Faux billets : l'euro fait-il partie des devises les plus contrefaites ?
Billet sur un scandale

Les valises de faux billets ne sont pas l’apanage des films de casse et des romans d’espionnage. Partout dans le monde, banques et gouvernements redoublent d’efforts pour empêcher la circulation de faux billets, mais certains pays se montrent plus efficaces que d’autres dans cette lutte.
Les pays utilisent généralement les parties par million (ppm) - une unité de mesure empruntée à la chimie - pour surveiller la quantité de monnaie contrefaite. Ils attribuent une note en évaluant le nombre de faux billets trouvés en circulation pour un million de billets authentiques. La plupart des pays s’efforcent de rester en dessous de la barre de 15 ppm.
Lisez la suite pour découvrir la quantité d’argent frauduleux circulant dans quelques-unes des principales devises du monde, classées par ordre croissant en fonction de leur taux de ppm.
Adaptation française par Stéphanie Lopez
Le ringgit de Malaisie : 0,3 ppm

Avec seulement trois faux billets pour dix millions d’unités enregistrées en 2022, le taux de contrefaçon de la Malaisie est bien inférieur à la norme internationale de 15 ppm.
En fait, le score du pays n’a cessé de diminuer au cours de la dernière décennie, après avoir atteint un pic de 1,9 ppm en 2015.
La Bank Negara Malaysia (banque centrale malaisienne) signale que les grosses coupures sont les plus susceptibles d’être contrefaites, le billet de 100 MYR (soit l’équivalent de 19,5 EUR) - la plus grosse valeur disponible - représentant 87 % des faux billets identifiés en 2022.
Le ringgit de Malaisie : 0,3 ppm

Bien que le ringgit soit l’une des monnaies les moins falsifiées au monde, la Bank Negara Malaysia continue d’améliorer et de renforcer ses mesures de lutte contre la contrefaçon.
Les signes de sécurité garantissant l’authenticité des billets de banque malaisiens comprennent des impressions en relief, des filigranes en 3D, des fenêtres transparentes et un fil qui change de couleur lorsqu’on incline le billet. La banque centrale de Malaisie révise ces caractéristiques tous les deux ou trois ans.
Le dollar néo-zélandais : 0,8 ppm

La dernière estimation du taux de ppm de la Banque de réserve de Nouvelle-Zélande concerne l’exercice 2017-2018.
La note de 0,8 ppm qu’enregistre le pays signifie que les Kiwis risquent nettement moins de tomber sur de la fausse monnaie que les citoyens des nombreux autres pays anglophones.
Les fausses pièces sont particulièrement rares en Nouvelle-Zélande en raison de leur difficulté à être contrefaites. Cependant, la banque conseille toujours aux citoyens d’être attentifs au tintement que produit une pièce lorsqu’ils la laissent tomber sur une table ; une fausse pièce se reconnaît à son bruit sourd.
Le dollar néo-zélandais : 0,8 ppm

Les billets de banque néo-zélandais bénéficient de signes de sécurité sophistiqués.
Fabriqué en polymère, un type de plastique conçu pour être plus difficile à falsifier, chaque billet comporte au moins une fenêtre transparente. Actuellement, deux séries de billets sont en circulation : la série 6, qui comprend deux fenêtres plus petites, et la série 7 (photo), une fenêtre plus grande.
Parmi les nouveautés introduites dans la série 7, la couleur de l’oiseau change lorsqu’on incline le billet.
Le rand sud-africain : 3 ppm

Selon les estimations de la Banque de réserve sud-africaine (SARB), il n’existe que trois faux billets pour chaque million de vrais billets en circulation, ce qui est largement inférieur au seuil de 15 ppm privilégié par de nombreux pays.
Les billets en rands sont disponibles en cinq dénominations différentes et sont fabriqués à partir d’un substrat en coton, dont la couleur varie en fonction de la valeur faciale.
Bien que le taux de contrefaçon en Afrique du Sud soit l’un des plus faibles au monde, la SARB s’efforce activement de rendre la reproduction de sa monnaie plus difficile pour les faussaires.
Le rand sud-africain : 3 ppm

La SARB a mis en circulation de nouveaux billets en mai 2023, marquant ainsi la première actualisation monétaire majeure du pays depuis 2012.
Alors que les billets en rands représentaient auparavant un des cinq grands animaux sauvages africains (lions, léopards, rhinocéros noirs, éléphants de brousse africains et buffles africains), les nouveaux billets arborent désormais chaque animal avec l’un de ses petits. Ils présentent également en filigrane leur tête, ainsi que la valeur faciale.
Parmi les autres signes de sécurité figurent des marques en relief pour aider les personnes malvoyantes et une bande de sécurité de 4 mm de large qui change de couleur grâce à une encre spéciale lorsqu’on incline le billet. Cette même technologie permet à certains motifs représentés sur les billets d’avoir l’air de tourner.
Le dollar canadien : 7 ppm

Selon la Banque du Canada, la proportion de faux billets dans le pays était de 7 ppm en 2021. Toutefois, le pays n’a pas toujours enregistré ce faible chiffre. Suite à une vague de contrefaçon généralisée à la fin des années 90, le Canada a atteint un pic de 470 ppm en 2004.
En 2011, la Banque du Canada a remplacé les billets en papier par des billets en plastique, fabriqués à partir d’un substrat en polypropylène. En conséquence, la contrefaçon monétaire a chuté de 74 % en 2015, selon la Gendarmerie royale du Canada (GRC).
Avant ce changement, les analystes de la GRC recevaient jusqu’à 45 000 billets par mois pour en vérifier l’authenticité. Quatre ans plus tard, ce nombre était tombé à environ 1 500, dont beaucoup étaient des reproductions d’anciens billets en papier.
Le dollar canadien : 7 ppm
Les dollars canadiens sont dotés d’une grande fenêtre transparente à travers laquelle on peut voir le portrait d’une personnalité au-dessus de l’image d’un bâtiment célèbre.
Sous le portrait, le mot « Canada » est également transparent et légèrement en relief. Parmi les autres signes de sécurité qui se trouvent sur ces billets figure une petite fenêtre givrée avec un motif de feuille d’érable, dont le contour est transparent et qui contient des chiffres cachés uniquement visibles lorsqu’ils sont éclairés.
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Le peso philippin : 7,9 ppm

Une transition similaire a lieu aux Philippines, où la Bangko Sentral ng Pilipinas (BSP) met en circulation des billets en polymère pour lutter contre le faux-monnayage. Toutefois, le taux de contrefaçon de 7,9 ppm enregistré dans le pays est loin d’atteindre le niveau stupéfiant observé au Canada avant le passage aux billets en plastique.
En avril 2022, la BSP a commencé à mettre en circulation 10 millions de billets en polymère de 1 000 pesos (d’une valeur de 16 EUR). Le pays s’est fixé pour objectif de mettre en circulation 500 millions de billets en polymère d’ici la fin de l’année 2023, ce qui permettra d’éliminer progressivement les billets en papier et de réduire les coûts d’impression.
Le peso philippin : 7,9 ppm

La devise philippine est souvent désignée par son nom tagalog « piso », et les billets en papier et en plastique ont toujours cours légal.
Les nouvelles coupures s’inspirent des nombreux signes de sécurité utilisés par d’autres pays pour protéger leurs monnaies, notamment l’encre qui change de couleur lorsqu’on incline le billet, les points tactiles pour aider les personnes malvoyantes et l’imagerie métallisée.
Parmi les caractéristiques uniques du piso, citons un motif transparent ayant la forme de la fleur nationale des Philippines, la sampaguita, et des lignes en relief qui représentent les initiales de la banque.
Le dollar australien : 9 ppm

En Australie, la quantité de fausse monnaie a atteint un pic en 2015, avec un taux de 27 ppm, avant de diminuer régulièrement jusqu’à un chiffre beaucoup plus bas en 2021, à savoir 9 ppm.
La Banque de réserve australienne a attribué cette baisse aux efforts déployés par les services de répression, qui ont notamment mis fin à d’importantes opérations de contrefaçon au cours de la période 2015-2019. La transition vers les paiements sans numéraire, les confinements pendant la pandémie de COVID-19 et la mise en circulation d’une nouvelle série de billets dotés de signes de sécurité améliorés ont également joué un rôle non négligeable dans cette évolution.
Le dollar australien : 9 ppm

En 2020, le billet de 100 dollars australiens a dépassé celui de 50 dollars australiens en devenant la coupure la plus falsifiée du pays des kangourous, et la banque centrale d’Australie soupçonne un faussaire particulier d’être à l’origine de ce changement.
Toutefois, de récentes actualisations compliquent la tâche des faux-monnayeurs. Le vrai billet comporte désormais l’image d’un hibou en train de voler qui semble fléchir ses ailes et changer de couleur lorsqu’on l’incline, tandis qu’un éventail en 3D arbore des lignes de différentes couleurs. Des effets de couleurs changeantes apparaissent au recto et au verso du billet.
Le faussaire devra également trouver un moyen de reproduire le texte en relief, qui présente une texture particulière, ainsi que la fenêtre transparente présente de haut en bas du billet. De plus, lorsqu’il est exposé à une lumière UV, le billet doit révéler un hibou caché ainsi que le numéro de série et l’année d’impression.
L’euro : 13 ppm

Monnaie officielle pour 20 des 27 États membres de l’Union européenne, l’euro frôle le seuil des 15 ppm.
En 2022, 376 000 faux billets en euros ont été retirés de la circulation, soit le deuxième nombre le plus faible jamais enregistré par rapport au nombre total de billets en circulation.
Environ 97 % de ces billets ont été trouvés dans la zone euro, la majorité d’entre eux étant des billets de 20 et 50 euros.
L’euro : 13 ppm

Depuis l’émission de la première série de billets en euros, l’Eurosystème - la Banque centrale européenne et les vingt banques centrales nationales des États membres de l’UE - encourage les citoyens à être vigilants lorsqu’ils reçoivent des espèces.
Pour endiguer la vague de faux billets, la Banque centrale européenne a commencé à introduire progressivement la série Europa en 2013, une nouvelle collection de billets dotés de signes de sécurité sophistiqués tels qu’un fil de sécurité et un hologramme portrait.
Parmi les autres éléments qui figurent sur ces coupures, on peut citer les filigranes qui sont visibles uniquement lorsqu’ils sont exposés à la lumière et l’illusion que le nombre se déplace lorsque le billet est tenu de biais.
La livre sterling : 42 ppm

En 2022, seulement 0,0042 % des billets de banque britanniques étaient faux.
Toutefois, la Banque d’Angleterre a indiqué que la fausse monnaie saisie avant d’être mise en circulation aurait totalisé 4 millions de livres sterling (5,2 millions d’euros). Le taux de 42 ppm est plus de trois fois supérieur à celui de l’euro.
La livre sterling : 42 ppm

Ce chiffre peut sembler élevé, mais la Banque d’Angleterre affirme que la contrefaçon a considérablement diminué ces dernières années grâce à l’introduction régulière de billets de banque en polymère depuis 2016. À l’instar de l’Australie, l’augmentation des paiements électroniques et l’impact des confinements pour cause de pandémie ont également contribué à cette diminution.
Les hologrammes constituent un signe de sécurité important sur les billets de banque britanniques. Lorsqu’on les incline, les mots situés au-dessus de l’hologramme sur les vrais billets doivent changer, par exemple, « Fifty » devient « Pounds ». De même, les images figurant à l’intérieur des deux carrés dorés au recto du billet de 50 livres sterling doivent changer aussi, le « 50 » devenant le symbole « £ » et vice-versa.
Le dollar américain : 100 ppm ?

Le dollar américain est-il la monnaie la plus falsifiée au monde ? C’est fort possible.
Le gouvernement américain reste discret sur la quantité de faux billets en circulation. Son dernier rapport public remonte à 2006, lorsqu’il a été révélé qu’un billet américain sur 10 000 était faux.
Cependant, les billets arborant le tout-puissant dollar ont depuis été repensés afin de renforcer la sécurité. Il est donc probable que ce chiffre soit aujourd’hui beaucoup plus bas. Cela dit, en 2015, les services secrets américains ont estimé que 147 millions de dollars (136 millions d’euros) en faux billets étaient en circulation dans le monde.
Le dollar américain : 100 ppm ?

Le dollar américain est-il la monnaie la plus falsifiée au monde ? C’est fort possible.
Le gouvernement américain reste discret sur la quantité de faux billets en circulation. Son dernier rapport public remonte à 2006, lorsqu’il a été révélé qu’un billet américain sur 10 000 était faux.
Cependant, les billets arborant le tout-puissant dollar ont depuis été repensés afin de renforcer la sécurité. Il est donc probable que ce chiffre soit aujourd’hui beaucoup plus bas. Cela dit, en 2015, les services secrets américains ont estimé que 147 millions de dollars (136 millions d’euros) en faux billets étaient en circulation dans le monde.
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