Les 3 Joconde : un mystère à jamais insoluble ?
Non pas une mais trois Mona Lisa
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Décrite comme « l’œuvre d’art la plus célèbre, la plus regardée, la plus inspirante, la plus chantée et la plus parodiée au monde », La Joconde est connue de tous.
Ce que l’on sait moins, c’est que deux autres Mona Lisa ont refait surface ces dernières années — et que leurs propriétaires affirment qu’il s’agit d’œuvres authentiques.
Poursuivez votre lecture pour découvrir l’histoire complexe qui se cache derrière ces trois versions du tableau le plus célèbre du monde.
Adaptation française par Stéphanie Lopez
Un chef-d’œuvre italien

Tout le monde (ou presque) sait que La Joconde est un portrait signé par l’artiste italien Léonard de Vinci, considéré comme un chef-d’œuvre de la Renaissance italienne.
Réalisé à la peinture à l’huile, ce portrait en buste montre une femme au visage calme, vêtue sobrement. Ce sont surtout son sourire énigmatique et le mystère qui entoure son identité depuis des siècles qui ont rendu le tableau de Léonard de Vinci si célèbre.
Qui est la Joconde ?

Le célèbre tableau, qui selon les experts aurait été peint entre 1503 et 1506, fait l’objet de vifs débats. La plupart des spécialistes s’accordent cependant à reconnaître dans ce portrait une femme de la noblesse italienne du nom de Lisa del Giocondo.
Également connue sous le nom de Lisa Gherardini, elle était l’épouse du riche marchand de soie Francesco del Giocondo. On pense que ce dernier a demandé à Léonard de Vinci de peindre le portrait de sa femme pour célébrer la naissance de leur deuxième fils.
Identité confirmée ?
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Une note datée d’octobre 1503 rédigée par l’assistant de Léonard de Vinci, Agostino Vespucci, a été découverte par un chercheur de l’université de Heidelberg en 2005.
Elle a confirmé qu’à cette époque, le peintre travaillait effectivement sur une peinture de Lisa del Giocondo.
À la suite de cette découverte, Vincent Delieuvin (en photo), représentant du Louvre, a déclaré : « Léonard de Vinci peignait, en 1503, le portrait d’une dame florentine du nom de Lisa del Giocondo. Nous en sommes maintenant certains. Malheureusement, nous ne pouvons pas être absolument sûrs que ce portrait est le tableau exposé au Louvre ».
Un mystère non résolu
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Pourtant, il existe de nombreuses autres théories sur l’identité de La Joconde. L’une d’entre elles avance que la mère de Léonard de Vinci, Caterina, pourrait être le sujet du tableau.
Une autre théorie avance que La Joconde serait en réalité un autoportrait féminisé de Léonard de Vinci. Certains chercheurs estiment que Léonard de Vinci aurait délibérément choisi de se représenter en femme, telle une énigme glissée dans son œuvre.
Dans les coffres de la Couronne

Ce que l’on sait avec certitude, c’est que le tableau se trouvait dans l’atelier de Léonard de Vinci à sa mort en 1519.
Léonard de Vinci s’étant installé à la cour royale française quelques années avant sa mort, c’est François Ier (gravure ci-dessus) qui hérite du tableau. La Joconde entre alors dans la collection royale.
Vive la Révolution !

La Joconde demeure dans les palais royaux français jusqu’à la Révolution. À partir de 1789, la collection royale est confisquée par l’État et déclarée propriété nationale.
Depuis 1797, La Joconde est exposée au Louvre, à l’exception d’un bref séjour sur un mur de la chambre de Napoléon.
Le casse du siècle
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Le 21 août 1911, le peintre Louis Beroud se rend au Louvre (en photo) avec l’intention de dessiner une esquisse de La Joconde.
Quelle ne fut pas sa surprise de découvrir que le tableau avait disparu. Après un moment de confusion — l’œuvre a peut-être été déplacée pour être photographiée ailleurs —, on découvre finalement qu’elle a été volée.
Le Louvre ferme alors ses portes, dans l’attente d’une enquête.
Des suspects célèbres
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Soupçonné d’être à l’origine du vol, le poète Guillaume Apollinaire est arrêté et incarcéré.
Il met en cause son ami Pablo Picasso (en photo), qui est à son tour interpellé. Tous deux sont finalement mis hors de cause.
Deux ans plus tard, le véritable coupable est identifié…
Le coupable
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Le voleur n’est autre qu’un employé du Louvre, Vincenzo Peruggia (en photo). Il a orchestré ce vol audacieux en se cachant dans un placard à balais, avant de quitter le musée après la fermeture, le tableau dissimulé sous sa veste.
Peruggia avait participé à la fabrication de la vitrine qui protégeait le portrait, un détail qui l’a aidé à mener son plan à bien.
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Le mobile
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Patriote italien convaincu, Vincenzo Peruggia estime que La Joconde doit revenir dans son pays.
Il conserve le tableau caché dans son appartement pendant deux ans, avant de tenter de le vendre au directeur de la galerie des Offices, à Florence.
L’œuvre est brièvement exposée dans le musée florentin pendant deux semaines, puis renvoyée au Louvre le 4 janvier 1914 (voir photo).
La condamnation de Peruggia est légère : six mois de prison. En Italie, il est salué pour son geste patriote.
Mona Lisa aujourd’hui
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Aujourd’hui, le tableau est exposé derrière une vitre pare-balles dans la salle des États du musée du Louvre, où près de 10,2 millions de visiteurs viennent l’admirer chaque année.
Il est éclairé par une lampe spécialement conçue pour limiter les rayons infrarouges et ultraviolets, qui pourraient altérer la peinture.
Il est quasiment impossible d’estimer la valeur d’une œuvre comme La Joconde, mais le tableau avait été assuré en 1962 pour 100 millions de dollars, soit l’équivalent de 894 M€ en 2025, en tenant compte de l’inflation.
La Mona Lisa de Hekking
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Dans les années 1950, l’antiquaire Raymond Hekking (en photo) affirme que la version de La Joconde qu’il a achetée à un marchand d’art en France pour trois livres sterling (environ 105 € aujourd’hui) serait l’original de Léonard de Vinci.
Selon lui, le tableau exposé au Louvre est un faux, remplacé après le vol de 1911, tandis que l’authentique se trouverait désormais en sa possession.
La campagne médiatique

Pour appuyer ses dires, Raymond Hekking présente le tableau au célèbre historien de l’art Max Jacob Friedländer.
Bien que ce dernier soit en fin de carrière et spécialiste de peinture flamande, il suggère que l’œuvre pourrait bien être la véritable Joconde.
Encouragé par cette prise de position, l’antiquaire lance une vaste campagne médiatique pour en prouver l’authenticité. Il diffuse notamment un film dans lequel on le voit examiner le tableau et faire appel à des experts pour l’analyser.
Une réplique convaincante

Les affirmations de l’antiquaire sont d’abord prises au sérieux par certains membres de la communauté artistique, mais elles finissent par être réfutées.
La « Joconde de Hekking », comme on l’appelle, daterait selon les experts du début du XVIIe siècle. On pense que cette réplique convaincante a été peinte par un admirateur de Léonard de Vinci.
Une vente aux enchères record
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La « Joconde de Hekking » est mise aux enchères chez Christie’s à Paris en juin 2021.
Même si le tableau est un faux, on s’attend à ce qu’il soit adjugé pour la somme impressionnante de 300 000 euros. Et contre toute attente, les enchères s’emballent et le prix s’envole : 2,9 millions d’euros, soit près de dix fois l’estimation — un record pour une fausse Joconde.
Et pourtant, une autre version du tableau continue de semer le doute, beaucoup la considérant comme un original de Léonard de Vinci…
La Joconde avant La Joconde
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L’histoire de la version antérieure de La Joconde, aussi connue sous le nom de « Joconde d’Isleworth » (en photo) commence quelque temps avant la Première Guerre mondiale.
Le collectionneur et marchand d’art anglais Hugh Blaker repère le tableau dans un manoir du Somerset. Il y est accroché depuis plus d’un siècle, après avoir été acheté en Italie, vendu comme une œuvre originale de Vinci.
Le tableau présente une ressemblance frappante avec la célèbre Joconde du Louvre. La différence majeure réside dans l’âge apparent du modèle, dont les traits sont ici plus juvéniles.
Une Mona Lisa plus jeune ?
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Hugh Blaker achète le tableau et l’emporte chez lui à Isleworth, d’où le surnom de « Joconde d’Isleworth ».
Son beau-père, John R. Eyre, publie une monographie suggérant que Léonard de Vinci a travaillé sur deux versions de la Joconde et que le tableau d’Isleworth en est une version antérieure, d’où l’apparence plus jeune du sujet.
Le prix Pulitzer
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Un collectionneur d’art américain du nom d’Henry F. Pulitzer (en photo) achète le tableau.
Le célèbre portrait est stocké dans le coffre d’une banque suédoise, puis vendu par son associé après la mort du collectionneur.
Il va bientôt faire la une des journaux…
The Mona Lisa Foundation
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En 2012, une organisation à but non lucratif, The Mona Lisa Foundation, révèle l’existence du tableau au monde entier, affirmant qu’il s’agit d’une version antérieure de la Joconde peinte par Léonard de Vinci lui-même.
La fondation a, au fil du temps, produit des éléments d’expertise indépendante attestant de la légitimité du tableau. Néanmoins, les chercheurs et les experts ne parviennent pas à se mettre d’accord sur son authenticité.
Interrogé, l’organisme de bienfaisance affirme qu’il n’est pas propriétaire du tableau et que celui-ci appartient à un consortium international anonyme.
À qui appartient réellement le tableau ?
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La propriété de la Joconde d’Isleworth est toutefois contestée lorsqu’un couple de Londoniens, Andrew et Karen Gilbert, affirme détenir 25 % du tableau.
Andrew Gilbert explique que sa famille connaissait Henry F. Pulitzer, qu’elle lui achetait des œuvres d’art et qu’elle lui en revendait également.
Pour étayer leurs propos, le couple présente à la BBC des documents censés démontrer qu’ils détiennent une part du tableau.
The Mona Lisa Foundation, de son côté, qualifie ces allégations de « douteuses et sans fondement ».
Une bataille juridique
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Les Gilbert engagent une bataille juridique contre The Mona Lisa Foundation et font appel à celui qu’on surnomme le « Sherlock Holmes de l’art » pour les défendre.
Christopher Marinello (en photo), PDG et fondateur d’Art Recovery International, a acquis ce surnom après avoir contribué à la restitution d’œuvres d’art pour une valeur totale de 510 millions de dollars (487,3 M€). Son entreprise est par ailleurs impliquée dans certaines des plus grandes affaires du marché de l’art.
Croit-il à l’authenticité du tableau ? Il est catégorique : « Mes clients sont en possession d’un contrat qui prouve qu’ils sont bien copropriétaires de ce tableau, quelle que soit l’origine de l’œuvre ».
La bataille continue
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Par la suite, Karen Gilbert révèle qu’au cours d’une audience, la Mona Lisa Foundation a reconnu que le tableau appartenait à Mona Lisa Inc., une société basée à Anguilla, un territoire d’outre-mer britannique connu pour la discrétion de ses pratiques commerciales.
Interrogé, l’avocat de la fondation, Me Marco Parducci, a déclaré : « The Mona Lisa Foundation ne peut ni valider ni contester la requête de la partie adverse, en raison de ses obligations légales envers les propriétaires, sauf instruction explicite du tribunal ».
La bataille juridique continue. Pendant ce temps, le tableau le plus célèbre du monde ne cesse de fasciner… et de déconcerter.
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