Les ménages français et la dette : quel rang sur la scène mondiale ?
Quels pays ont les niveaux d'endettement des ménages les plus élevés ?

Les fins de mois vous semblent un peu serrées ? Si oui, sachez que vous n'êtes pas seul. Avec l'inflation et les taux d'intérêt élevés dans de nombreuses régions du monde, la dette des ménages, qui englobe les prêts immobiliers, les hypothèques ou les cartes de crédit, atteint des sommets inédits.
Alors que des milliards de personnes à travers le globe sont confrontées à des mensualités plus lourdes et à des dépenses en hausse, lisez la suite pour découvrir l'endettement moyen des ménages au sein de la population active (15-64 ans) dans 26 pays sélectionnés. Ces données sont basées sur des informations provenant de CEIC, de la Banque mondiale et des banques centrales nationales. Nous avons également inclus des chiffres révélant la dette totale des ménages en pourcentage du PIB, un indicateur clé de la gravité de la crise d'endettement d'une nation. Tous les montants ont été convertis en euros.
Adaptation française par Aurélie Blain
Philippines : 525 € de dette par personne active

La dette des ménages philippins ne représente que 10,1 % du PIB du pays, un niveau extrêmement bas par rapport aux normes mondiales. Si certains qualifient cet endettement léger de « miraculeux », il est en réalité plus lié à l'exclusion financière qu'à autre chose.
La pauvreté est omniprésente aux Philippines, et l'achat de biens immobiliers est hors de portée pour beaucoup. En conséquence, la propriété et les hypothèques y sont relativement rares.
De plus, environ 40 % des Philippins adultes n'ont pas de compte bancaire, et le crédit est difficile à obtenir, en raison d’une prolifération d’usuriers informels.
Indonésie : 624 € de dette par personne active

En Indonésie, la dette des ménages représente 9,3 % du PIB, un pourcentage encore plus faible. Une fois encore, cela s'explique en partie par les faibles niveaux d'inclusion financière dans ce pays en développement.
Selon le Forum économique mondial, l'Indonésie possède la troisième plus grande population non bancarisée au monde et un indice de littératie financière d'environ 40 %.
Mais tout n'est pas négatif : le pays affiche également l'un des taux d'épargne par rapport au PIB les plus élevés au monde, ce qui contribue à maintenir l'endettement des ménages à un niveau faible.
Mexique : 2 909 € de dette par personne active

Comme dans de nombreux autres pays en développement, l'endettement des ménages au Mexique est très faible, représentant seulement 16,2 % du PIB.
Cela est principalement dû à la faiblesse de l'inclusion financière : en effet, seuls 20 % des Mexicains ont accès au crédit, et on estime que seulement 10 % possèdent une carte de crédit.
L'avantage pour les économies ayant un niveau d'endettement des ménages modéré, c’est d’être moins vulnérables face à la hausse des taux d'intérêt.
Russie : 3 421 € de dette par personne active

La dette des ménages en Russie a récemment atteint des niveaux records, atteignant 338,1 milliards d'euros en juillet 2024. Avec une économie en difficulté en raison de l'invasion de l'Ukraine par le président Poutine, les taux d'intérêt ont grimpé à 16 % en décembre 2024, accentuant les difficultés financières pour de nombreux Russes.
Cependant, l'endettement des ménages reste relativement faible (en juin 2023, dernière période pour laquelle des données fiables sont disponibles, il représentait 20,2 % du PIB). Cela s'explique en partie par le fait que le nombre de Russes ayant un prêt hypothécaire reste limité, tandis que les taux d'épargne sont modérément élevés.
Brésil : 7 660 € de dette par personne active

L'endettement des ménages au Brésil, représentant 25,9 % du PIB, est raisonnable comparé à celui de nombreux autres pays.
Ceci est principalement dû au faible recours aux prêts hypothécaires. Une étude récente d'une école de commerce de São Paulo a révélé que le crédit à la consommation du pays, incluant les cartes de crédit, les prêts personnels et les prêts automobiles, est en réalité excédentaire par rapport à la taille de l'économie.
Avec des taux d'épargne faibles et environ 40 % des adultes en défaut de paiement de leurs dettes, la situation devient de plus en plus insoutenable.
Chine : 10 288 € de dette par personne active

En Chine, la dette des ménages représente 63,3 % du PIB, approchant rapidement le seuil de 65 % identifié par le Fonds monétaire international (FMI) comme un signe avant-coureur d'instabilité financière.
La majeure partie de cette dette est constituée de prêts hypothécaires, mais avec un marché immobilier en difficulté, la consommation des ménages baisse, car les prix des logements stagnent et les propriétaires choisissent de privilégier l'épargne plutôt que les dépenses.
Le problème est aggravé par une explosion des facilités de crédit, qui ont alourdi l'endettement non immobilier de nombreux consommateurs.
Espagne : 23 832 € de dette par personne active

L'Espagne illustre parfaitement la manière dont un endettement excessif des ménages peut impacter l'économie lors d'une hausse des taux d'intérêt.
Au cours des premières phases de la crise financière de 2008 à 2014, le ratio de la dette des ménages par rapport au PIB espagnol a atteint un pic alarmant de 90 %, entraînant des traumatismes économiques considérables.
En 2023, ce chiffre est retombé à un niveau beaucoup moins préoccupant de 54,6 %. Des niveaux d'endettement plus bas ont renforcé la résilience de l'économie face aux récentes hausses de taux d'intérêt, ce qui a permis à un plus grand nombre de ménages d'éviter des remboursements trop élevés.
Portugal : 26 581 € de dette par personne active

Avec un ratio dette des ménages/PIB de 72,5 %, le Portugal se trouve dans une situation bien plus préoccupante. Les taux d'intérêt en constante augmentation posent des défis particuliers, étant donné que la grande majorité des hypothèques locales (environ 90 %) sont à taux variable et indexées sur l'un des taux les plus élevés de la zone euro.
Pour remédier à cette situation, le gouvernement portugais a ordonné aux banques de réduire le taux d'intérêt de référence de l'Euribor (taux interbancaire offert en euro) de 30 % afin d'apporter un soutien aux propriétaires en difficulté et d'éviter des défauts de paiement massifs.
Italie : 27 333 € de dette par personne active

En Italie, le ratio de la dette des ménages par rapport au PIB a atteint son maximum de 58,5 % pendant la pandémie de COVID-19 en décembre 2020, avant de diminuer légèrement pour baisser à 52,3 % en 2024.
Un rapport publié par The Financial Times souligne que « les ménages italiens ne vivent pas au-dessus de leurs moyens ». En effet, l'Italie affiche l'un des ratios dette/PIB les plus bas parmi les économies avancées, bien en dessous de celui du Royaume-Uni et même inférieur à celui de l'Allemagne.
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Japon : 36 530 € de dette par personne active

La dette des ménages est en augmentation au Japon, en particulier la dette à la consommation, qui a atteint des niveaux records en 2023, en partie à cause de l’essor du crédit numérique.
En conséquence, le ratio de la dette des ménages par rapport au PIB du pays a grimpé à 67,2 %. Cependant, ce chiffre reste inférieur au pic de 78,7 % observé en 2000, après la dégradation de la situation économique du pays dans les années 1990, également connue sous le nom de « décennie perdue ».
Autriche : 36 724 € de dette par personne active

À 47,4 % du PIB, l'endettement des ménages en Autriche est modéré par rapport à de nombreux autres pays de l'UE.
La location est extrêmement répandue dans le pays, qui présente le troisième taux de propriété le plus bas d’Europe. Ce faible nombre de prêts hypothécaires contribue à un taux d'endettement globalement plus bas.
Fait intéressant, près de 7 % des prêts hypothécaires en Autriche sont libellés en francs suisses plutôt qu'en euros, une tendance qui a émergé suite à des taux d'intérêt faibles avant la crise financière de 2008, mais qui a par la suite posé des problèmes à de nombreux propriétaires, lorsque le franc suisse a commencé à s'apprécier contre l'euro.
Allemagne : 40 212 € de dette par personne active

L'Allemagne est également un pays de locataires en raison d'un marché locatif fortement subventionné et d'autres facteurs tels qu’une législation protectrice et la sécurité des baux.
Le pays affiche le deuxième taux de propriété le plus bas d’Europe, et le nombre relativement faible de prêts hypothécaires aide à maintenir l'endettement des ménages allemand à un niveau gérable de 54,3 % du PIB.
Irlande : 44 044 € de dette par personne active

L'économie irlandaise surpasse celle de ses homologues européens. Des données de MasterCard suggèrent que cette solide performance est principalement due à une dette des ménages très faible, qui ne représente que 27,9 % du PIB.
Ce facteur est soutenu par des taux d'épargne élevés en Irlande, avec des économies accumulées pendant la pandémie qui aident à maintenir la dette personnelle à un niveau bas et à favoriser une consommation robuste.
Corée du Sud : 44 054 € de dette par personne active

La Corée du Sud propose à ses citoyens des taux d'épargne intéressants, bien que l'endettement des ménages ait atteint des sommets. La dette des ménages représentait 104,9 % du PIB au deuxième trimestre 2023.
Ce chiffre dépasse largement le seuil d'alerte de 65 % et la limite des 80 %, au-delà de laquelle la croissance du PIB peut être freinée, selon la Banque des règlements internationaux.
La flambée des prêts hypothécaires et des emprunts est à l’origine de cette augmentation spectaculaire de la dette. Les autorités ont réagi en durcissant les réglementations, mais cela semble avoir eu peu d'effet sur la frénésie d'emprunts dans le pays.
Belgique : 45 490 € de dette par personne active

Le ratio dette des ménages/PIB de la Belgique a progressivement diminué depuis son pic de 68 % en mars 2021, en pleine pandémie. Il est désormais de 60,8 %, un soulagement pour la Banque centrale du pays, car ce ratio est redescendu sous le seuil critique des 65 %.
Les Belges disposent d’importants actifs et, selon le Crédit Suisse, la Belgique est le premier pays au monde en termes de richesse médiane par adulte, ce qui implique que les habitants aisés du pays devraient pouvoir rembourser leurs dettes sans difficulté.
France : 48 452 € de dette par personne active

Contrairement à de nombreux autres pays, la population française n'a pas réduit son niveau d'endettement au cours des années 2010, malgré des taux d'intérêt bas.
Le ratio de la dette des ménages par rapport au PIB a culminé à 77,3 % en décembre 2020, mais reste obstinément élevé à 74,8 %, un sujet de plus en plus préoccupant avec la montée des taux d'intérêt.
Émirats arabes unis : 54 085 € de dette par personne active

Malgré une fiscalité très faible, les ménages des Émirats arabes unis sont plus endettés que ce que le pays produit, avec un ratio dette des ménages/PIB atteignant les 106,2 %.
Les taux d'épargne sont plus bas qu'ils ne devraient l’être, et la surconsommation constitue un problème dans le pays. Une récente enquête officielle sur la qualité de vie, menée par le gouvernement émirati, a révélé que 53 % des citoyens n'ont pas de plan financier clair, tandis que presque la moitié des familles d'Abu Dhabi ont au moins un prêt en cours.
Finlande : 58 648 € de dette par personne active

Avec un ratio dette des ménages/PIB de 74,9 %, l'endettement des ménages en Finlande est élevé. La banque centrale du pays exprime depuis des années ses inquiétudes quant à l'augmentation de la dette, et ces craintes se sont concrétisées avec l'augmentation des taux d'intérêt, parallèlement aux prix des produits alimentaires et de l'énergie.
Avec plus de 90 % de prêts hypothécaires à taux variable, les propriétaires finlandais subissent une forte pression. Cela freine les dépenses des ménages, et le pays est récemment entré en récession.
Royaume-Uni : 60 129 € de dette par personne active

La dette totale des ménages au Royaume-Uni a dépassé pour la première fois les 2 340 milliards d'euros en 2023, avec une inflation élevée et des taux d'intérêt accrus, incitant de nombreux Britanniques à emprunter davantage.
Les taux d'épargne au Royaume-Uni sont faibles par rapport aux standards internationaux, et bien que le ratio dette des ménages/PIB ait diminué tout au long de 2023, il reste dangereusement élevé à 84,7 %.
États-Unis : 73 009 € de dette par personne active

Avec une dette totale des ménages de plus de 15 000 milliards d'euros, les États-Unis détiennent le record mondial en la matière. La dette des cartes de crédit a franchi pour la première fois la barre des 1 000 milliards de dollars l'année dernière.
Les Américains empruntent plus que jamais pour faire face à l'inflation élevée et aux taux d'intérêt en hausse, bien qu'une récente étude de WalletHub ait révélé que les ménages étaient concrètement dans une situation plus difficile lors de la crise financière de 2008.
Malgré cette augmentation des emprunts, le ratio dette des ménages/PIB a baissé en 2023, atteignant 64,1 %, juste en dessous du seuil critique.
Canada : 78 665 € de dette par personne active

Selon les analyses de Desjardins et d'Oxford Economics, l'économie canadienne est soit au bord de la récession, soit y a déjà basculé.
L'un des principaux facteurs est le niveau excessif de la dette des ménages, en particulier la dette hypothécaire, qui est devenue plus difficile à soutenir avec la hausse des taux d'intérêt. Les Canadiens doivent plus que ce que le pays produit (le ratio dette des ménages/PIB est de 102 %) et il est peu probable que ce problème national soit résolu rapidement.
Pays-Bas : 83 333 € de dette par personne active

Le ratio dette des ménages/PIB diminue aux Pays-Bas, mais il reste élevé à 94,3 %.
La dette hypothécaire est particulièrement lourde, avec plus de 60 % de la population néerlandaise titulaire d’un prêt immobilier, soit la proportion la plus élevée en Europe, ce qui rend l'économie du pays plus vulnérable à la hausse des taux d'intérêt.
Heureusement, les Néerlandais possèdent plus d'actifs après déduction des dettes que tout autre pays de l'OCDE, à l'exception de la Belgique. Pour nombre de citoyens, la gestion de la dette n'est donc pas réellement problématique.
Danemark : 87 413 € de dette par personne active

Le ratio dette des ménages/PIB du Danemark a diminué progressivement, mais reste élevé selon les standards européens, avec ses 86,8 %.
Heureusement, à l’instar des Néerlandais et des Belges, les Danois possèdent des actifs. Grâce à des taux d'épargne élevés et des réserves de capital solides, l'impact des taux d'intérêt plus élevés sur la majorité des citoyens est faible, selon l'agence de notation américaine Fitch Ratings.
Australie : 107 547 € de dette par personne active

Avec un ratio dette des ménages/PIB de 116,6 %, Shane Oliver d'AMP Capital a qualifié le niveau très élevé de la dette des ménages en Australie de « talon d'Achille » du pays. Les taux d'intérêt actuels de 4,35 % n'arrangent pas la situation...
Les Australiens subissent de plein fouet l'augmentation des mensualités, tandis que la crise du coût de la vie pousse des millions d'entre eux à puiser dans leurs économies, à accumuler des dettes sur leurs cartes de crédit et à contracter des prêts personnels. Il n'est guère surprenant que le pays traverse une récession.
Norvège : 112 491 € de dette par personne active

Le ratio dette des ménages/PIB de la Norvège est élevé, avec 85,1 %. Cependant, les détenteurs de prêts hypothécaires et autres débiteurs norvégiens sont mieux placés qu’ailleurs pour faire face à la hausse des taux d'intérêt et à l'inflation, avec un taux d'épargne officiellement le plus élevé au monde.
Malgré tout, les taux d'intérêt élevés et les prix gonflés pèsent sur l'économie, obligeant les Norvégiens à restreindre leurs dépenses.
Suisse : 175 176 € de dette par personne active

La Suisse affiche non seulement la dette par actif la plus élevée de ce classement, mais également le ratio dette des ménages/PIB le plus élevé, à 128,4 %.
Mais il faut savoir que le pays détient également la plus grande richesse par habitant, ce qui contribue à rendre cette dette soutenable. Toutefois, la médaille a un revers...
Comme l'a rapporté SwissInfo, la pauvreté augmente dans cette nation pourtant prospère, les loyers élevés étant l'un des principaux moteurs de la dette. Le taux de propriété est bas en Suisse, mais les loyers sont liés aux taux d'intérêt, de sorte que les hausses de l'année dernière ont autant affecté les locataires que les propriétaires.
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