La milliardaire française qui préfère l’ombre à la lumière
Entre discrétion extrême et fortune colossale
En 2017, l’héritière française Françoise Bettencourt Meyers devient officiellement la femme la plus riche du monde. Puis en décembre 2023, elle franchit un cap historique : elle est la première femme à atteindre une fortune de 100 milliards de dollars (93 milliards d’euros) grâce à sa participation majoritaire dans le géant mondial des cosmétiques, L’Oréal.
Françoise Bettencourt Meyers alterne régulièrement entre la première et la deuxième place du classement Forbes des femmes les plus riches du monde, en concurrence avec Alice Walton, héritière de l’empire Walmart. Si cette dernière l’a récemment détrônée, la milliardaire française conserve une très confortable deuxième place, avec une fortune estimée à 81,6 milliards de dollars (70,1 milliards d’euros).
Pourtant, l’ascension du plus grand groupe cosmétique au monde — et de la famille qui le détient — n’a rien eu d’un long fleuve tranquille. Entre luttes d’héritage, conflits médiatisés et secrets bien gardés, cette saga familiale a tout d’un scénario hollywoodien…
Lisez la suite pour découvrir les secrets de Françoise Bettencourt Meyerset et de sa famille et comprendre comment elle est devenue l’une des femmes les plus riches du monde. Les montants sont indiqués en dollars US, suivis d’une conversion en euros.
Adaptation française par Laure Bartczak et Noémie Bastide
Les origines de L’Oréal
L’aventure L’Oréal débute en 1909, lorsque Eugène Schueller (en photo), le grand-père de Françoise Bettencourt Meyers, lance officiellement l’entreprise.
Le chimiste français invente alors une formule révolutionnaire de teinture capillaire qui fait vite fureur dans les salons parisiens. Une innovation qui établit les fondations de ce qui deviendra le leader mondial de la beauté, L’Oréal.
Les origines de L’Oréal
Depuis, L’Oréal a bâti un véritable empire cosmétique. L’entreprise ne s’est pas contentée d’innover : elle a redéfini les règles du jeu. Après avoir lancé la première coloration capillaire sans ammoniaque, le groupe a conquis de nouveaux segments, des soins de la peau aux cosmétiques en passant par la parfumerie.
Son approche stratégique de croissance lui a aussi permis d’acquérir d’autres marques de beauté prestigieuses, comme NYX Cosmetics, YSL Beauty et The Body Shop (revendue en 2017).
L’Oréal en 2024
Aujourd’hui, L’Oréal est le leader mondial des cosmétiques, avec plus de 40 marques sous son égide et des milliers de produits sur le marché. L’entreprise compte parmi ses ambassadeurs certaines des stars les plus en vue d’Hollywood comme Jane Fonda, Eva Longoria et Helen Mirren (en photo).
La société, dont le siège se trouve à Clichy en banlieue parisienne, emploie environ 87 400 personnes. Rien qu’en 2023, le groupe a affiché un chiffre d’affaires de près de 37,2 milliards d’euros et dégagé un bénéfice net avoisinant les 5,6 milliards d’euros.
Liliane Bettencourt : la première héritière
À la mort d’Eugène Schueller en 1957, sa fille Liliane (en photo) hérite de sa fortune et devient la première actionnaire individuelle de L’Oréal. Durant des décennies, elle symbolisera à elle seule l’héritage et l’influence du géant de la beauté avant de s’éteindre en 2017, à l’âge de 94 ans.
Elle aurait été, au moment de sa disparition, la femme la plus riche du monde avec une fortune estimée à 36,6 milliards d’euros selon Forbes.
Liliane Bettencourt : la première héritière
Elle laisse derrière elle une part de 33 % dans L’Oréal, transmise à sa fille unique, Françoise Bettencourt Meyers, née en 1953.
Enfant issue de son mariage avec André Bettencourt, homme d’affaires et ancien ministre, Françoise prend la relève et devient à son tour la femme la plus riche du monde.
Une affaire de famille
Si Françoise Bettencourt Meyers ne s’implique pas directement dans les activités opérationnelles de L’Oréal, elle occupe une position stratégique dans la gestion de l’héritage familial. Elle est membre du conseil d’administration de L’Oréal depuis 1997, en plus de présider la société holding de la famille, Téthys Invest.
Françoise Bettencourt Meyers est photographiée ici en 1987 avec ses parents lors de l’exposition Feminissima à Paris.
Une affaire de famille
Jean-Victor et Nicolas, les fils de Françoise Bettencourt Meyers et de Jean-Pierre Meyers (photographiés ici en famille), sont eux aussi engagés dans l’aventure L’Oréal. Ils occupent tous deux des fonctions au sein du conseil d’administration du groupe et seront appelés un jour à hériter de l’empire cosmétique créé par leur arrière-grand-père il y a de cela plus d’un siècle.
L’art de donner, version Bettencourt
Françoise Bettencourt Meyers préside en outre la Fondation Bettencourt Schueller, créée par la famille en 1987. Cette organisation philanthropique soutient la recherche scientifique, la culture et les projets humanitaires.
En 2019, après l’incendie qui a ravagé la cathédrale Notre-Dame de Paris (en photo), la Fondation s’est engagée à financer sa restauration à hauteur de 209 millions d’euros.
Françoise Bettencourt Meyers, auteure
En plus des activités liées à L’Oréal, Françoise Bettencourt Meyers écrit et publie des livres sur des sujets tels que la mythologie grecque et la religion.
Son dernier ouvrage, un commentaire biblique intitulé Regard sur la Bible, est sorti en 2008.
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Le passé sombre de L’Oréal mis en lumière
À la différence de nombreux milliardaires, Françoise Bettencourt Meyers préfère rester discrète et se tenir éloignée des projecteurs. Pourtant, en 1984, son mariage avec Jean-Pierre Meyers, un homme d’affaires de confession juive, a fait couler beaucoup d’encre. L’héritière, catholique, souhaitait alors se convertir au judaïsme et élever ses enfants dans cette foi.
Cette union a notamment attiré l’attention des médias sur un pan sombre de l’histoire familiale : après la Seconde Guerre mondiale, Eugène Schueller, fondateur de L’Oréal, avait fait l’objet d’une enquête, soupçonné d’avoir collaboré avec le régime nazi.
Si les accusations ont été abandonnées, L’Oréal reconnaîtra plus tard que Schueller avait soutenu le gouvernement de Vichy, en place pendant l’Occupation. Et ce ne sera pas le dernier scandale familial à défrayer la chronique…
L’affaire Bettencourt, partie 1
En 1987, Liliane Bettencourt noue une amitié improbable avec l’écrivain et photographe François-Marie Banier, de 25 ans son cadet. Durant les 20 années qui suivent, l’héritière de L’Oréal le couvre de cadeaux (argent liquide, biens immobiliers, œuvres d’art) pour un montant estimé à un milliard d’euros.
En 2007, un employé de Liliane Bettencourt aurait surpris une conversation entre sa patronne et François-Marie Banier, au cours de laquelle elle exprimait son intention de le désigner comme son successeur. Françoise Bettencourt Meyers décide alors de porter plainte contre lui pour abus de faiblesse, l’accusant d’avoir manipulé sa mère pour lui soutirer de l’argent.
L’affaire Bettencourt, partie 1
Rapidement surnommé « l'affaire Bettencourt » par la presse, le scandale qui s'ensuit enflamme les tabloïds français. François-Marie Banier, qualifié par certains de « gigolo », est ouvertement homosexuel, et la nature de sa relation avec Liliane Bettencourt n'a jamais été clairement établie comme étant romantique. Cette affaire devient un véritable cauchemar en termes d'image pour L’Oréal.
L'affaire Bettencourt alimente même des rumeurs selon lesquelles Nestlé, son partenaire suisse, pourrait racheter l'empire cosmétique.
L’affaire Bettencourt, partie 2
En 2010, un tournant majeur survient dans l’affaire. On apprend que Pascal Bonnefoy, le majordome de Liliane Bettencourt, avait discrètement enregistré de nombreuses conversations entre l’héritière, ses conseillers financiers et ses avocats.
Les enregistrements fuitent alors, mettant en lumière des pratiques d’évasion fiscale, des comptes bancaires suisses non divulgués, ainsi que des contributions politiques illégales présumées envers des membres du gouvernement de Nicolas Sarkozy.
L’affaire Bettencourt, partie 2
À cette époque, Liliane Bettencourt est atteinte de la maladie d’Alzheimer. Sa confusion apparente est confirmée par ces enregistrements, ce qui permet à ses conseillers d’exercer un contrôle sur ses finances. En 2015, un procès s’ouvre. François-Marie Banier et neuf autres personnes, dont le conseiller financier de Liliane Bettencourt et un avocat, sont accusés d’abus de faiblesse.
Une enquête est également menée contre Nicolas Sarkozy, même si les poursuites à son encontre sont finalement abandonnées.
L’affaire Bettencourt, partie 3
François-Marie Banier (en photo) est finalement reconnu coupable d’abus de faiblesse à l’égard de Liliane Bettencourt. Au cours de ce procès très médiatisé, il est qualifié de « vampire » par le juge. En 2016, un procès en appel confirme la condamnation de François-Marie Banier, mais réduit sa peine à quatre ans de prison avec sursis.
En 2023, un documentaire intitulé L’Affaire Bettencourt : Scandale chez la femme la plus riche du monde est diffusé sur Netflix, retraçant la relation controversée de François-Marie Banier avec l’héritière.
Querelles de famille
Pour certains, ce sont la solitude de Liliane Bettencourt et ses relations tendues avec sa fille unique, Françoise Bettencourt Meyers, qui ont permis à François-Marie Banier de s’immiscer dans sa vie.
Liliane Bettencourt reprochait à sa fille son tempérament réservé et son caractère introverti. Leur relation se serait détériorée dès l’adolescence de Françoise, que Liliane trouvait souvent lente ou pesante. Elle estimait aussi qu’elle était constamment en décalage par rapport aux autres.
Dans une interview donnée en 2009 au New York Times, Liliane Bettencourt avait également décrit Françoise comme une enfant froide et distante.
La femme la plus riche du monde
Malgré les tensions familiales, Françoise Bettencourt Meyers devient l’unique héritière de sa mère. En décembre 2023, elle s’impose comme la femme la plus riche du monde grâce à l’héritage qu’elle a reçu en 2017, en plus de devenir la première femme à atteindre la barre des 100 milliards de dollars (93 milliards d’euros).
Selon Forbes, sa fortune a depuis diminué et s’élève à présent à environ 77,6 milliards de dollars (71,5 milliards d’euros). Cette somme tout de même faramineuse permet à Françoise Bettencourt Meyers de se classer régulièrement au rang de femme la plus riche du monde. Elle se classe également au 20e rang des personnes les plus riches de la planète.
Hôtel particulier parisien cossu
Dans sa vie de tous les jours, Françoise Bettencourt Meyers préfère rester chez elle à jouer du piano ou à lire plutôt que de se joindre au faste et à l’opulence du gotha. Mais où vit-elle ?
Françoise Bettencourt Meyers vit dans un hôtel particulier parisien (photo) de Neuilly-sur-Seine. De nombreux acteurs et hommes et femmes politiques de renom, dont Christian Clavier et Marine Le Pen vivent dans cette banlieue chic. Liliane Bettencourt possédait également un hôtel particulier à Neuilly-sur-Seine dont sa fille a probablement hérité à sa mort.
Maison de vacances idyllique
Françoise Bettencourt Meyers a également hérité d’un manoir qui surplombe la côte bretonne (ici en photo). Cette somptueuse propriété était autrefois la maison de vacances de la famille Bettencourt, où l’héritière se rendait pendant son enfance. Nous n’avons que peu d’informations sur cette propriété.
Une chose est sûre cependant : les origines modestes d’Eugène Schueller, le chimiste français qui a transformé une simple formule de teinture capillaire en un empire familial, semblent aujourd’hui bien loin.
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