La fin des régimes ? Une révolution qui affole l’industrie de la minceur
L’impact des médicaments amaigrissants sur l’avenir des soins de santé
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L’ère des traitements minceur est bel et bien arrivée. Propulsées par des blockbusters commerciaux comme Ozempic et Mounjaro – initialement conçus pour traiter le diabète de type 2 –, les entreprises pharmaceutiques engrangent des milliards grâce à des médicaments ciblant spécifiquement l’obésité, tels que Wegovy et Zepbound.
Les géants Novo Nordisk et Eli Lilly dominent le marché avec ces analogues du GLP-1, qui connaissent une ascension fulgurante à l’échelle mondiale. Leur succès a propulsé leurs actions à des sommets historiques, et la tendance ne fait que s’accélérer.
Mais ce phénomène dépasse largement la seule perte de poids. Des dizaines d’autres traitements sont actuellement en développement, avec un potentiel thérapeutique qui s’étend bien au-delà du simple tour de taille. Ces médicaments dits miracles montrent déjà des résultats prometteurs dans le traitement de l’insuffisance cardiaque, des maladies du foie, de la maladie d’Alzheimer, de la dépression, et même des addictions.
Lisez la suite pour découvrir le boom des médicaments amaigrissants et les perspectives inédites qu’ils ouvrent. Tous les montants mentionnés sont en dollars américains, sauf indication contraire.
Adaptation française par Laure Bartczak et Laëtitia Lord
Les origines des médicaments révolutionnaires anti-obésité

La ruée vers les traitements minceur remonte à la découverte, dans les années 1980, du peptide-1 apparenté au glucagon (GLP-1), une hormone intestinale essentielle.
Ce peptide joue un rôle clé dans l’organisme : il stimule la production d’insuline, réduit le taux de sucre dans le sang et diminue l’appétit en ralentissant la digestion. Très vite, les scientifiques perçoivent son potentiel pour traiter le diabète.
Mais un obstacle majeur se dresse sur leur chemin : lorsqu’il est injecté dans l’organisme, le GLP-1 est rapidement dégradé par les enzymes, le rendant inefficace.
La recherche s’accélère alors pour développer un médicament capable d’imiter l’action de cette hormone tout en prolongeant ses effets. Et au cœur de cette solution… se cache un lézard venimeux.
Un lézard venimeux derrière ce succès

En 1990, le Dr John Eng, chercheur au Veterans Affairs Medical Center de New York, explore les hormones naturelles susceptibles d’avoir des propriétés thérapeutiques. Son attention se porte sur un reptile intrigant : le monstre de Gila, le seul lézard venimeux natif d’Amérique du Nord. Ce dernier a la particularité de maintenir un taux de glycémie stable, même après de longues périodes de jeûne.
Intrigué, le Dr Eng analyse la salive toxique de l’animal et y isole un peptide, l’exendine, qui imite l’action du GLP-1 tout en ayant une durée d’action plus longue. Avec l’aide d’autres experts, il prouve que cette molécule peut traiter efficacement le diabète et en développe une version synthétique : l’exénatide.
Ce peptide devient la base de Byetta, le tout premier médicament analogue du GLP-1, commercialisé aux États-Unis par Amylin Pharmaceuticals en 2005. Mais ce traitement a un inconvénient de taille : il doit être injecté deux fois par jour.
C’est alors que Novo Nordisk entre en scène…
Les analogues du GLP-1 à durée d’action plus longue

Le laboratoire danois Novo Nordisk met au point un analogue du GLP-1 à action prolongée, le liraglutide, en y associant une molécule lipidique. Cette innovation permet de ralentir son élimination par l’organisme et de réduire la fréquence des injections à une par jour.
Commercialisé sous le nom de Victoza, ce médicament contre le diabète est autorisé en 2009 dans l’Union européenne, puis reçoit l’approbation de la FDA aux États-Unis l’année suivante.
Très vite, les patients sous traitement commencent à signaler une perte de poids légère. Novo Nordisk y voit une opportunité et lance des essais cliniques pour tester son efficacité contre l’obésité. Les résultats étant positifs, une version à double dose spécifiquement dédiée à la gestion du poids voit le jour. En 2014, Saxenda est officiellement commercialisé aux États-Unis comme traitement contre l’obésité.
L’innovation sémaglutide de Novo Nordisk

Novo Nordisk reste concentré sur l’amélioration de son médicament contre le diabète. Comme le rapporte le New York Times, la perte de poids n’est pas une priorité immédiate pour l’entreprise. Il y a même une certaine réticence en interne à explorer cette voie.
Les scientifiques du géant pharmaceutique poursuivent néanmoins leurs recherches sur la structure chimique du GLP-1 et découvrent une méthode encore plus efficace pour empêcher l’hormone d’être dégradée, ce qui donne naissance au sémaglutide. Avec cette avancée, une injection par semaine suffit, là où une injection quotidienne était nécessaire auparavant.
Lancement mondial de l’Ozempic et du Rybelsus

Le médicament contre le diabète est approuvé aux États-Unis en 2017 sous le nom d’Ozempic. L’Union européenne, le Japon, le Canada et le Brésil leur emboîtent le pas en 2018, suivis par le Royaume-Uni et l’Australie qui donnent leur feu vert réglementaire en 2019, puis la Chine en 2021. EN 2023, la Nouvelle-Zélande a suivi l’exemple, et l’Ozempic est aujourd’hui proposé dans plusieurs autres pays.
Entre-temps, Novo Nordisk a aussi lancé Rybelsus, une version du médicament sous forme de pilule, destinée à ceux qui ont la phobie des aiguilles.
Lancement de Wegovy aux États-Unis

Contre toute attente, les diabétiques sous Ozempic observent une perte de poids conséquente. Pour des raisons encore largement inconnues, ces patients perdent en moyenne environ 15 % de leur poids corporel, soit trois fois plus qu’avec le Saxenda. S’ensuit un véritable engouement, notamment sur les réseaux sociaux comme TikTok.
En 2021, le médicament est présenté dans l’émission phare de la télévision américaine The Dr Oz Show pour son potentiel de traitement contre l’obésité. Les médias s’emparent du sujet et l’utilisation d’Ozempic comme traitement amaigrissant grimpe en flèche. La même année, Novo Nordisk lance une version améliorée du médicament aux États-Unis, nommée Wegovy, spécifiquement approuvée pour traiter la perte de poids.
Le rôle des célébrités et l’arrivée d’Eli Lilly sur le marché

De plus en plus de célébrités avouent avoir recours à ces médicaments pour perdre du poids, notamment grâce à Ozempic, Wegovy ou d’autres analogues du GLP-1. Parmi elles, on retrouve Elon Musk, Oprah Winfrey, Kelly Clarkson ou encore Sharon Osbourne.
En 2022, le géant pharmaceutique américain Eli Lilly débarque sur le marché avec le tirzépatide, une combinaison du GLP-1 et d’une autre hormone intestinale. Il est lancé aux États-Unis, dans l’Union européenne, au Royaume-Uni, au Canada et ailleurs sous le nom de Mounjaro, en tant que traitement contre le diabète. L’année suivante, le groupe lance une version dédiée à la perte de poids, baptisée Zepbound.
Ce traitement se révèle encore plus efficace que Wegovy pour la gestion du poids : les patients recevant la dose maximale de Zepbound perdent en moyenne 21 % de leur poids corporel, contre 15 % avec Wegovy.
Des ventes en flèche

Sans surprise, ces médicaments révolutionnaires pour la perte de poids s’arrachent. En 2023, les ventes de médicaments contre l’obésité ont atteint 6 milliards de dollars (5,7 Mds €), ce qui représente une hausse de 154 % par rapport à 2022, tandis que les analogues du GLP-1 ciblant le diabète ont engrangé des milliards supplémentaires.
Les ventes d’Ozempic de Novo Nordisk ont rapporté 13,9 milliards de dollars (13,2 Mds €) en 2023. Rybelsus a quant à lui généré 2,7 milliards de dollars (2,5 Mds €) et Wegovy, 4,5 milliards de dollars (4,3 Mds €). Les résultats impressionnants de l’entreprise ont boosté le PIB du Danemark, lui permettant d’échapper à une croissance nulle.
Son concurrent Eli Lilly a également enregistré des résultats impressionnants avec son médicament contre le diabète Mounjaro, qui a rapporté 5,2 milliards de dollars (5 Mds €). Quant à Zepbound, son médicament pour la perte de poids mis sur le marché tardivement, au dernier trimestre 2024, il a déjà rapporté plus de 175 millions de dollars (166 M€).
Une croissance colossale prévue pour le marché des médicaments anti-obésité

Le marché des médicaments contre l’obésité est en plein essor. Ce qui n’étonne guère, car près de trois milliards de personnes dans le monde sont en surpoids ou obèses. Selon Morgan Stanley, ce marché pourrait augmenter de plus de quinze fois d’ici 2030, atteignant un chiffre vertigineux de 144 milliards de dollars (137 Mds €).
Avec des ventes qui devraient exploser dans les années à venir, les valeurs boursières et les capitalisations de Novo Nordisk et Eli Lilly ont flambé. À l’heure actuelle, la valeur de Novo Nordisk représente 655 milliards de dollars (623 Mds €), soit une somme supérieure au PIB du Danemark, faisant d’elle la société la mieux valorisée d’Europe.
La valorisation d’Eli Lilly est encore plus impressionnante. Grâce à une capitalisation boursière atteignant 860 milliards de dollars (818 Mds €), elle domine le secteur pharmaceutique mondial en termes de capitalisation boursière et se place au dixième rang des entreprises les mieux valorisées, tous secteurs confondus.
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Les plus grands marchés mondiaux des médicaments anti-obésité

L’Amérique du Nord est désormais le principal marché des médicaments contre l’obésité. Selon Fortune Market Insights, elle a généré 3 milliards de dollars (2,8 Mds €) de ventes en 2023, représentant ainsi la moitié du marché mondial.
Elle est suivie de l’Europe puis de la zone Asie-Pacifique, où les ventes devraient augmenter à un rythme plus rapide en raison de la prévalence plus élevée de l’obésité dans certaines parties de cette région du monde.
En outre, une croissance phénoménale est attendue pour ce secteur dans les années à venir. Selon Morgan Stanley, jusqu’à 9 % de la population américaine pourraient avoir recours à ces médicaments anti-obésité d’ici 2035.
Des prix très variables

Les prix de ces médicaments varient considérablement à travers le monde, les Américains étant généralement ceux qui payent le plus. Les médicaments Ozempic et Wegovy coûtent jusqu’à quinze fois plus chers aux États-Unis qu’ailleurs dans le monde.
En 2023, une analyse a révélé que les Américains déboursent en moyenne la somme démesurée de 936 $ (890 €) pour une injection d’Ozempic. En comparaison, les Français dépensent 83 $ (79 €), les Australiens 87 $ (83 €), tandis que les Britanniques et les Suédois payent respectivement 93 $ (88 €) et 96 $ (91 €). Au Canada, le coût est relativement modéré, affiché à 147 $ (140 €), tandis qu’au Japon, il atteint 169 $ (161 €), soit le pays où le coût de l’Ozempic est le plus élevé après les États-Unis.
Les Américains payent également beaucoup plus cher pour les médicaments Mounjaro et Zepbound d’Eli Lilly, même si ces produits sont fabriqués par une entreprise américaine.
Les législateurs américains s’insurgent contre ces prix élevés

Indignés par cette situation, les législateurs américains accusent les fabricants de médicaments de surtaxer les Américains.
Sous la menace d’une citation à comparaître, le PDG de Novo Nordisk, Lars Fruergaard Jørgensen, a accepté de témoigner lors d’une audition au Sénat américain en septembre 2024 au sujet des prix « outrageusement élevés » de ses produits aux États-Unis.
Toutefois, les autorités américaines devraient plutôt se concentrer davantage sur la régulation efficace des prix des médicaments. Si les médicaments anti-obésité sont moins chers ailleurs dans le monde, c’est parce que les différents gouvernements imposent des limites strictes sur les prix que peuvent fixer les entreprises pharmaceutiques. Aux États-Unis, ces dernières bénéficient généralement d’une grande liberté tarifaire.
Vers une pénurie mondiale des médicaments anti-obésité

Alors que des millions de personnes réclament ces médicaments révolutionnaires, et ce, malgré des coûts parfois exorbitants, les entreprises qui les fabriquent peinent à répondre à la demande croissante.
Novo Nordisk fait fonctionner ses lignes de production 24 heures sur 24, sept jours sur sept et investit des milliards pour moderniser ses chaînes d’approvisionnement. Mais la demande continue largement de dépasser l’offre. Cette situation n’est pas surprenante. En 2024, chaque semaine, 25 000 Américains ont entamé un traitement avec Wegovy, soit une augmentation cinq fois plus importante par rapport à décembre 2023.
Eli Lilly, quant à elle, investit également des milliards dans la production, mais ses médicaments très prisés contre le diabète et l’obésité connaissent eux aussi une pénurie sévère.
Explosion du marché noir

Face aux pénuries et aux prix exorbitants, de plus en plus de consommateurs se tournent vers le marché noir, principalement en ligne, pour se procurer leur médicament anti-obésité.
Des vendeurs peu scrupuleux écoulent des versions contrefaites de ces traitements. Les produits sont non seulement inefficaces, mais aussi potentiellement dangereux.
Ce phénomène est devenu si préoccupant que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a décidé de s’emparer du problème. Eli Lilly a récemment publié une lettre ouverte pour mettre en garde contre les faux médicaments Mounjaro et Zepbound. Les entreprises pharmaceutiques et les autorités s’efforcent de démanteler les réseaux de contrebande. Or, tant que les pénuries persistent et que les prix restent élevés, le problème ne se résoudra probablement pas.
Des effets secondaires à ne pas négliger

Si ces nouveaux médicaments anti-obésité sont considérés comme des produits miracles par certains, ils peuvent entraîner un certain nombre d’effets secondaires désagréables et, dans de rares cas, des complications plus graves. Ces traitements ne sont pas efficaces pour tout le monde et les résultats sur la perte de poids peuvent varier, certains utilisateurs atteignant un plateau après plusieurs mois.
Près de la moitié des personnes prenant un analogue GLP-1 signalent des problèmes gastro-intestinaux, tels que des nausées, des vomissements, des reflux acides, des ballonnements, des crampes d’estomac, de la diarrhée et de la constipation.
Ces effets secondaires ont tendance à diminuer avec le temps, même si certains trouvent qu’ils sont difficiles à supporter et choisissent d’arrêter le traitement. La fatigue et des irritations au niveau de la zone d’injection font également partie des effets secondaires mineurs.
Ces médicaments peuvent altérer le plaisir de manger

Certains utilisateurs se plaignent du fait que ces médicaments gâchent leur plaisir de manger.
Dans une interview accordée à Wired, le professeur Jens Juul Holst, pionnier dans le domaine, relève que l’utilisation à long terme de ces traitements peut rendre l’acte de manger moins agréable et rendre la vie « terriblement ennuyeuse ». Selon lui, cela pourrait être une des raisons pour lesquelles de nombreuses personnes peinent à suivre le traitement pendant plus de deux ans.
Il souligne l’importance d’offrir des conseils en matière d’alimentation et de mode de vie pour aider les patients à gérer leur poids une fois qu’ils arrêtent le traitement, car il est facile de reprendre les kilos perdus, annulant ainsi les bénéfices obtenus.
Une absence de données sur le long terme

L’un des plus grands sujets de préoccupation demeure l’absence de données sur le long terme sur ces médicaments anti-obésité. Comme l’a expliqué le Dr Rekha Kumar, experte en obésité, à CBS News, ces traitements sont relativement nouveaux sur le marché.
Ces médicaments présentent également un autre inconvénient potentiel : ils risquent d’accentuer la grossophobie en perpétuant l’idée que le poids est quelque chose qu’on peut facilement contrôler.
Rachel Pick, contributrice pour The Guardian, va jusqu’à suggérer que des médicaments comme l’Ozempic et ses équivalents détruisent le mouvement body positivity, qui promeut l’acceptation de son corps, reniant ainsi des années de progrès vers des attitudes plus inclusives et respectueuses de la diversité corporelle.
Une pénurie mondiale d’insuline

Par ailleurs, l’engouement pour les médicaments amaigrissants entraîne une pénurie d’insuline, les fabricants réduisant la production de ce traitement essentiel pour le diabète au profit des médicaments anti-obésité plus lucratifs.
Plusieurs pays, dont les États-Unis, le Canada et le Royaume-Uni, sont confrontés à des problèmes d’approvisionnement, mais les pays moins favorisés en subissent les conséquences les plus graves.
Fin juin, le système de santé public sud-africain s’est retrouvé à court de stylos à insuline, principalement en raison de la décision de Novo Nordisk de ne pas renouveler son contrat dans le pays et de se concentrer plutôt sur ses médicaments anti-obésité très demandés.
D’autres bénéfices potentiels pour la santé

Sur une note positive, les scientifiques découvrent de plus en plus de bienfaits potentiels de ces médicaments remarquables.
Le Wegovy a montré qu’il réduit de façon significative le risque d’événements cardiovasculaires majeurs, y compris les crises cardiaques et les AVC.
Par ailleurs, si les problèmes rénaux ont été listés comme effets secondaires du sémaglutide, l’ingrédient actif du Wegovy et de l’Ozempic, il semble paradoxalement ralentir la progression des maladies rénales, selon des recherches menées par Novo Nordisk.
Des traitements possibles pour les maladies du foie et cancéreuses

Le tirzépâtide d’Eli Lilly et un nouvel agoniste du GLP-1 appelé survodutide, développé par Zealand Pharma/Boehringer, montrent des signes prometteurs en tant que traitements puissants contre la stéatose hépatique et des affections rénales plus graves.
Les analogues GLP-1 pourraient également réduire le risque de cancer du côlon, en plus de contribuer à prévenir d’autres types de cancer. Parallèlement, des essais cliniques évaluent le tirzépâtide en tant que traitement potentiel de l’apnée du sommeil.
Ces médicaments sont aussi étudiés pour leur application dans le traitement des dépendances. De façon intéressante, il existe des témoignages de personnes ayant cessé de fumer, de boire de l’alcool, arrêté de se ronger les ongles et abandonné d’autres comportements compulsifs. Des recherches sont en cours et pourraient aboutir à une nouvelle classe de médicaments anti-addiction.
Des traitements potentiels pour les troubles de la santé mentale et neurologiques

En ce qui concerne la santé mentale, les analogues GLP-1 pourraient exacerber la dépression chez certaines personnes, bien qu’ils semblent avoir des effets positifs chez d’autres. Cela ouvre la voie à une possible réutilisation de ces médicaments comme antidépresseurs. Des études montrent également que les analogues GLP-1 sont associés à des taux plus faibles d’anxiété.
Ces médicaments miraculeux pourraient réduire le risque de développer la maladie d’Alzheimer et d’autres formes de démence, ainsi que des troubles neurologiques tels que la maladie de Parkinson, en empêchant l’accumulation d’amyloïde, une protéine qui forme des plaques altérant la fonction cérébrale.
Compte tenu du potentiel incroyable des analogues GLP-1, il est donc logique qu’il y en ait autant en développement…
Le flot de médicaments contre l’obésité qui s’annonce

Un total de 124 médicaments contre l’obésité sont en développement, dont 40 % sont des analogues GLP-1 ou GIP. Une grande partie des efforts se concentre sur la création de médicaments contre l’obésité plus abordables, avec moins d’effets secondaires.
Des copies bon marché émergent en Chine, en Inde et ailleurs, les entreprises pharmaceutiques profitant de l’expiration des brevets pour créer leurs propres versions génériques à bas coût. Le brevet du liraglutide a déjà expiré et celui du sémaglutide expirera en 2026, ce qui laisse entendre que ces médicaments deviendront probablement bien plus abordables à mesure que les années passent.
Moins d’effets secondaires à l’horizon

Pendant ce temps, les entreprises pharmaceutiques occidentales se concentrent sur la réduction des effets secondaires.
La société de biotechnologie américaine Altimmune a combiné le GLP-1 avec le glucagon, un autre peptide hormonal qui régule la glycémie. Le pemvidutide, le médicament qui en résulte, offre des effets comparables à ceux du sémaglutide, tant pour la perte de poids que pour d’autres effets bénéfiques. Mais contrairement à ce dernier, il préserve le tissu musculaire maigre.
La société danoise Zealand Pharma a, en plus du survodutide, développé un médicament appelé petrelintide, basé sur un autre peptide hormonal régulant la glycémie. Il promet de réduire les effets secondaires gastro-intestinaux tout en préservant également la masse musculaire maigre.
Roche, AstraZeneca, Amgen et Viking Therapeutics font partie des autres grands fabricants de médicaments et entreprises biopharmaceutiques occidentaux qui travaillent sur des comprimés anti-obésité.
Vers une transformation de l’économie mondiale

Les médicaments contre l’obésité révolutionnent l’industrie pharmaceutique et pourraient bien redessiner l’économie mondiale.
Ainsi, selon Goldman Sachs, ces comprimés pourraient augmenter le PIB des États-Unis de 1 %, simplement en réduisant les maladies liées à l’obésité et en améliorant la productivité sur le lieu de travail. Par conséquent, les dépenses publiques en soins de santé devraient être considérablement réduites, libérant ainsi des fonds pour d’autres secteurs.
Certaines prévisions paraissent, au mieux, hasardeuses. Par exemple, selon les analystes de la société de recherche mondiale Jeffries, une réduction du nombre de passagers en surpoids pourrait permettre aux compagnies aériennes d’économiser des dizaines de millions de dollars chaque année, ce qui entraînerait potentiellement une baisse des prix des billets.
Les grands gagnants et les laissés-pour-compte

Les salles de sport devraient compter davantage d’inscrits, tandis que les ventes de vêtements de sport sont amenées à grimper en flèche. L’industrie de la mode pourrait en profiter, les clients récemment amaigris renouvelant leurs garde-robes. En revanche, les détaillants de taille XXL risquent de connaître une baisse de leurs ventes, ainsi que le secteur agroalimentaire.
Les actions des grandes entreprises du secteur, telles que Hershey, Kraft Heinz et Coca-Cola, ont récemment chuté, alors que les analystes réévaluent leurs perspectives de croissance à la baisse.
Cela dit, ces entreprises relèvent peu à peu le défi. Nestlé a récemment lancé une nouvelle gamme de repas appelée Vital Pursuit, spécifiquement destinée aux personnes suivant un traitement anti-obésité. Ses concurrents suivront presque certainement avec leurs propres produits adaptés aux médicaments comme Wegovy et Zepbound.
L’avenir de la médecine

Alors que les nouveaux comprimés anti-obésité sont considérés comme les pépites du moment dans l’industrie pharmaceutique, une multitude de traitements et technologies innovants, déjà accessibles ou en cours de développement, pourraient avoir un impact comparable.
Il est intéressant de noter que l’industrie pharmaceutique mondiale fait face à une gigantesque « falaise des brevets » au cours de cette décennie, car les brevets de centaines de médicaments vont bientôt tomber dans le domaine public.
Cela met une grande pression sur ces entreprises pour innover et créer le prochain médicament ou la prochaine technologie révolutionnaire. Les domaines les plus prometteurs incluent la thérapie génique basée sur CRISPR, l’immunologie, les vaccins à ARN messager, les soins de santé alimentés par l’IA, la médecine personnalisée et les jumeaux numériques.
Thérapie génique et immunologie

La thérapie génique basée sur CRISPR, qui désigne des séquences répétées dans l’ADN, pourrait révolutionner le traitement de nombreuses maladies, notamment celles d’origine génétique.
L’année 2023 a marqué le lancement de la première thérapie génique basée sur CRISPR au monde, un traitement novateur contre la drépanocytose et la bêta-thalassémie. Cette thérapie pourrait également permettre de guérir des maladies chroniques, comme l’herpès.
L’immunologie, soit l’étude des mécanismes permettant au corps de lutter contre les maladies, est un autre domaine potentiellement révolutionnaire.
Cette approche est à la base du comprimé anticancéreux révolutionnaire Keytruda de Merck & Co, qui devrait devenir le médicament le plus vendu au monde en 2028, générant un chiffre d’affaires de près de 31 milliards de dollars (29 Mds €). Quant aux traitements les plus prometteurs pour traiter la maladie d’Alzheimer, ils reposent tous sur l’immunothérapie.
Des vaccins contre le cancer et une médecine personnalisée alimentée par l’IA

Les vaccins à ARN messager ont sauvé un nombre incalculable de vies durant la pandémie de COVID-19, un accomplissement récompensé par un prix Nobel. À l’heure actuelle, cette technologie est employée pour développer des vaccins contre le cancer et d’autres affections majeures.
Parallèlement, l’intelligence artificielle s’intègre de plus en plus dans les soins de santé, tandis que la médecine personnalisée, adaptée aux besoins précis de chaque individu, est sur le point de transformer la médecine. Johnson & Johnson est à l’avant-garde de cette approche, qui repose sur l’utilisation de jumeaux numériques. Il s’agit de clones virtuels qui permettent aux professionnels de santé de diagnostiquer des maladies, de s’exercer à des interventions chirurgicales et de tester les résultats de traitements médicamenteux.
Une chose est certaine : avec tous ces nouveaux médicaments et traitements en développement, l’avenir de l’industrie pharmaceutique s’annonce très prometteur.
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