalier vide de son ancienne résidence à Perth, qu’elle a vendue en 2009 pour un montant record de 39 millions de dollars (37 millions d’euros). Bennett semble avoir hérité de la discrétion de son défunt père, Peter Wright, lui aussi peu enclin à s’exposer dans les médias.

Selon Forbes, Angela Bennett possède aujourd’hui une fortune de 1,5 milliard de dollars (1,4 Md €). Après avoir mené de longues batailles judiciaires pour préserver sa fortune, elle vit aujourd’hui dans la plus grande discrétion à Perth (sur cette photo, un appartement adjacent à l'un des siens).

Expert en informatique et magnat des fonds spéculatifs, Robert Mercer est un homme d’une grande discrétion qui tient farouchement à sa vie privée. Tout au long de sa carrière, il a systématiquement décliné toute demande d’interviews et évité la presse. On dit même qu’il préfère la compagnie des chats à celle des humains.

Avec une fortune estimée à plusieurs centaines de millions de dollars, Robert Mercer est le principal investisseur de la société de collecte de données Cambridge Analytica. Cette entreprise aurait joué un rôle controversé dans l’élection de Donald Trump et dans la campagne pro-Brexit en 2016, en apportant son soutien à Nigel Farage (en photo), alors leader du Parti pour l’indépendance du Royaume-Uni (UKIP).

Fervent partisan des causes conservatrices tant aux États-Unis qu’à l’étranger et ouvertement opposé au Civil Rights Act de 1964 qui interdit la discrimination raciale aux États-Unis, Robert Mercer est devenu l’un des plus importants donateurs de la campagne de Trump Toutefois, l’attention médiatique suscitée par ses contributions l’a conduit à considérablement réduire ses contributions au Parti républicain en 2018. Il a quand même continué à soutenir Trump lors de l’élection présidentielle de 2020 et, en février de cette année-là, a effectué son premier don à six chiffres (355 200 dollars, soit 339 000 euros) au comité conjoint de financement de Trump et du Parti républicain.

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