Temps de travail dans 21 pays de l’OCDE : un classement révélateur
Vous pensez faire plus d'heures que les autres ?
Dans de nombreux pays, la semaine de travail tend à se réduire. L’automatisation, l’intelligence artificielle et une quête accrue d’équilibre entre vie pro et vie perso dopent la productivité tout en redéfinissant nos priorités. Pourtant, le temps passé au travail reste extrêmement variable d’un pays à l’autre, y compris au sein même des nations de l’OCDE.
Alors que certains pays semblent avoir adopté le temps partiel comme norme, d’autres continuent de valoriser les semaines chargées, érigées en symbole de réussite et de dévouement professionnel.
Vous avez envie de savoir où se situe votre pays ? Découvrez le classement des 21 pays de l’OCDE selon leur moyenne hebdomadaire d’heures travaillées, du plus élevé au plus bas.
Adaptation française par Laëtitia Lord
Colombie : 47,1 heures en moyenne
Les Colombiens ne sont pas à la fête côté travail puisqu’ils ils cumulent en moyenne 47,1 heures par semaine, bien au-dessus de la moyenne de l’OCDE, qui s’élève à 37,1 heures. Le pays détient aussi le triste record du plus grand nombre d’heures travaillées par an parmi les pays de l’OCDE, avec 2 297 heures par salarié.
La bonne nouvelle, c’est que ces chiffres sont en baisse constante depuis au moins 2010 et qu’ils devraient chuter encore davantage dans les mois à venir.
La Colombie est en train de réduire progressivement la durée légale de la semaine de travail, passant de 48 à 42 heures, sans toucher aux salaires ni aux avantages. La dernière phase de cette réforme entrera en vigueur au début de l’année prochaine, pour le plus grand soulagement des travailleurs colombiens.
Turquie : 45,5 heures en moyenne
La semaine de travail normale en Turquie est de 45 heures, la plus longue d'Europe. Les salaires étant parmi les plus bas du continent, de nombreux travailleurs, en particulier les plus modestes, doivent travailler six jours par semaine pour joindre les deux bouts, le chiffre moyen étant majoré par les heures supplémentaires.
Heureusement, le nombre d'heures travaillées par semaine a tendance à diminuer dans le pays depuis des années. Il a atteint 50 heures en 2010 et le gouvernement turc étudie actuellement des projets visant à le ramener sous la barre des 40 heures.
Mexique : 44,7 heures en moyenne
Au Mexique, avec 48 heures, la semaine de travail officielle est encore plus longue. En pratique, la moyenne stagne autour de 45 heures depuis une quinzaine d’années et les salariés cumulent en moyenne 2 226 heures de travail par an, un chiffre parmi les plus élevés de ce classement.
Autre point noir : le pays affiche l’un des plus faibles totaux de jours de congés payés et de jours fériés parmi les pays étudiés, avec seulement 14 journées au total.
Une lueur d’espoir se profile tout de même puisque le gouvernement mexicain a récemment annoncé qu’il allait entamer une réduction progressive du temps de travail à 40 heures hebdomadaires. Cette transition devrait être finalisée d’ici 2030.
Chili : 42,8 heures en moyenne
Les Chiliens affichent eux aussi de longues semaines de travail, avec une moyenne de 42,8 heures par semaine, soit 1 966 heures par an. Comme au Mexique, les congés payés restent modestes, avec 20 jours par an seulement.
Mais le pays amorce lui aussi une transition vers une semaine de travail plus courte.
La nouvelle réforme du droit du travail prévoit une réduction progressive du temps hebdomadaire, passant de 45 à 40 heures. Cette mesure sera pleinement appliquée d’ici 2028.
Portugal : 39,5 heures en moyenne
Le Portugal fait figure d’exception. Le nombre moyen d’heures travaillées par personne y est étonnamment bas : 1 635 heures par an, alors que la durée hebdomadaire typique avoisine les 39,5 heures, sur une base légale de 40 heures.
Cette différence s’explique en grande partie par une politique généreuse de congés payés et un faible niveau de présentéisme. Les absences autorisées ne sont pas comptabilisées dans la moyenne hebdomadaire.
Notons que le gouvernement portugais envisage sérieusement l’instauration de la semaine de quatre jours dans un avenir proche.
Pologne : 39,4 heures en moyenne
En Pologne aussi, la semaine de travail standard est fixée à 40 heures, mais la moyenne réelle est légèrement inférieure, à 39,4 heures. Ce chiffre reste stable depuis une quinzaine d’années, mais un changement significatif pourrait bientôt voir le jour.
Le gouvernement polonais vient en effet d’annoncer un projet pilote visant à réduire le temps de travail sans toucher aux salaires ni aux avantages. Les employeurs participants auront le choix entre plusieurs formules : semaine de quatre jours, journées plus courtes ou augmentation des congés.
Grèce : 39 heures en moyenne
À contre-courant de la tendance mondiale, la Grèce a instauré l’an dernier une semaine de travail de six jours et 48 heures pour certains secteurs, dans le but de pallier la pénurie de main-d’œuvre et le manque de productivité.
Cette décision a naturellement suscité de vives critiques : les syndicats l’ont qualifiée de « barbare ».
Jusqu’ici, les Grecs travaillaient en moyenne 39 heures par semaine, un chiffre stable depuis 2010. Ce changement a donc dû faire l’effet d’un choc pour une grande partie de la population active, même si des taux de majoration pour heures supplémentaires viennent sans doute atténuer un peu l’impact.
États-Unis : 38,6 heures en moyenne
La culture des longues journées de travail reste profondément ancrée aux États-Unis, même si la moyenne hebdomadaire s’établit à 38,6 heures, légèrement en dessous du seuil légal de 40 heures.
Cela n’empêche pas les Américains d’afficher un total annuel élevé, avec 1 804 heures travaillées en moyenne par personne.
Le droit du travail ne prévoit ni congés payés obligatoires, ni rémunération systématique lors des jours fériés fédéraux. Les périodes de repos sont donc souvent courtes. Et ce chiffre hebdomadaire ne tient même pas compte des seconds emplois, fréquents dans une population qui cumule volontiers plusieurs activités pour joindre les deux bouts.
Nouvelle-Zélande : 37,8 heures en moyenne
La semaine de travail moyenne s’est allongée en Nouvelle-Zélande depuis 2010, passant de 37,1 heures à un niveau plus élevé, même si le seuil légal reste fixé à 40 heures. Le pays compte désormais 14 % de salariés qui travaillent de très longues heures, un chiffre bien supérieur à la moyenne de l’OCDE (10 %).
Une étude publiée en 2023 montre que les Néo-Zélandais subissent une forte pression pour faire des journées à rallonge.
Mais le vent pourrait tourner. Plusieurs grandes entreprises locales, tous secteurs confondus, ont commencé à tester la semaine de quatre jours et des mesures innovantes comme les congés payés illimités, dans le but d’améliorer l’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle, et d’attirer de nouveaux talents.
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Espagne : 36,5 heures en moyenne
La semaine de travail en Espagne atteint en moyenne 36,5 heures, bien que le seuil légal reste fixé à 40 heures. Les salariés bénéficient d’un nombre conséquent de jours de congés payés, mais les indemnités journalières ne sont versées qu’à partir du quatrième jour d’arrêt maladie, et à un taux réduit. Cela pourrait expliquer le faible niveau d’absentéisme observé dans le pays.
Côté perspectives, le gouvernement espagnol vient d’adopter une loi qui plafonnera la durée hebdomadaire officielle à 37,5 heures. Il mène aussi actuellement une expérimentation de la semaine de quatre jours.
Royaume-Uni : 36,5 heures en moyenne
Avec une moyenne hebdomadaire de 36,5 heures, la durée du travail au Royaume-Uni n’a pratiquement pas évolué depuis 15 ans. La culture du présentéisme reste bien ancrée et les longues journées sont toujours la norme pour un grand nombre de salariés.
Le gouvernement n’envisage pas de réduire la semaine légale de 40 heures, mais il a élargi les droits au travail flexible. De leur côté, les entreprises privées prennent les devants : rien qu’en janvier, 200 sociétés britanniques se sont engagées à instaurer la semaine de quatre jours.
France : 36,2 heures en moyenne
Précurseur en matière de réduction du temps de travail, la France a instauré dès 2000 la semaine de 35 heures. Tout dépassement relève des heures supplémentaires.
Depuis, la moyenne hebdomadaire est restée relativement stable, légèrement au-dessus de ce seuil. Il convient toutefois de souligner que la France offre le plus grand nombre de jours de congés payés de ce classement, 36, à égalité avec l’Espagne. C’est aussi l’un des pays où le nombre moyen d’heures travaillées par personne chaque année est parmi les plus bas. En matière d’équilibre vie pro/vie perso, la France fait donc figure de modèle.
Italie : 36,1 heures en moyenne
En Italie, la durée légale du travail est de 40 heures par semaine, mais la moyenne réelle atteint à peine 36,1 heures. Le pays détient le taux le plus élevé de travailleurs à temps partiel involontaire de l’OCDE : 9,6 % des actifs souhaiteraient un emploi à temps plein, mais doivent se contenter d’un temps partiel, ce qui fausse les statistiques.
Le gouvernement italien ne prévoit pas de réduire la semaine de 40 heures réparties sur cinq jours, mais plusieurs entreprises testent déjà la semaine de quatre jours ou d’autres dispositifs. Ces initiatives pourraient offrir une solution équilibrée, en favorisant l’emploi à temps plein par une meilleure répartition du volume de travail disponible.
Australie : 36 heures en moyenne
Même si la semaine de travail standard en Australie reste fixée à 38 heures, le nombre moyen d’heures réellement travaillées par semaine est en hausse depuis 2021, passant de 35,7 heures à un niveau supérieur.
Ce phénomène pourrait en réalité refléter une évolution positive, car le pays affiche depuis longtemps un taux relativement élevé de travailleurs à temps partiel souhaitant un emploi à temps plein. Seule l’Italie fait pire à ce sujet au sein de l’OCDE.
Autre tendance marquante : de plus en plus d’Australiens, notamment parmi la génération Z, cumulent deux emplois.
Suisse : 35,8 heures en moyenne
La Suisse présente l’écart le plus important entre la durée légale de travail et le nombre réel d’heures travaillées par employé dans ce classement. Si la semaine standard est fixée à 42 heures et peut grimper jusqu’à 50 heures dans certains secteurs, la moyenne réelle n’est que de 35,8 heures. Cette différence s’explique en grande partie par la forte proportion de travailleurs à temps partiel.
La Suisse détient d’ailleurs le record de la semaine de travail la plus longue en Europe sur le plan légal. Plusieurs propositions visant à la réduire ont été rejetées par le passé. Cela n’empêche pas certaines entreprises suisses d’adopter la semaine de quatre jours ou d’autres dispositifs pour améliorer l’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle.
Canada : 35,7 heures en moyenne
L’OCDE ne dispose pas de données comparables pour le Canada, mais selon l’organisme Statista, la durée moyenne de la semaine de travail y était de 35,7 heures en 2021 et 2022, contre 35,8 heures en 2020.
La durée légale de travail est fixée à 40 heures par semaine, avec un maximum autorisé de 48 heures, un seuil qui peut varier selon les provinces et les secteurs d’activité.
Irlande : 35,1 heures en moyenne
L’Irlande ne fixe pas de durée légale standard pour la semaine de travail, mais impose une limite maximale de 48 heures. En pratique, les salariés travaillent bien moins que ce plafond. La durée hebdomadaire moyenne s’élève à 35,1 heures, en hausse par rapport à 2010, où elle était de 33,9 heures.
Cette moyenne relativement basse s’explique par la forte proportion de travailleurs à temps partiel. Certains secteurs restent toutefois exigeants, comme l’agriculture, où la semaine de travail atteint couramment 48 heures. C’est en partie pour cette raison que de nombreuses voix s’élèvent aujourd’hui en faveur d’une semaine de quatre jours.
Autriche : 35 heures en moyenne
En Autriche, la durée hebdomadaire moyenne de travail est passée de 36,7 à 35 heures depuis 2010, de plus en plus de salariés privilégiant un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée. Le pays offre par ailleurs un nombre de jours de congés payés supérieur à la moyenne des pays de ce comparatif, ce qui place déjà les travailleurs autrichiens dans une situation enviable.
Des appels à instaurer une semaine de quatre jours se font entendre, mais certains experts estiment qu’une telle réforme pourrait aggraver la pénurie de main-d’œuvre et qu’elle n’est pas indispensable, les heures travaillées étant déjà en baisse.
Belgique : 35 heures en moyenne
En Belgique, la durée moyenne de travail hebdomadaire tourne autour de 35 heures depuis au moins 2010, tandis que la durée légale reste fixée à 38 heures. En 2022, le gouvernement a accordé aux salariés le droit de demander une semaine de quatre jours, à condition toutefois de conserver le même volume horaire total.
Mais dans les faits, moins de 1 % des employés belges ont opté pour ce dispositif, beaucoup rechignant à concentrer leur semaine de travail sur quatre journées plus longues. Ce faible taux d’adhésion met en lumière l’une des limites des initiatives de semaine de quatre jours quand la réduction du temps de travail n’est pas réellement au rendez-vous.
Allemagne : 34,3 heures en moyenne
Le salarié allemand type travaille 34,3 heures par semaine, pour un total annuel de seulement 1 343 heures, le chiffre le plus bas de ce classement. Le travail à temps partiel est désormais la norme outre-Rhin et un récent essai national de la semaine de quatre jours s’est soldé par un véritable succès.
Mais cette évolution ne fait pas l’unanimité. Le ministre-président de Saxe, Michael Kretschmer, a vivement critiqué cette tendance au temps partiel, affirmant que l’Allemagne devait revenir à la semaine de 40 heures pour relancer la croissance et remettre son économie sur les rails.
Pays-Bas : 30,4 heures en moyenne
Plus d’un tiers des travailleurs néerlandais occupent un emploi à temps partiel, soit la proportion la plus élevée de tous les pays de l’OCDE. Aux Pays-Bas, les salariés ont le droit de réduire leur temps de travail, sauf si l’employeur peut invoquer un « motif commercial substantiel » pour le refuser, une option que beaucoup n’hésitent pas à saisir. Il faut dire que les salaires néerlandais comptent parmi les plus élevés au monde.
La semaine réduite est déjà une réalité pour une grande partie de la population active et la principale confédération syndicale du pays, la FNV, milite désormais pour une semaine de 32 heures sur quatre jours pour tous les employés.
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