Corruption : comment la Suisse s’en sort face aux pays les mieux classés
Les États les plus vertueux ne sont pas sans défauts.

Les pays qui affichent les plus faibles niveaux de corruption sont souvent cités en exemple pour leur gouvernance exemplaire. Pourtant, aucune nation n’est totalement à l’abri des pratiques douteuses, comme l’a révélé l’édition 2024 de l’Indice de perception de la corruption (CPI) de Transparency International.
Ce classement évalue 180 pays et territoires en fonction de la corruption perçue dans leur secteur public, leur attribuant un score de 0 (hautement corrompu) à 100 (parfaitement intègre).
Fait inquiétant, plusieurs grandes puissances économiques, dont les États-Unis, l’Allemagne et la France, ont reculé dans le classement cette année. Découvrez les pays les mieux notés selon Transparency International et vous comprendrez pourquoi même les nations dites « vertueuses » ne sont pas totalement épargnées par la corruption. Tous les montants sont exprimés en dollars US.
Adaptation française par Laure Bartczak
30e – Israël, note CPI : 64

Parmi les pays sélectionnés, Israël affiche le score le plus bas, avec 64 points sur 100. Une légère amélioration par rapport à 2023, où il obtenait quelques points de moins, et une progression de cinq points depuis 2021. Bien que lente, cette avancée reste constante. En revanche, Israël ne figurait pas dans le top 30 du classement CPI de 2023.
La volonté du pays de lutter contre la corruption se manifeste notamment par sa capacité à enquêter sur des affaires impliquant des personnalités de premier plan. C’est le cas de Benjamin Netanyahu (photo), plus ancien chef de gouvernement du pays, actuellement jugé pour corruption, fraude et abus de confiance. L’intéressé conteste fermement l’ensemble des accusations portées contre lui.
28e ex-aequo – États-Unis, note CPI : 65

Passant de la 24ᵉ à la 28ᵉ place, les États-Unis enregistrent une baisse de quatre points par rapport à 2023 dans le classement de Transparency International. Malgré ce recul, l’organisation souligne l’indépendance et l’intégrité du système judiciaire américain, citant notamment les procédures engagées contre Donald Trump ainsi que contre Hunter Biden, fils de l’actuel président. De plus, le gouvernement américain a renforcé sa législation anticorruption avec une nouvelle loi sur les pots-de-vin.
Toutefois, plusieurs failles ternissent le bilan du pays. Parmi elles, des règles éthiques insuffisantes encadrant la Cour suprême, illustrées par les accusations de corruption visant le juge Clarence Thomas.
L’année 2023 a également été marquée par plusieurs scandales retentissants, impliquant des figures politiques de premier plan. Le sénateur Robert Menendez et le député George Santos ont été au cœur d’affaires qui ont encore écorné l’image du pays. Pendant ce temps, le maire de New York, Eric Adams, a plaidé non coupable aux accusations de corruption portées contre lui au niveau fédéral.
28e ex-aequo – Bahamas, note CPI : 65

Les Bahamas obtiennent également un score de 65 points, ce qui leur permet de gagner quelques places au classement, passant de la 30ᵉ à la 28ᵉ position. Pourtant, la corruption demeure un problème majeur dans l’archipel caribéen.
Les dispositifs de protection restent insuffisants, et les autorités tardent à mettre en œuvre les réformes anticorruption annoncées. De plus, la réputation du pays a été sérieusement entachée par la proximité perçue entre le gouvernement et Sam Bankman-Fried (photo), l’ancien magnat des cryptomonnaies condamné pour fraude.
25e ex-aequo – Taïwan, note CPI : 67

Parmi les pays d’Asie les moins touchés par la corruption, Taïwan se distingue par une transparence bien supérieure à celle de la République populaire de Chine voisine, qui revendique l’île comme faisant partie de son territoire. Avec un score de 67 points, identique à celui de l’Indice de perception de la corruption de Transparency International en 2023, Taïwan progresse néanmoins au classement, passant de la 28ᵉ à la 25ᵉ place ex-aequo.
Transparency International qualifie Taïwan de « démocratie complète », où la liberté d’expression est garantie et où les journalistes peuvent travailler sans entrave. Toutefois, la corruption politique reste un sujet de préoccupation, comme l’a illustré l’arrestation en septembre 2024 de l’ancien candidat à la présidentielle Ko Wen-je. Un autre point sensible concerne l’attribution des contrats de défense, souvent entourée de secret et, selon Transparency International, particulièrement exposée aux risques de corruption.
25e ex-aequo – France, note CPI : 67

Dans l’Indice de perception de la corruption de 2023, la France occupait la 20ᵉ place ex-aequo. Depuis, elle a reculé à la 25ᵉ position et perdu quatre points. Malgré des institutions démocratiques solides, son image a été ternie ces dernières années par une série de scandales retentissants impliquant des figures politiques de premier plan, dont l’ancien président Nicolas Sarkozy (photo).
Selon Transparency International, la France dispose de mécanismes efficaces pour lutter contre la corruption, mais leur application reste inégale. Une approche plus proactive pourrait améliorer la situation, estime l’organisation. Son bureau parisien souligne également l’absence d’une politique publique anticorruption globale, un point jugé préoccupant.
25e ex-aequo – Autriche, note CPI : 67

L’Autriche partage la 25ᵉ place avec la France et Taïwan, affichant un score en baisse de quatre points par rapport à 2023, atteignant ainsi son niveau le plus bas jamais enregistré.
Cette tendance à la baisse observée ces dernières années est largement attribuée au népotisme et à une série de scandales politiques. Parmi eux, l’« Ibiza-gate » de 2019, qui a éclaté après la diffusion d’une vidéo montrant l’ancien vice-chancelier Heinz-Christian Strache en pleine discussion avec une femme se présentant comme la nièce d’un oligarque russe lors d’une réunion à Ibiza en 2017.
Plus récemment, en février 2024, l’ancien chancelier Sebastian Kurz a été reconnu coupable de parjure pour avoir menti lors d’une enquête parlementaire sur des soupçons de corruption impliquant son premier gouvernement.
23e ex-aequo – Émirats arabes unis, note CPI : 68

Dans l’Indice de perception de la corruption de 2023, les Émirats arabes unis obtenaient 68 points, un score qui ne leur permettait d’atteindre que la 26ᵉ place ex aequo. Dans le dernier classement, ce même score leur permet toutefois de grimper à la 23ᵉ position. Si la corruption est profondément ancrée au Moyen-Orient, les Émirats se distinguent comme l’un des pays les plus vertueux de la région, affichant le meilleur score du monde arabe.
Cependant, des lacunes persistent en matière de lutte contre la corruption. Selon le Global Organized Crime Index, le pays ne dispose pas de mécanismes réellement efficaces et des membres influents de la famille régnante agiraient en toute « impunité ». Le blanchiment d’argent et d’autres crimes financiers restent des sujets de préoccupation majeurs. Malgré des efforts accrus dans ce domaine, Transparency International estime que beaucoup reste à faire. L’organisation souligne par ailleurs que de nombreux responsables corrompus et criminels possèdent d’importants portefeuilles immobiliers à Dubaï.
23e ex-aequo – Barbade, note CPI : 68

La Barbade perd un point et une place au classement, se retrouvant à la 23ᵉ position ex-aequo avec les Émirats arabes unis. Elle reste néanmoins le pays le moins corrompu des Caraïbes et l’un des mieux classés des Amériques. Transparency International la décrit comme une démocratie relativement stable, caractérisée par un haut niveau de transparence et de participation citoyenne. En 2023, le pays a adopté une loi sur l'intégrité de la vie publique, obligeant les responsables politiques à déclarer leurs intérêts financiers dans un registre public, sous peine d’être disqualifiés de toute fonction officielle pendant dix ans.
Cependant, la corruption demeure un problème de taille. Si la Barbade affiche aujourd’hui un score de 68, le plus élevé de sa région, elle a connu un net recul depuis 2012, où elle atteignait 76 points.
22e – Belgique, note CPI : 69

Le score de la Belgique a chuté de manière significative au cours des cinq dernières années, atteignant 69 points en 2024, soit une baisse de quatre points par rapport à 2023. Elle se classe désormais à la 22ᵉ place du classement. Si la vie publique en Belgique est généralement ouverte et transparente, The Brussels Times souligne que « l’ombre de la corruption plane régulièrement sur la politique belge ».
L’exemple le plus marquant de ces dernières années est le scandale du Qatargate, impliquant des allégations de pots-de-vin versés par des responsables qatariens à des politiciens européens pour influencer les décisions du Parlement européen.
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20e ex-aequo – Royaume-Uni, note CPI : 71

Avec un score de 71 points, le Royaume-Uni se maintient au même niveau qu’en 2023, mais la tendance à la baisse est nette ces dernières années. En 2017, il affichait encore 11 points de plus. Bien qu’il figure toujours parmi les 20 pays les moins corrompus du monde, il était autrefois un habitué du top 10.
Pour expliquer cette dégradation, Transparency International pointe plusieurs facteurs, notamment les préoccupations autour du financement des grands partis politiques britanniques et l’enquête visant l’ancien Premier ministre Boris Johnson, accusé d’avoir induit le Parlement en erreur au sujet des violations des règles de confinement liées à la pandémie de COVID-19.
Quelques signaux positifs émergent néanmoins. Après plus de deux ans sans titulaire, le Royaume-Uni a enfin nommé Margaret Hodge au poste de championne de la lutte contre la corruption. Le gouvernement a également annoncé un financement supplémentaire conséquent pour l’unité anticorruption internationale de la National Crime Agency.
20e ex-aequo – Japon, note CPI : 71

Le Japon recule à la 20ᵉ place ex-aequo, après avoir occupé la 16ᵉ position l’an dernier. Son score a chuté de deux points par rapport à l’édition 2023 de l’indice.
Ce déclin n’a rien de surprenant, le pays ayant traversé un vaste scandale de corruption en 2023. Une faction du Parti libéral-démocrate (PLD), au pouvoir, a été accusée d’avoir détourné des fonds issus d’événements de collecte, entraînant la démission de plusieurs ministres. L’affaire a finalement précipité la chute du Premier ministre Fumio Kishida, remplacé depuis par Shigeru Ishiba (photo). Lors des élections suivantes, les électeurs ont sanctionné le PLD, provoquant un recul de son score électoral.
18e ex-aequo – Seychelles, note CPI : 72

Les Seychelles poursuivent leur ascension. Leur score a progressé de manière spectaculaire au cours de la dernière décennie et gagne encore un point , atteignant 72 dans le dernier classement. Leur position s’améliore également, passant de la 20ᵉ à la 18ᵉ place ex-aequo.
Le pays est désormais le moins corrompu d’Afrique, tout en étant aussi le plus petit et le moins peuplé du continent. D’importants efforts sont déployés pour assainir la vie publique, notamment grâce à la Commission anticorruption des Seychelles (ACCS) et d’autres instances.
Cependant, la corruption reste un défi majeur, comme en témoignent deux affaires en cours instruites par l’ACCS. L’une concerne la disparition de 50 millions de dollars (47,6 millions d’euros) d’aides internationales, un scandale impliquant l’ancienne Première dame. L’autre porte sur la mauvaise gestion de prêts au sein de la Seychelles Business Finance Agency (SBFA).
18e ex-aequo – Bhoutan, note CPI : 72

Le Bhoutan poursuit sa progression dans l’indice de perception de la corruption, améliorant son score de 68 à 72 et grimpant au classement de la 26ᵉ à la 18ᵉ place ex aequo. Il s’impose désormais comme le pays le moins corrompu d’Asie du Sud.
Célèbre pour sa quête du Bonheur National Brut, privilégiant le bien-être de la population plutôt que la seule croissance économique, ce royaume himalayen s’appuie sur plusieurs leviers pour lutter contre la corruption. Parmi eux, le filtrage d’intégrité, les audits de mode de vie des fonctionnaires et le renforcement des organismes de régulation. Il dispose d’une commission anticorruption efficace et son gouvernement est régulièrement salué pour sa transparence.
Toutefois, des zones d’ombre subsistent. Le secteur des douanes reste particulièrement vulnérable aux pots-de-vin dans le cadre du commerce transfrontalier. Par ailleurs, la passation des marchés publics n’est pas totalement épargnée, certaines attributions de contrats étant entachées de favoritisme et de corruption.
17e – Hong Kong, note CPI : 74

Le score de Hong Kong a diminué d’un point dans le dernier indice de perception de la corruption, faisant reculer la ville de la 14ᵉ place ex-aequo à la 17ᵉ position parmi les territoires les moins corrompus.
L’Independent Commission Against Corruption (ICAC), l’agence locale dédiée à la lutte contre la corruption, traque sans relâche les infractions, y compris les délits mineurs, ce qui contribue largement à maintenir Hong Kong à un niveau relativement élevé dans le classement. Toutefois, la région administrative spéciale de Chine est encore loin d’être exempte de corruption, et cette baisse d’un point souligne qu’il reste du travail à faire pour assainir davantage le territoire.
15e ex-aequo – Allemagne, note CPI : 75

L’Allemagne fait partie des grandes puissances dont les efforts anticorruption ont été mis à mal dans le dernier indice. Le pays sort du top 10 et chute à la 15ᵉ place ex-aequo, avec un score réduit à 75 points, soit trois de moins qu’en 2023. Transparency International pointe un manque de transparence dans le financement des partis politiques comme principal facteur de ce recul.
Une représentante du bureau allemand de l’organisation a notamment évoqué un don d’un million d’euros accordé au parti Alternative pour l'Allemagne (AfD) par un sympathisant autrichien. Selon elle, de telles pratiques compromettent l’équité du débat politique et sapent la confiance des citoyens dans la démocratie, comme l’a rapporté la chaîne internationale publique Deutsche Welle.
15e ex-aequo – Canada, note CPI : 75

Le Canada figure également parmi les pays en recul, passant de la 12ᵉ place ex-aequo en 2023 à la 15ᵉ position, après une baisse d’un point à 75. Il s’agit de son plus mauvais classement depuis la création de l’Indice de perception de la corruption il y a 30 ans. En 2012, le pays affichait un score de 84 et figurait encore dans le top 10, position où il s’est maintenu jusqu’en 2019.
Ironiquement, la réputation du Canada en tant que démocratie stable où l’État de droit prime en a fait un terrain privilégié pour le blanchiment d’argent, selon Transparency International. L’organisation estime que l’équivalent de 79,5 milliards de dollars (75,7 milliards d’euros) est blanchi chaque année dans le pays, attirant ainsi criminels et capitaux d’origine douteuse.
13e ex-aequo – Uruguay, note CPI : 76

L’an dernier, le Canada était le pays le mieux classé des Amériques, mais cet honneur revient désormais à l’Uruguay, qui atteint la 13ᵉ place ex aequo avec un score de 76 points. Surnommé la « Suisse de l’Amérique du Sud », l’Uruguay fait figure de modèle en matière de lutte contre la corruption, loin devant le Chili, deuxième pays sud-américain le mieux classé, qui se situe à la 32ᵉ place.
L’un des points forts de l’Uruguay réside dans ses institutions solides. Le pays bénéficie d’une démocratie stable, de mécanismes efficaces de participation citoyenne et de politiques favorisant l’accès à l’information publique. Toutefois, cela n’a pas empêché une série de scandales de corruption sous la présidence sortante de Luis Lacalle Pou. En mars, il cédera sa place à Yamandú Orsi (photo).
13e ex-aequo – Estonie, note CPI : 76

L’Estonie partage la 13ᵉ place ex-aequo avec l’Uruguay, conservant un score de 76 points, identique à celui de 2023. Cependant, alors que ce même score lui permettait d’atteindre la 12ᵉ position l’an dernier, le pays recule légèrement dans le classement.
L’Estonie reste de loin le pays le moins corrompu d’Europe de l’Est, mais plusieurs scandales ont entaché sa réputation ces dernières années. En janvier 2021, le gouvernement s’est effondré et le Premier ministre Jüri Ratas a démissionné après l’ouverture d’une enquête pour corruption immobilière visant l’un des partis de la coalition au pouvoir.
10e ex-aequo – Irlande, note CPI : 77

L’Irlande se classe à la 10ᵉ place ex-aequo avec un score de 77 points, identique à celui de 2023. Toutefois, alors qu’elle occupait la 9ᵉ position l’an dernier, elle perd une place dans le classement.
Si l’île d’Émeraude dispose de solides mesures anticorruption, elle rencontre, à l’instar du Canada, des problèmes liés au blanchiment d’argent. Transparency International a ainsi appelé à une plus grande transparence en matière de propriété immobilière et d’entreprises.
L’accès aux registres des bénéficiaires effectifs en Irlande est entravé par un système excessivement complexe, qui facilite involontairement le travail des criminels cherchant à dissimuler leurs fonds dans le pays.
10e ex-aequo – Islande, note CPI : 77

Deux autres pays partagent la 10ᵉ place ex-aequo avec l’Irlande. Parmi eux, l’Islande, qui a connu une remontée spectaculaire en passant de la 19ᵉ à la 10ᵉ position, avec un score en hausse de cinq points, atteignant 77.
Ce progrès marque un retour en force après le pire score jamais enregistré par le pays, 72 points, attribué à plusieurs scandales de corruption. Parmi eux, l’affaire « Fishrot , où des hommes d’affaires et des politiciens namibiens ont été accusés d’avoir manipulé des quotas de pêche au profit d’une entreprise islandaise en échange de pots-de-vin.
Le manque de transparence entourant les privatisations bancaires en Islande a également pesé dans la balance, tout comme une série d’affaires de corruption et de pots-de-vin survenues ces dernières années.
10e ex-aequo – Australie, note CPI : 77

Le dernier pays à partager la 10ᵉ place ex-aequo avec l’Irlande et l’Islande est l’Australie. En forte progression, elle passe de la 14ᵉ à la 10ᵉ position, avec un score en hausse de deux points depuis l’édition 2023 de l’indice.
Selon Transparency International, l’Australie est en train de redresser la barre dans la lutte contre la corruption, mais des menaces persistent pour la démocratie du pays. L’organisation met en garde contre l’influence des lobbyistes rémunérés sur les parlementaires, la répression des lanceurs d’alerte, ainsi que le scandale du « Dark Money », qui a révélé l’existence de 70 millions de dollars australiens (42 millions d’euros) de dons non déclarés versés aux principaux partis politiques.
Le gouvernement d’Anthony Albanese tente actuellement de renforcer la réglementation sur le financement des partis politiques afin de limiter ces dérives.
9e – Pays-Bas, note CPI : 78

Le score des Pays-Bas a reculé d’un point dans l’édition 2024 de l’indice de perception de la corruption, atteignant son niveau le plus bas jamais enregistré. Le pays, qui avait atteint un sommet avec 84 points en 2015, voit son classement glisser de la 8ᵉ à la 9ᵉ place parmi les nations les moins corrompues.
Ce déclin est préoccupant, selon Transparency International, qui l’attribue à plusieurs facteurs. Parmi eux : l’influence croissante du crime organisé, un affaiblissement des contre-pouvoirs et un manque de transparence dans le lobbying.
8e – Suède, note CPI : 80

Passant de la 6ᵉ place ex-aequo avec 82 points à la 8ᵉ position avec seulement 80 points, la Suède voit son statut de modèle anticorruption quelque peu terni. Bien que ses mesures de lutte contre la corruption restent exemplaires à l’échelle mondiale, son score a chuté de neuf points depuis 2015, un déclin significatif.
Parmi les raisons avancées, certains observateurs pointent du doigt le favoritisme, des lacunes dans les marchés publics et la montée du crime organisé. Transparency International met également en avant des problèmes dans le système judiciaire, notamment le mode de nomination des juges, actuellement désignés par le gouvernement plutôt que par un organisme indépendant.
5e ex-aequo – Suisse, note CPI : 81

À l’inverse, la Suisse gagne une place, passant de la 6ᵉ à la 5ᵉ position ex-aequo, bien que son score ait diminué d’un point par rapport à 2023. Un recul notable lorsqu’on se souvient qu’en 2016, le pays affichait un bien meilleur score de 86 points.
Son secret bancaire strict reste une cible privilégiée des militants anticorruption, nombreux à dénoncer un système qui facilite le blanchiment d’argent et d’autres délits financiers à grande échelle.
Cependant, des efforts sont en cours. Le gouvernement suisse a proposé une série de mesures contre le blanchiment d’argent, notamment la mise en place d’un registre des bénéficiaires effectifs. Reste à savoir si ces nouvelles régulations seront suffisantes pour répondre aux préoccupations internationales.
5e ex-aequo – Norvège, note CPI : 81

Le score de la Norvège a chuté de trois points depuis 2023, entraînant le pays de la 4ᵉ à la 5ᵉ place ex-aequo. Un déclin marqué, surtout si l’on considère qu’il affichait 85 points en 2021 et un impressionnant 88 en 2015.
Ces dernières années, le pays a été secoué par une série de scandales de conflits d’intérêts impliquant des responsables politiques. Plusieurs ministres accusés d’irrégularités ont dû démissionner, érodant la confiance du public dans le système politique norvégien.
5e ex-aequo – Luxembourg, note CPI : 81

Le Luxembourg progresse dans le classement, passant de la 9ᵉ à la 5ᵉ place ex-aequo, grâce à une hausse de trois points. Une belle performance, bien que son score ait diminué depuis son pic de 85 points en 2015.
Au cours de l’année écoulée, le grand-duché a renforcé la protection des lanceurs d’alerte et consolidé ses autres initiatives anticorruption. Ces efforts lui ont permis d’être retiré de la liste de surveillance de la corruption du Groupe d’États contre la corruption (GRECO) du Conseil de l’Europe.
Cependant, le Luxembourg peut encore s’améliorer en matière de transparence. Son gouvernement a été critiqué par l’Union européenne pour son manque d’accès aux documents officiels et au registre parlementaire.
4e – Nouvelle-Zélande, note CPI : 83

Peu de pays se plaindraient d’occuper la 4ᵉ place d’un tel classement, mais la Nouvelle-Zélande faisait encore mieux en 2023, où elle se hissait à la 3ᵉ position avec un score de 85 points. Cette baisse s’inscrit dans une tendance à la baisse observée depuis 2021, année où le pays affichait encore 88 points.
Selon Transparency International, l’image exemplaire de la Nouvelle-Zélande commence à se ternir, notamment en raison d’un manque de confiance du monde des affaires. Les inquiétudes portent sur l’intégrité des marchés publics, la fiscalité et les opportunités commerciales, des domaines où la transparence est jugée insuffisante.
3e – Singapour, note CPI : 84

Nous entrons désormais dans le top 3 avec Singapour, qui affiche un impressionnant 84 points et progresse dans le classement après avoir occupé la 5ᵉ place l’an dernier. Le pays le moins corrompu d’Asie continue de renforcer son image de tolérance zéro face à la corruption, un principe clé de son gouvernement reconnu pour son intégrité.
Cependant, même Singapour n’est pas exempt de scandales. En 2024, l’ancienne figure du gouvernement Subramaniam Iswaran, ex-ministre des Transports, a été reconnu coupable de corruption et incarcéré pour avoir accepté des cadeaux d’une valeur de 300 000 dollars (285 000 euros) alors qu’il était en fonction. Il a toutefois bénéficié d’un aménagement de peine lui permettant de purger une partie de sa sentence en résidence surveillée.
2e – Finlande, note CPI : 88

Les deux premiers pays du classement restent inchangés par rapport à 2023. En deuxième position, avec 88 points – soit un de plus que l’année précédente – figure la Finlande.
Son ministère de la Justice a renforcé les efforts du pays en matière de lutte contre la corruption en lançant sa première stratégie nationale anticorruption. Si la corruption y est globalement très faible, des pratiques douteuses persistent néanmoins. Selon le Global Organized Crime Index, la Finlande est confrontée à des formes de corruption structurelle, souvent liées à des réseaux sociaux informels et à l’utilisation abusive d’informations privilégiées.
Pays le moins corrompu – Danemark, note CPI : 90

Et le grand vainqueur, pour la septième année consécutive, est le Danemark.
Le pays affiche un score remarquable de 90 points, identique à celui de 2023. S’il est régulièrement salué comme le pays le moins corrompu au monde, cela ne signifie pas qu’il est totalement exempt de pratiques douteuses.
En mars 2023, le groupe de travail de l’OCDE sur la corruption a exhorté le Danemark à renforcer d’urgence ses efforts dans la lutte contre la corruption transnationale, jugeant ses actions dans ce domaine très insuffisantes. Reste à voir si des mesures concrètes seront prises.
Néanmoins, un facteur clé semble contribuer à la réputation d’intégrité du pays : l’attitude de la population face à la corruption. Comme l’a souligné le directeur de la branche danoise de Transparency International, cité par le site The Local : « Les Danois perçoivent la corruption dans leur quotidien. Être plus attentif aux problèmes structurels et en parler permet aussi de les identifier plus rapidement, ce qui change la perception extérieure du pays ».
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