Dépenses militaires : où se classent les pays européens parmi ces 25 nations ?
Découvrez les dépenses militaires de 25 grands pays

Dans un contexte marqué par la guerre en Ukraine, les conflits au Moyen-Orient et la montée des tensions entre la Chine et l’Occident, les dépenses militaires mondiales atteignent des niveaux records.
Les pays de l’OTAN dominent le classement : en 2024, 23 des 32 États membres ont atteint ou dépassé l’objectif des 2 % du PIB alloués à la défense, contre seulement sept en 2022. Le président des États-Unis pourrait exiger un relèvement de cet objectif à 3 % et a réitéré sa position selon laquelle les alliés de l'OTAN doivent accroître leurs dépenses militaires. Ces déclarations alimentent les discussions sur une possible augmentation des budgets de défense des pays membres de l'OTAN, ravivant ainsi les préoccupations concernant une nouvelle course mondiale aux armements.
En nous appuyant sur les données 2023 du Stockholm International Peace Research Institute (SIPRI) qui suit les dépenses militaires depuis 1949, nous avons classé 25 grandes nations selon la part de leur PIB consacrée à la défense, de la plus faible à la plus élevée. Découvrez quels pays investissent le plus dans leur armée et comment leurs dépenses se positionnent les unes par rapport aux autres. Tous les montants sont indiqués en dollars US, sauf indication contraire.
Adaptation française par Aurélie Blain et Laëtitia Lord
Afrique du Sud : 0,7 % du PIB en 2023 (2,6 Mds €)

Les dépenses militaires de l’Afrique du Sud ont reculé en termes réels au cours de la dernière décennie. Fragilisée par une économie en difficulté, la nation a vu son budget de défense chuter à seulement 0,7 % de son PIB en 2023, un niveau bien inférieur à la moyenne mondiale de 2,3 %.
Des experts alertent sur le sous-financement critique et la surcharge des forces armées sud-africaines. Dean Wingrin, correspondant pour le site spécialisé defenceWeb, qualifie la situation de véritable « désastre » pour la Force de défense nationale sud-africaine (SANDF), déployée en missions de maintien de la paix en République démocratique du Congo et dans des opérations intérieures. Un constat alarmant : 85 % de la flotte de l’Armée de l’air sud-africaine est hors service, tandis que la marine peine à maintenir ses navires de guerre opérationnels, comme le rapporte le site d’information The Conversation.
Suisse : 0,7 % du PIB en 2023 (5,8 Mds €)

Les dépenses militaires de la Suisse en pourcentage du PIB ont chuté de plus de 50 % depuis la fin du communisme il y a trois décennies, alors que ce pays neutre profitait des « dividendes de la paix » de l’après guerre froide.
Cependant, avec le retour de la guerre en Europe, cette réduction des dépenses de défense pourrait avoir des conséquences graves pour la Suisse. Des rapports ont fait état d’un énorme déficit du financement militaire dans le pays et le gouvernement suisse envisage d’augmenter les dépenses de 19 % au cours des quatre prochaines années. Malgré cela, selon les projections officielles, la part du PIB consacrée aux dépenses de défense restera inférieure à 1 % jusqu’en 2032.
Mexique : 0,7 % du PIB en 2023 (10,9 Mds €)

Depuis 1930, le Mexique applique la doctrine Estrada, un principe de non-intervention qui l’amène à se tenir à l’écart des conflits internationaux. Cette approche se reflète dans ses dépenses de défense, historiquement modestes en proportion du PIB.
Cependant, d’après le SIPRI, les dépenses militaires du pays ont bondi de 55 % depuis 2014. Cette hausse s’explique principalement par la détérioration de la sécurité intérieure plutôt que par des menaces extérieures. Ainsi, les fonds consacrés à la Garde nationale, en première ligne dans la lutte contre les cartels, sont passés de 0,7 % du budget de défense en 2019 à un impressionnant 11 % en 2023. Avec des milliers de soldats supplémentaires sur le point d’être déployés à la frontière dans le cadre d’un accord sur la suspension des tarifs douaniers américains sur les importations mexicaines, ce chiffre devrait encore augmenter.
Autriche : 0,8 % du PIB en 2023 (4 Mds €)

La neutralité permanente de l’Autriche a été établie en 1955, lors du retrait des troupes alliées, marquant la création de l’État autrichien moderne. Depuis lors, cette neutralité a conditionné les dépenses de défense du pays, qui sont restées relativement faibles.
D’autres pays neutres de longue date, comme la Suède, ont renoncé à ce statut face à la menace russe, mais l’Autriche a confirmé sa position. Elle a toutefois rejoint l’initiative européenne « Sky Shield », dirigée par l’Allemagne, un projet visant à créer un système européen intégré de défense aérienne. Le gouvernement prévoit de doubler ses dépenses de défense d’ici 2027.
Nouvelle-Zélande : 1,2 % du PIB en 2023 (2,7 Mds €)

Face aux tensions croissantes dans la zone Asie-Pacifique, le gouvernement néo-zélandais envisage de rejoindre l’AUKUS, un pacte de défense réunissant l’Australie, le Royaume-Uni et les États-Unis, et de s’engager davantage dans des missions internationales. Cependant, selon Reuters, le budget de défense du pays pour l’exercice se terminant en juin 2025 a perdu 6,6 % en raison de la faiblesse de l’économie néo-zélandaise, alors que les partenaires régionaux de la Nouvelle-Zélande, y compris le Japon et l’Australie, ont augmenté leurs dépenses.
Plusieurs responsables politiques néo-zélandais ont exprimé le souhait de porter les dépenses de défense du pays à 2 % du PIB, mais cela nécessiterait des économies drastiques sur d’autres postes. En attendant, les forces armées de la nation insulaire ont besoin de nouvelles recrues et d’un renouvellement du matériel. Plusieurs navires sont hors service en raison d’un manque de personnel et les Boeing 757-2K2 vieillissants de la Force aérienne néo-zélandaise tombent régulièrement en panne.
Japon : 1,2 % du PIB en 2023 (46,4 Mds €)

En 2023, le Japon a consacré 50,2 milliards de dollars (46,4 milliards d’euros) à ses forces armées, soit une hausse de 11 % par rapport à 2022 et de 31 % par rapport à 2014. Le gouvernement prévoit une nouvelle augmentation de 10 % des dépenses militaires et ambitionne d’atteindre le seuil symbolique des 2 % du PIB d’ici 2028.
Cette augmentation des dépenses marque un tournant dans le pacifisme historique du Japon. Ce changement de cap a été motivé par l’attitude de plus en plus agressive de la Chine envers Taïwan et ses revendications sur la mer de Chine méridionale, qui exacerbent les tensions dans la région. Tokyo s’inquiète également du programme nucléaire de la Corée du Nord, ce qui pourrait expliquer cette récente hausse des dépenses militaires.
Canada : 1,3 % du PIB en 2023 (25,1 Mds €)

Le gouvernement canadien a fait l’objet de critiques tant sur le plan national qu’international sur la faiblesse de ses dépenses de défense par rapport à son PIB. En 2023, les dépenses du Canada s’élevaient à 27,2 Mds $ (25,1 Mds €), représentant seulement 1,3 % de la production annuelle du pays. Cela en fait l’un des membres de l’OTAN les plus économes en matière de défense.
Lors d’un sommet de l’OTAN à Washington en juillet dernier, l’ancien Premier ministre canadien Justin Trudeau avait annoncé que le pays atteindrait l’objectif des 2 % du PIB consacrés à la défense d’ici 2032. Cependant, selon la chaîne canadienne CTV News, les dirigeants d’entreprise et les parties prenantes demeurent sceptiques quant à la possibilité d’y parvenir, en raison du manque de détails fournis à l’époque et de la pression que ce plan exercerait sur les finances publiques. Le successeur de Justin Trudeau, Mark Carney, s’est engagé à atteindre l’objectif des 2 % d’ici 2030 et à investir quelque 4 Mds $ (3,7 Mds €) dans un système de détection précoce des missiles.
Espagne : 1,5 % du PIB en 2023 (21,9 Mds €)

Les dépenses de défense de l’Espagne représentaient 1,5 % de son PIB en 2023. Cependant, selon les estimations de l’OTAN, les dépenses de la nation pour 2024 sont tombées à 1,28 %, ce qui en fait le contributeur le moins généreux de l’alliance en termes relatifs. Le président américain Donald Trump a critiqué le pays, qualifiant son budget de « très bas ».
L’Espagne a considérablement augmenté ses dépenses militaires ces dernières années. Lorsque le gouvernement de Pedro Sánchez est arrivé au pouvoir en 2018, les dépenses du pays en matière de défense ne représentaient que 0,93 % de son PIB. L’Espagne affirme qu’elle renforce désormais ses efforts tout en résistant aux pressions américaines pour augmenter encore davantage ses dépenses militaires. Selon la ministre espagnole de la Défense, Margarita Robles, le pays devrait atteindre l’objectif de 2 % du PIB fixé par l’OTAN d’ici 2029, soit trois ans avant le Canada, qui ne devrait atteindre ce seuil qu’en 2032.
Allemagne : 1,5 % du PIB en 2023 (61,8 Mds €)

En 2023, l’Allemagne a consacré 1,5 % de son PIB à la défense, égalant ainsi l’effort de l’Espagne en termes relatifs. En janvier, le gouvernement a annoncé avoir atteint l’objectif des 2 % du PIB l’an dernier, une première depuis la fin de la guerre froide. La plus grande économie d’Europe a alloué 93,7 milliards de dollars (85,9 milliards d’euros) à la défense, bien que l’ensemble du budget n’ait pas été entièrement utilisé.
En 2023, l’Allemagne a consacré 1,5 % de son PIB à la défense, un niveau équivalent à celui de l’Espagne. En janvier dernier, le gouvernement a annoncé avoir atteint l’objectif des 2 % en 2024 – une première depuis la fin de la guerre froide. La première économie d’Europe a alloué 93,7 Mds $ (87 Mds €) à son budget de défense, même si la totalité de cette somme n’a pas été utilisée.
L’Allemagne prend toutefois très au sérieux la menace russe, et le vainqueur des élections de février, Friedrich Merz (CDU), a négocié un accord historique permettant de débloquer plusieurs milliards d’euros pour la défense grâce à un assouplissement inédit des règles encadrant l’endettement du pays.
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Chine : 1,7 % du PIB en 2023 (273 Mds €)

Après les États-Unis, la Chine est le deuxième pays au monde qui consacre le plus de moyens à la défense, en valeur absolue. En 2023, la République populaire y aurait injecté quelque 296 Mds $ (275 Mds €), selon les estimations du SIPRI, soit l’équivalent de 1,7 % de son PIB. Certains observateurs estiment toutefois que les dépenses réelles seraient bien plus élevées que ce que Pékin communique à l’international.
De quoi inquiéter l’Occident et ses alliés dans la région : la Chine a récemment supprimé toute référence à une « réunification pacifique » avec Taïwan, signe d’un durcissement de sa position envers ce qu’elle considère comme une province sécessionniste.
Autre source de tension, Pékin a augmenté son budget militaire de 7,2 % en 2024. Selon le South China Morning Post, cette rallonge est destinée à renforcer l’état de préparation au combat et à « se préparer à la guerre » – un message glaçant aux potentielles répercussions mondiales.
Australie : 1,9 % du PIB en 2023 (29,9 Mds €)

Alors que la Chine fait montre de sa puissance dans la zone Asie-Pacifique, l’Australie ne prend aucun risque en matière de défense. En 2023, un groupe d’experts en sécurité nationale, réuni par les journaux australiens The Sydney Morning Herald et The Age, a averti qu’une guerre avec la République populaire de Chine pourrait éclater dès 2026, l’invasion chinoise de Taïwan en étant le principal déclencheur potentiel.
Membre de l’alliance AUKUS, l’Australie a consacré 36,8 Mds $ (28,4 Mds€) à la défense en 2024, une augmentation considérable par rapport à l’année précédente, représentant un peu plus de 2 % de son PIB. Au cours de la prochaine décennie, les dépenses de défense australiennes devraient atteindre environ 2,4 % du PIB du pays, selon Reuters.
Examinons maintenant les pays qui allouent plus de 2 % de leur PIB à la défense...
France : 2,1 % du PIB en 2023 (56,2 Mds €)

Selon les données du Stockholm International Peace Research Institute (SIPRI) pour 2023, la France a consacré 61,3 milliards de dollars (56,2 Mds €) à la défense, ce qui représente 2,1 % de son PIB. Le pays a rejeté les critiques formulées par le secrétaire d’État américain Marco Rubio sur le budget, affirmant qu’il prévoyait également de doubler ses dépenses d’ici 2030.
Toujours selon le SIPRI, la France fait partie des pays qui profitent de la montée en puissance du réarmement. Elle a même dépassé la Russie pour devenir le deuxième plus grand exportateur d’armes au monde, derrière les États-Unis, avec 11 % du marché mondial.
Taïwan : 2,2 % du PIB en 2023 (15,3 Mds €)

Alors que les tensions avec la Chine restent vives, Taïwan a augmenté ses dépenses militaires de 11 % en 2023, atteignant 16,6 Mds $ (15,4 Mds €).
L’île ne cesse de renforcer son budget de défense ces dernières années. En août 2024, le gouvernement a ainsi proposé un budget avoisinant les 19,6 Mds $ (près de 18,2 Mds €), soit 2,45 % du PIB taïwanais. Un effort jugé encore insuffisant par l’Atlantic Council, qui estime que Taïwan devrait porter ce ratio à au moins 3 % pour véritablement renforcer ses capacités militaires et envoyer un signal dissuasif clair à Pékin. Donald Trump va encore plus loin, affirmant que Taïwan devrait consacrer un impressionnant 10 % de son PIB à la défense pour faire face à la menace.
Royaume-Uni : 2,3 % du PIB en 2023 (68,6 Mds €)

Le Royaume-Uni a atteint en 2023 la moyenne mondiale des dépenses militaires, soit 2,3 % du PIB. Selon le SIPRI, le pays a alloué 74,9 milliards de dollars (68,6 Mds €) à la défense cette année-là. Toutefois, certains critiques estiment que ce chiffre inclut les pensions militaires et dénoncent un affaiblissement des forces armées, l’armée britannique étant à son plus bas niveau depuis le début du XIXe siècle.
Le Premier ministre travailliste Keir Starmer a annoncé une hausse des dépenses militaires à 2,5 % du PIB d’ici 2027, soit trois ans plus tôt que prévu. Il a également exprimé l’ambition de porter ce budget à 3 % du PIB au cours du prochain mandat parlementaire, probablement après 2029. Pour financer cette première augmentation, il prévoit une réduction du budget de l’aide internationale.
Inde : 2,4 % du PIB en 2023 (77,3 Mds €)

En 2023, l’Inde se classait au quatrième rang mondial des pays ayant les plus grandes dépenses militaires en valeur absolue, derrière les États-Unis, la Chine et la Russie. Ses dépenses de 83,6 Mds $ (77,3 Mds €) représentaient 2,4 % de son PIB.
Pendant des décennies, le Pakistan, l’ennemi juré de l’Inde, a été la principale source de préoccupation de New Delhi en matière de défense, mais ces dernières années, c’est la Chine qui a pris sa place, en raison des tensions croissantes à la frontière entre les deux pays. Bien que l’Inde augmente ses dépenses militaires, le Dr Amit Singh, analyste reconnu en matière de sécurité nationale, a déclaré à The Economic Times début juillet que le budget du pays « n’est pas suffisant au regard de la menace que représente la Chine pour l’Inde. »
Singapour : 2,7 % du PIB en 2023 (12,2 Mds €)

En 2023, Singapour a consacré 13,2 Mds $ (12,2 Mds €) à la défense. Ce montant représentait 2,7 % du PIB de la cité-État, soit une hausse par rapport aux 2,6 % de 2022.
Comme l’a rapporté le Straits Times, le ministre de la Défense de Singapour, Ng Eng Hen, a récemment annoncé que les dépenses militaires de la nation devraient atteindre environ 3 % de son PIB au cours de la prochaine décennie, sauf en cas de conflit. Dans un contexte mondial tendu, marqué notamment par l’agression de la Chine, le ministre a évalué la menace de conflits mondiaux ou régionaux comme étant « non nulle », une progression par rapport à l’estimation précédente de « peu probable ».
Pakistan : 2,8 % du PIB en 2023 (7,8 Mds €)

Le Pakistan est avant tout préoccupé par son conflit de longue date avec l’Inde et par la lutte contre le groupe terroriste TTP, également connu sous le nom de talibans pakistanais. Contrairement à l’Inde, le Pakistan est un allié de la Chine dans la région.
Les dépenses militaires du pays par rapport à son PIB ont augmenté, passant de 2,6 % en 2022 à 2,8 % en 2023. Cependant, en raison de la détérioration de la situation économique du pays, les dépenses réelles allouées à la défense ont en réalité diminué, passant de 11 Mds $ (10,2 Mds €) à 8,5 Mds $ (7,8 Mds €). Le budget de défense du Pakistan pour l’exercice 2023-2024 a augmenté de 16 % alors que la situation sécuritaire se détériore et que les tensions avec l’Inde s’intensifient. Cette forte hausse a suscité la colère du Fonds monétaire international (FMI), qui a conclu un plan de sauvetage de 3 Mds $ (2,7 Mds€) avec le gouvernement pakistanais pour soutenir son économie en difficulté.
Corée du Sud : 2,8 % du PIB en 2023 (44,3 Mds €)

Les dépenses militaires de la Corée du Sud en proportion de son PIB sont passées de 2,7 % à 2,8 % en 2023, soit une augmentation de 1,5 Md $ (1,4 Mds €).
Les tensions entre la Corée du Sud et la Chine augmentent, mais la véritable menace pour le pays provient de la Corée du Nord. Le SIPRI n’a pas pu recueillir de données sur les dépenses militaires engagées par la Corée du Nord, mais on estime qu’elles représentent 25 % du PIB du pays. Les relations avec le régime de Kim Jong-un ont littéralement touché le fond, le pays devenant de plus en plus hostile envers son voisin du sud. C’est pourquoi Séoul s’est engagé dans une frénésie de dépenses militaires.
Le gouvernement sud-coréen prévoit de dépenser 263 Mds $ (243 Mds €) au cours des cinq prochaines années pour renforcer ses capacités de défense et moderniser son système de défense des « trois axes », afin de contrer une éventuelle attaque nord-coréenne grâce à l’intelligence artificielle et à d'autres technologies avancées.
Colombie : 2,9 % du PIB en 2023 (9,9 Mds €)

Minée par des problèmes internes, la Colombie concentre l’essentiel de ses dépenses militaires sur son propre territoire. Si le Brésil investit davantage en valeur absolue, c’est la Colombie qui affiche le budget de défense le plus élevé d’Amérique du Sud en proportion du PIB, même si ce taux est passé de 3,5 % en 2020 à 2,9 % en 2023.
D’après Global Data, les dépenses repartent néanmoins à la hausse. Cette tendance s’explique en partie par la volonté de lutter contre les milices armées, malgré la prolongation de la trêve signée l’an dernier avec la guérilla de l’ELN. Autres points de tension : un différend frontalier toujours en cours avec le Venezuela.
États-Unis : 3,4 % du PIB en 2023 (847 Mds €)

Les États-Unis consacrent bien plus de fonds à la défense que tout autre pays. En 2023, leurs dépenses militaires ont augmenté de 2,3 %, atteignant un montant colossal de 916 Mds $ (847 Mds €). Cela représente plus de trois fois les dépenses du deuxième pays au monde, la Chine, et équivaut à une part significative de 3,4 % du PIB national.
Pourtant, le président Donald Trump pousse les autres membres de l'OTAN à porter leurs dépenses militaires jusqu'à 5 % du PIB. Il exige que les nations européennes assument davantage la défense de leur propre continent, une pression qui a déjà conduit certains pays à annoncer des hausses budgétaires.
Par ailleurs, Trump pourrait négocier un accord avec la Russie pour mettre fin à la guerre en Ukraine, ce qui pourrait entraîner une cession de territoires à l'envahisseur. Il a également exprimé sa volonté d’adopter une position plus ferme face à d'autres menaces, notamment la Chine et l'Iran.
Pologne : 3,8 % du PIB en 2023 (29 Mds €)

La Pologne est le pays de l’OTAN qui consacre la plus grande part de son PIB à la défense, avec un budget atteignant 3,8 % de sa production annuelle. Un niveau bien au-delà de l’objectif des 2 %, et qui se rapproche du seuil de 5 % suggéré par Donald Trump. En 2023, Varsovie a investi 31,6 milliards de dollars (29 Mds €) dans son armée.
En 2022, lorsque la Russie a envahi l’Ukraine, cette proportion n’était encore que de 2,2 %. Depuis, la Pologne, qui affiche une position résolument pro-ukrainienne, a considérablement renforcé son effort militaire. Le ministre polonais des Affaires étrangères, Radoslaw Sikorski (ici aux côtés du Premier ministre Donald Tusk), a récemment déclaré à Bloomberg Television que le pays porterait ses dépenses militaires à 5 % du PIB en 2025.
Israël : 5,3 % du PIB en 2023 (25,2 Mds €)

L’invasion de Gaza par Israël, déclenchée par le massacre perpétré par le Hamas le 7 octobre 2023, devrait coûter environ 70 milliards de dollars (64,2 Mds €) au pays d’ici la fin de l’année. Rien qu’en 2024, la facture s’élève déjà à 28 milliards de dollars (25,2 Mds €) selon le ministère israélien des Finances.
Ce montant marque une augmentation notable par rapport à 2022, où les dépenses militaires s’élevaient à 23,4 milliards de dollars (21,4 Mds €), représentant 4,5 % du PIB. La guerre contre le Hamas, et dans une moindre mesure le conflit avec le Hezbollah, exercent une pression considérable sur les finances publiques israéliennes. En 2024, le déficit budgétaire du pays a grimpé à 6,9 %, tandis que la dette publique a atteint 69 % du PIB.
Russie : 5,9 % du PIB en 2023 (100 Mds €)

Alors que l'invasion de l'Ukraine est entrée dans sa troisième année, les dépenses militaires russes ont explosé en 2023, atteignant environ 109 milliards de dollars (100 Mds €), soit 5,9 % du PIB. Cette tendance ne fait que s’intensifier : en 2024, le budget de la défense devrait grimper à 145 milliards de dollars (133 Mds €), représentant 6,3 % du PIB.
Le président Vladimir Poutine a placé l’économie russe en mode guerre, dopant ainsi une croissance impressionnante. Dans ce contexte, des pays comme la Chine et l’Inde soutiennent les finances du Kremlin en achetant massivement du pétrole et d’autres ressources naturelles russes. Pourtant, en misant tout sur l’effort de guerre, Moscou se retrouve dans une impasse. Comme l’explique l’économiste Renaud Foucart sur le site The Conversation, la Russie ne peut ni se permettre de perdre cette guerre ni réellement se permettre de la gagner. Quel que soit le scénario, ses perspectives économiques à long terme semblent bien sombres.
Arabie saoudite : 7,1 % du PIB en 2023 (70,1 Mds €)

Les dépenses de défense de l’Arabie saoudite ont légèrement augmenté, passant de 75 Mds $ (69,3 Mds €) en 2022 à 75,8 Mds $ (70,1 Mds€) l’année dernière, mais la part des fonds alloués à la défense par rapport au PIB du pays a chuté de 7,4 % à 7,1 %.
Quoi qu’il en soit, l’Arabie saoudite, engagée dans la guerre au Yémen, effectue les plus gros achats d’armes du Moyen-Orient, mais aussi les plus grosses dépenses militaires de la région. Cet État riche du Golfe a augmenté son budget de défense de 3,9 % pour 2024, sans aucun doute en réponse à l’instabilité croissante dans la région. Fait intéressant, Riyad renforce ses liens en matière de défense avec la Chine, qui souhaite accroître son influence dans la région au détriment des États-Unis.
Ukraine : 36,7 % du PIB en 2023 (59,4 Mds €)

L’Ukraine paie un lourd tribut à l’invasion russe. Au-delà des souffrances humaines inimaginables, le conflit représente un fardeau financier colossal.
En 2023, le pays en guerre a consacré 64,8 milliards de dollars (59,4 2,1 milliards de livres sterling) à sa défense, soit un montant équivalent à 36,7 % de son PIB. Malgré le soutien massif des alliés occidentaux, l’Ukraine risque fort de faire défaut sur sa dette. Si certains créanciers publics comme le Royaume-Uni ont accepté de suspendre les remboursements jusqu’en 2027, les créanciers privés – parmi lesquels les géants américains BlackRock, Fidelity et PIMCO – n’ont pas accordé un délai aussi long.
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