Certains pays semblent riches de l’extérieur mais, en grattant le vernis, on s’aperçoit que leur situation économique est en fait très différente de ce que l’on croit.

Le classement proposé utilise les chiffres les plus récents du PIB par habitant de la Banque mondiale, qui quantifient la production économique de chaque pays par personne et reflètent au plus près la richesse de la population. Parcourez notre galerie photo pour découvrir les douze pays qui ne sont pas aussi riches qu’on pourrait le penser.

Adaptation française par Stéphanie Lopez

Le Nigeria est la plus importante économie d’Afrique et se classe parmi les 30 premières au monde. Le pays regorge de richesses pétrolières et occupe le 10^e rang mondial des réserves prouvées de pétrole. Selon des chiffres récents, c’est aussi le septième plus grand exportateur du fameux or noir.

Les quatre milliardaires du pays jouissent d’une fortune nette combinée de 26,5 milliards de dollars (25,1 milliards d’euros). Selon le magazine Forbes, le fondateur de Dangote Cement, Aliko Dangote, possède la première fortune du pays avec 13,1 milliards de dollars (12,4 milliards d’euros) à son actif, ce qui fait de lui l’individu le plus riche du continent.

Malheureusement, les disparités de richesse sont énormes au Nigeria. Le pays n’est devancé que par l’Inde en ce qui concerne l’extrême pauvreté. Selon certaines estimations, le taux de pauvreté au Nigeria aurait atteint 38,8 % à la fin de l’année 2024.

Au lieu de capitaliser sur les richesses pétrolières du pays, les gouvernements successifs les ont dilapidées, et la corruption est omniprésente.

D’après les dernières données de la Banque mondiale, l’Inde possède la cinquième plus grande économie du monde, supplantant ainsi des pays plus avancés tels que la France et le Canada.

Elle compte le quatrième plus grand nombre de milliardaires de la planète, soit 200 selon les données de Forbes d’avril 2024, ainsi qu’une importante classe moyenne aisée. Des villes comme Mumbai possèdent des gratte-ciel vertigineux et le pays dispose d’une agence spatiale nationale, deux signes classiques d’une nation riche.

Pourtant, le fossé entre les riches et les pauvres est flagrant parmi la population indienne (1,4 milliard d’habitants). La pauvreté est omniprésente et, selon l’outil World Poverty Clock (horloge mondiale de la pauvreté, en français), environ 34,5 millions de personnes (environ 2 % de la population totale) vivent dans l’extrême pauvreté et survivent avec seulement 1,90 dollar (1,80 euro) ou moins par jour.

Plus choquant encore, la moitié de la population n’a pas accès à l’eau potable, tandis que le taux de mortalité infantile reste alarmant.

Sur le papier, l’Iran semble être une nation fabuleusement riche. Après tout, ce pays du Moyen-Orient occupe le quatrième rang mondial des réserves prouvées de pétrole et le deuxième rang mondial des réserves prouvées de gaz naturel.

En outre, il abrite une population très instruite et un nombre croissant de HNWI (High Net Worth Individuals, c’est-à-dire des personnes très fortunées), détrônant ainsi l’Arabie saoudite dans ce dernier domaine. Et n’oublions pas de citer le compte Instagram Rich Kids of Tehran, qui compte 500 000 followers et présente le train de vie somptueux de la jeunesse dorée iranienne.

En réalité, l’Iran est un pays pauvre, soumis à des sanctions strictes imposées par les États-Unis et d’autres pays depuis la Révolution iranienne de 1979.

D’autres facteurs contribuent à son appauvrissement, notamment le manque de compétitivité de l’économie iranienne, essentiellement gérée par l’État, et la corruption généralisée. Les inégalités de revenus sont importantes et près d’un tiers des Iraniens vivent en dessous du seuil de pauvreté. Ce statut s’applique à toute personne dont les revenus mensuels sont inférieurs ou égaux à 200 dollars (environ 189 euros). Cependant, des rapports suggèrent que la proportion d’Iraniens vivant dans la misère est en fait plus proche de 50 %.

L’Indonésie possède la plus grande économie de l’Asie du Sud-Est et ce pays est membre du G20, le groupe des nations les plus riches du monde.

Elle est un exportateur majeur de pétrole et de gaz naturel, et le 12^e pays manufacturier au monde, selon le site World Population Review. Sa capitale animée, Jakarta, regorge de gratte-ciel spectaculaires, de centres commerciaux haut de gamme et d’autres indicateurs classiques de richesse.

La ville est également remplie de taudis sordides, avec un nombre impressionnant de 450 bidonvilles au total. En fait, près de 20 % de la population indonésienne survit avec seulement 3,20 dollars (3 euros) ou moins par jour, tandis que plus de la moitié des Indonésiens vivent avec 5,50 dollars (5,20 euros) ou moins par jour.

En revanche, le nombre de millionnaires dans le pays est estimé à environ 134 000, ce qui témoigne des fortes inégalités de revenus.

Si l’on examine l’économie ukrainienne avant l’invasion russe en février 2022, le pays semblait beaucoup plus riche qu’il ne l’était en réalité. Cela s’expliquait en partie par ses ressources naturelles abondantes, sa population très instruite et son statut de principal exportateur de produits agricoles et de matières premières extraites du sol. Le pays disposait également d’une solide base manufacturière et était devenu un leader dans la prestation de services informatiques externalisés.

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Cependant, même avant le conflit généralisé, l’Ukraine restait le pays le plus pauvre d’Europe en termes de PIB par habitant. Le pays a l’un des niveaux d’inégalité de revenus les plus bas du monde, mais il obtient de mauvais résultats en ce qui concerne la corruption, vestige de l’ancien régime. Toutefois, le gouvernement démocratique du président Zelensky a fait beaucoup pour lutter contre ce fléau.

Hélas, l’économie a été mise à mal par l’annexion de la Crimée par la Russie en 2014. Selon les estimations, l’économie ukrainienne a reculé de 30 % en 2022, année de l’invasion russe.

L’Afrique du Sud possède la deuxième plus grande économie du continent africain et l’un des secteurs agricoles les plus diversifiés et les plus lucratifs au monde. Elle abrite également d’abondantes réserves minérales, allant des diamants et de l’or au minerai de fer et au charbon, et dispose d’industries manufacturière et touristique très développées.

Le pays compte aussi le plus grand nombre de HNWI en Afrique, soit plus de 37 400 personnes très fortunées, et abrite six milliardaires.

Malgré ces indicateurs de richesse, le PIB par habitant est cruellement faible, puisqu’il s’élève à 5 975 dollars (environ 5 655 euros). L’Afrique du Sud détient le triste record du pays le plus inégalitaire au monde : aucune autre nation n’enregistre un écart aussi important entre les nantis et les démunis. Ainsi, tandis que l’élite prospère, la majorité de la population vit dans une pauvreté abjecte.

L’effroyable inégalité des revenus est en partie un vestige du système de l’apartheid, qui a entraîné une ségrégation raciale. Cependant, la corruption et la mauvaise gestion de l’État au cours des trois décennies qui ont suivi la fin de l’apartheid ont également joué un rôle majeur.

Le Brésil est la huitième économie mondiale et l’une des principales nations minières, agricoles et manufacturières du monde. De plus, il possède un secteur tertiaire en pleine expansion.

Le pays se classe au 26^e rang mondial du nombre de millionnaires et au 10^e du nombre de milliardaires, dont 69 au total vivent au Brésil.

Malgré ces chiffres remarquables, les richesses du Brésil se concentrent entre les mains d’une toute petite élite. Le fossé entre les riches et les pauvres est incroyablement large : selon les données de 2022 de l’organisation caritative Oxfam, les six personnes les plus riches du pays possèdent la même richesse collective que la moitié des plus pauvres de la nation, soit environ 107 millions de personnes.

Le groupe de réflexion Fundação Getulio Vargas estime que 12,8 % des Brésiliens, soit 27 millions de personnes, vivent en dessous du seuil de pauvreté de 53 dollars (environ 50 euros) par mois, un pourcentage qui a considérablement augmenté en raison de la pandémie de COVID-19.

Le produit intérieur brut (PIB) de la Chine est le deuxième plus important au monde et on s’attend à ce qu’elle dépasse les États-Unis en tant que première puissance économique mondiale d’ici 2037.

Le géant asiatique compte le deuxième plus grand nombre de millionnaires et de milliardaires de la planète, tandis que plus de la moitié de la population est aujourd’hui considérée comme appartenant à la classe moyenne, contre seulement 3 % en 2000. La Chine semble être une nation richissime. Mais méfions-nous des apparences...

Le PIB par habitant de la République populaire de Chine reflète une toute autre réalité puisqu’elle s’élève à seulement 13 136 dollars (environ 12 410 euros). En 2020, la super puissance asiatique avait apparemment presque éradiqué l’extrême pauvreté, déterminée par le nombre de personnes vivant avec l’équivalent de 2,15 dollars (environ 2 euros) par jour. Cependant, il s’agit toujours d’une nation relativement pauvre, déchirée par les disparités de richesse. Mais ce n’est pas tout : parmi le 1,4 milliard d’habitants que compte le pays, des centaines de millions vivent dans la pauvreté.

Les Maldives se sont imposées comme l’une des premières destinations touristiques de luxe au monde et sont synonymes d’escapade d’une vie.

Avec près de 3,2 milliards de dollars (environ 3 milliards d’euros) générés en 2019, la dernière année non impactée par la pandémie de COVID-19, le secteur du tourisme représente 75 % du PIB de la nation insulaire.

Bien que le pays ait accueilli un nombre record de touristes ces deux dernières années, les recettes financières ont été moindres en raison de la diminution des dépenses et du raccourcissement de la durée des séjours. Compte tenu de la population relativement faible du pays, qui compte un peu moins de 520 000 habitants, on pourrait s’attendre à ce que les Maldiviens soient généralement aisés, malgré le ralentissement lié à la crise sanitaire.

Or, il n’en est rien : près d’un tiers de la population vit dans la pauvreté. Le rapport sur l’indice de pauvreté multidimensionnelle aux Maldives a été compilé en 2020 par le Bureau national de statistique, l’étude ayant été menée en partenariat avec le Bureau régional de l’UNICEF pour l’Asie du Sud, l’UNICEF Maldives et l’Oxford Poverty and Human Development Initiative, un centre de recherche économique.

Cet indice a pris en compte des facteurs tels que l’accès à l’éducation et aux soins de santé, ainsi que les revenus, et a montré que huit pour cent des Maldiviens vivaient avec moins de 4,79 dollars (environ 4,50 euros) par jour. Si l’on considère que les chiffres de ce rapport ont été recueillis en 2016 et 2017, le taux de pauvreté a très certainement augmenté en raison de la pandémie.

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Les visiteurs de la nouvelle capitale étincelante du Kazakhstan, Nur-Sultan, sont sans aucun doute impressionnés par sa magnificence et pourraient facilement penser qu’ils se trouvent dans l’un des pays les plus riches du monde.

À première vue, le Kazakhstan possède une économie florissante, soutenue par d’abondantes ressources minérales et de nombreux investissements directs étrangers.

Bien que la situation ne soit pas aussi extrême que celle parodiée dans les films Borat, ce pays autocratique a encore un long chemin à parcourir avant d’être considéré comme riche.

La corruption est largement répandue et les richesses sont injustement réparties. La moitié de la population kazakhe vit dans des zones rurales, économiquement isolées et dotées de services publics insuffisants. Les bas salaires et les conditions de vie médiocres sont monnaie courante.

La Fédération de Russie est la 11^e économie mondiale, et les exportations de pétrole et de gaz naturel y jouent un rôle clé.

Avant son invasion de l’Ukraine, la vaste nation eurasienne fournissait environ 10 % du pétrole mondial, ce qui représentait les deux tiers de ses exportations totales. Le pays fournissait également environ 40 % du gaz naturel européen. Autre atout, ses exportations de combustibles fossiles sont incroyablement lucratives, en particulier pour ses oligarques milliardaires et son élite politique.

Cependant, la Russie est en quelque sorte un tigre de papier sur le plan économique. Ayant dangereusement mis tous ses œufs dans le même panier, la nation est excessivement dépendante des exportations de combustibles fossiles, actuellement durement touchées par les sanctions et la transition vers des énergies plus propres. La corruption atteint des niveaux record, tout comme l’inégalité des revenus, avec un pour cent des plus riches contrôlant 71 % des richesses du pays.

Environ 13,5 millions de Russes vivent dans la pauvreté, soit l’équivalent de 9,3 % de la population. Même avant l’épidémie de COVID-19 et l’invasion de l’Ukraine, la moitié des actifs gagnaient moins de 550 dollars (approximativement 520 euros) par mois.

Le Mexique est la 12^e économie mondiale, avec un PIB de plus d’un milliard de dollars (environ 940 000 millions d’euros).

Cette nation nord-américaine possède une économie relativement avancée, le secteur des services représentant les deux tiers du PIB, et abrite un grand nombre de citoyens riches, dont des milliardaires tels que le géant des affaires Carlos Slim Helu.

Néanmoins, le PIB par habitant du Mexique est presque huit fois inférieur à celui de son riche voisin du Nord. Un cinquième des travailleurs du pays est employé dans l’agriculture, bien que le secteur ne représente qu’une part minuscule du PIB global, et environ 36 % de la population vit dans la pauvreté, de nombreuses personnes dépendant de l’argent envoyé par des membres de leur famille qui travaillent à l’étranger.

Il va sans dire que l’inégalité des revenus est un problème majeur dans le pays.