De la prospérité au déclin : l'histoire de 9 pays qui ont sombré
D'ultrariches à pauvres : les étonnantes métamorphoses économiques

La situation économique d'un pays peut basculer radicalement en l'espace d'un siècle, voire en quelques décennies. En réalité, de nombreuses nations qui sont aujourd'hui classées parmi les plus pauvres ou à revenu moyen figuraient autrefois parmi les plus prospères du monde.
Lisez la suite pour découvrir ces nations qui sont passées de la prospérité à la ruine et comprendre les raisons derrière l'effondrement de leur fortune.
Adaptation française par Laëtitia Lord
Thaïlande

Malgré la croissance de son économie et ses efforts reconnus pour réduire la pauvreté, le PIB par habitant de la Thaïlande ne s'élève qu'à environ 6 600 €, chiffre qui rest nettement inférieur à celui des économies développées. Des poches de pauvreté sévère perdurent, notamment dans les régions rurales du nord-est et de l'extrême sud du pays.
Cependant, aux XVIe et XVIIe siècles, le royaume d'Ayutthaya, qui couvrait une grande partie de la Thaïlande actuelle, surpassait en prospérité de nombreuses nations européennes. Ce royaume était un centre de commerce international dynamique, et la grandeur ainsi que la splendeur de sa capitale éponyme n'avaient rien à envier à celles de Paris.
Thaïlande

Grâce à sa position stratégique, ce royaume bordé de rivières et ouvert sur la mer jouissait d'une protection naturelle contre les attaques navales. Sa localisation privilégiée à mi-chemin entre l'Inde et la Chine en faisait aussi un carrefour commercial majeur qui a largement favorisé sa prospérité.
Contrairement à d'autres pays de la région, le royaume d'Ayutthaya a ouvert ses portes aux commerçants étrangers, favorisant des échanges avec les marchands chinois et japonais, mais aussi avec des nations plus éloignées comme la France et le Portugal.
Thaïlande

Cette période de prospérité a été de courte durée. Au début du XVIIIe siècle, le commerce a chuté, portant un coup sévère à l’économie. Parallèlement, une lutte sanglante pour le trône marquée par l'éviction de plusieurs héritiers potentiels a ébranlé la monarchie. À cela s'est ajoutée la menace croissante d'une invasion de la Birmanie voisine (Myanmar actuel).
Profitant de l'affaiblissement du royaume, l'armée birmane envahit le pays en 1765 et assiège la capitale. Après deux ans de résistance, Ayutthaya capitule et se retrouve en grande partie détruite. Le royaume laisse alors place à celui de Thonburi, beaucoup moins puissant, mais précurseur de la Thaïlande moderne.
Mali

Avec un PIB par habitant d'environ 870 euros seulement, le Mali est l'un des pays les plus pauvres de la planète. Souvent frappée par la sécheresse, cette nation d'Afrique de l'Ouest figure parmi les 45 pays les moins développés selon les Nations unies. Une grande partie de sa population survit grâce à l'agriculture de subsistance, une activité qui peine à couvrir les besoins essentiels des habitants.
Il y a plusieurs siècles, la situation était bien différente. Le Mali constituait le cœur de l'illustre empire éponyme, l'un des plus grands et prospères d'Afrique. S'étendant jusqu'à l'océan Atlantique, cet empire a compté jusqu'à 50 millions d'habitants à son apogée, rayonnant par sa richesse et son influence sur l'ensemble du continent.
Mali

Au fil de l'expansion de l'empire du Mali, sa capitale, Tombouctou, s'est imposé comme un centre prestigieux de développement culturel, scientifique et commercial, attirant des érudits et des marchands de toute l'Afrique et au-delà.
L'empire a connu son apogée sous Mansa Musa Ier, qui a régné de 1312 à 1337. À l'époque, le Mali était un grand producteur d'or et l'empereur disposait de la moitié des réserves mondiales du précieux métal. Mansa Musa échangeait cette richesse avec des marchands venus de régions aussi lointaines que l'Égypte, la Perse, Gênes et Venise, renforçant ainsi l'influence économique et culturelle de l'empire.
On lui attribue l'expansion de l'empire, et il est reconnu comme l'une des figures les plus riches de l'histoire. Au cours de ses 25 années de règne, Mansa Musa a accumulé une fortune estimée à plusieurs centaines de milliards d’euros en valeur actuelle.
Mali

La date exacte de la mort de Mansa Musa Ier reste incertaine, mais après son règne, l'empire du Mali a progressivement perdu de sa richesse et de sa puissance. Les routes commerciales, autrefois florissantes, se sont lentement désintégrées. Affaibli par des guerres civiles et les attaques de voisins rivaux, l'empire ne parvient pas à se relever et finit par succomber à l'invasion marocaine à la fin du XVIe siècle.
Malheureusement, le Mali est demeuré dans un état de pauvreté persistante depuis cette époque.
Turquie

À l'image de la Thaïlande, la Turquie n'est ni pauvre ni particulièrement riche. Classée parmi les économies de marché émergentes, elle affiche un PIB par habitant d'environ 14 000 euros, ce qui se situe autour de la moyenne mondiale, mais reste inférieur à celui de la plupart des pays européens.
Nous sommes bien loin du XVIe siècle et de la grandeur de l'Empire ottoman, berceau de la Turquie moderne. À son apogée, l'économie de l'empire rivalisait avec celle des puissances de l'Europe occidentale actuelle.
Turquie

Au milieu du XVIe siècle, l'Empire ottoman, alors prospère, s'étend sur l'Anatolie ainsi que sur de vastes régions d'Europe du Sud-Est, d'Afrique du Nord et du Moyen-Orient, faisant de lui un carrefour stratégique pour le commerce international.
L'Empire ottoman a atteint le statut de superpuissance sous le règne du sultan Soliman le Magnifique, qui régna de 1520 à 1566. Son règne marqua un âge d'or, caractérisé par des prouesses militaires, une prospérité inégalée et des réalisations artistiques remarquables.
Turquie

Cependant, des divisions internes croissantes fragilisent l'empire, qui commence à se désagréger au début du XXe siècle.
La nation s'allie à l'Allemagne pendant la Première Guerre mondiale, ce qui entraîne la perte de la majorité de ses territoires. La guerre d'indépendance turque s'ensuit, et en 1922, l'Empire ottoman laisse la place à une république de Turquie aux frontières considérablement réduites.
Vous aimez ce contenu ? Cliquez sur le bouton Suivre en haut de la page pour découvrir d'autres articles de loveMONEY.
Inde

Le PIB par habitant de l'Inde, qui s'élève à environ 2 700 euros, reste obstinément bas. Malgré les progrès significatifs réalisés ces dernières années pour réduire l'extrême pauvreté, des centaines de millions d'Indiens continuent de vivre dans la plus grande précarité. Environ 60 % de la population survit avec moins de 2,90 euros par jour, un chiffre qui correspond au seuil de pauvreté médian défini par la Banque mondiale.
Cela n’a pas toujours été le cas. Fondé en 1526, l’Empire moghol, qui dominait presque tout le sous-continent indien à son apogée au XVIIe siècle, était d'une richesse immense et prospérait grâce à ses vastes ressources en or.
Inde

Au début du XVIIIe siècle, l'Inde moghole avait dépassé la Chine pour devenir la première puissance économique mondiale, avec près de 25 % du PIB mondial, soit 55,4 milliards d'euros environ en valeur actuelle, un chiffre des plus impressionnants ! L'Inde dominait également le secteur manufacturier, assurant à elle seule un quart de la production industrielle mondiale jusqu'au début du XVIIIe siècle.
Les salaires réels et le niveau de vie dans l'Inde moghole surpassaient même ceux de l'Angleterre, qui affichait alors le plus haut niveau de vie en Europe.
Inde

Les conflits internes ont entraîné l'effondrement de l'empire à la fin du XVIIIe siècle, ouvrant la voie à sa conquête par les Britanniques en 1858.
À cette époque, la concurrence féroce de l'Europe industrialisée avait ravagé les industries indiennes, privant la nation colonisée de l'essentiel de sa puissance et de sa richesse.
Cuba

Des décennies de régime communiste et de sanctions américaines ont appauvri Cuba. Le PIB par habitant de ce pays des Caraïbes est inférieur à 9 400 euros et le gouvernement peine à fournir des logements adéquats, des moyens de transport et d'autres produits de première nécessité à sa population.
En moyenne, les ménages vivent avec des revenus mensuels compris entre 14 et 21 euros.
Cuba

Avant l'arrivée au pouvoir de Fidel Castro en 1959 à la suite de la révolution cubaine, Cuba affichait l'un des PIB par habitant les plus élevés des Amériques, porté par la florissante industrie sucrière et un secteur touristique en plein essor. La classe moyenne était en pleine expansion, tandis que La Havane se distinguait comme la deuxième ville au monde en termes de nombre de voitures et de téléphones par habitant.
Mais la situation était loin d'être parfaite. Dans les années 1950, Cuba souffrait d'une profonde inégalité des richesses. Dominé par un régime militaire répressif, le pays était également miné par le crime organisé.
Cuba

Après la révolution, Cuba a subi un déclin prolongé de son PIB par habitant. L'effondrement économique a culminé au début des années 1990, lorsque les subventions soviétiques, qui constituaient plus de 20 % du PIB, se sont taries. Depuis lors, le pays n'a jamais réussi à opérer une reprise économique marquante.
La pandémie de COVID-19 a exacerbé les difficultés économiques de Cuba, plongeant le pays dans une crise encore plus profonde et entraînant une vague migratoire sans précédent. En 2022, le nombre de Cubains fuyant leur pays a explosé, dépassant largement les records des années 1980 et 1990.
Irak

Après des décennies de conflit, l'économie irakienne peine toujours à se relever, particulièrement après les effets dévastateurs de la pandémie de COVID-19. Le PIB par habitant stagne autour de 5 400 euros, et selon l'UNICEF, un tiers de la population vit encore dans la pauvreté.
Le manque d'infrastructures et de services publics complique encore davantage la situation, notamment face aux pénuries d'eau qui viennent aggraver les difficultés quotidiennes.
Irak

À l'opposé total de la situation actuelle, l'Irak a autrefois bénéficié de l'un des niveaux de vie les plus élevés de la région.
Grâce à ses réserves pétrolières, le PIB par habitant avait grimpé en flèche dans les années 1980, et le pays disposait d'infrastructures modernes, de services sociaux avancés et d'un système de santé solide. Avec une classe moyenne en plein essor, avide d'éducation et d'opportunités, des travailleurs migrants affluaient en Irak depuis toute la région, mais aussi depuis l'Afrique et l'Asie.
Irak

Les perspectives de l'Irak se sont dégradées lorsque Saddam Hussein a pris officiellement le pouvoir en 1979. Dès 1980, le dictateur a plongé le pays dans une guerre dévastatrice de huit ans contre l'Iran voisin, entraînant des ravages économiques. La corruption généralisée et la chute des prix du pétrole n'ont fait qu'aggraver la crise financière déjà désastreuse de l'Irak.
L'invasion du Koweït par Hussein en 1990, suivie des guerres du Golfe au cours des deux décennies suivantes, a porté un coup supplémentaire à l'économie irakienne, déjà fragilisée. Celle-ci a été lourdement impactée par des sanctions internationales étendues et dévastatrices, aggravant encore davantage la situation du pays.
Zimbabwe

La pauvreté reste un enjeu majeur au Zimbabwe, où la majorité de la population est soit vulnérable à la pauvreté, soit déjà en situation de précarité, d'après une étude de 2021. Le pays enregistre un PIB par habitant de 2 600 euros environ, soit plus de la moitié moins que celui des économies émergentes, selon la Banque mondiale.
Pourtant, il n'y a pas si longtemps, le Zimbabwe figurait parmi les économies les plus développées d'Afrique.
Zimbabwe

Après son indépendance de la Grande-Bretagne en 1980, le Zimbabwe a joui pendant quelques années d'une économie solide, portée par ses vastes ressources naturelles et un secteur agricole dynamique. Le gouvernement a rapidement étendu l'accès à des services essentiels tels que l'éducation et la santé, tout en assurant la sécurité alimentaire à travers le pays.
Cependant, des fissures ont commencé à apparaître sous la présidence de Robert Mugabe, vivement critiqué pour ses violations des droits de l'homme et pour sa gestion désastreuse de l'économie, autrefois florissante.
Zimbabwe

En 2000, le gouvernement de Mugabe a mis en œuvre une politique de saisie des fermes hautement productives détenues par des Blancs, une décision aux conséquences catastrophiques. Les nouveaux propriétaires, souvent dépourvus de formation et d'expérience en agriculture, ont vu la production chuter drastiquement. Cette baisse a gravement affaibli l'économie et déclenché une hyperinflation incontrôlable.
Malgré l'éviction de Mugabe, les perspectives économiques du Zimbabwe restent sombres. Le président Emmerson Mnangagwa nourrit l'espoir de voir apparaître une période de croissance essentielle pour le pays suite à la découverte récente de réserves de pétrole et de gaz.
Nauru

Nauru, une petite île du Pacifique, présente un PIB par habitant d'environ 10 800 euros, un chiffre légèrement inférieur à la moyenne mondiale. Bien que ce montant puisse paraître élevé par rapport à d'autres pays de cette liste, la pauvreté y est omniprésente, et l'avenir économique de la nation est incertain en raison de sa dépendance à une unique source de revenus.
Avec une population de 13 000 habitants seulement, elle était encore récemment surnommée « la petite île la plus riche du monde ».
Nauru

Dans les années 1970, Nauru débordait de richesse grâce à ses vastes réserves de phosphate, un élément crucial pour la production d'engrais. À l'époque, cette petite île affichait le deuxième PIB par habitant le plus élevé du monde.
Le gouvernement de l'île s'est alors adonné à des dépenses extravagantes, acquérant des avions et des navires, construisant des hôtels de luxe et un terrain de golf. Pendant ce temps, la population, peu impliquée dans le travail, s'autorisait l'achat de supercars importées et de résidences somptueuses.
Nauru

Prévoyant l'épuisement imminent de ses réserves de phosphate, le gouvernement a investi 900 000 euros dans des fonds fiduciaires. Mal gérée, cette somme s'est rapidement évanouie. Lorsque l'industrie minière s'est effondrée dans les années 1980, Nauru s'est retrouvée accablée de dettes. Une période d'austérité sévère s'en est suivie, et l'île a frôlé la faillite en 2000.
Nauru a alors bénéficié d'une aide internationale. Aujourd'hui, l'île s'appuie en grande partie sur les revenus générés par un centre de détention australien pour demandeurs d'asile installé sur son sol. Mais la fermeture de ce centre est prévue pour 2025, ce qui devrait laisser Nauru face à un avenir économique plus qu'incertain.
Venezuela

Suite à une grave crise financière, le Venezuela a vu son économie se contracter davantage que celle des États-Unis pendant la Grande Dépression.
Son PIB par habitant n'est plus que de 3 200 euros environ et on estime que 82 % de la population vit dans la pauvreté. Jusqu'à 53 % des habitants n'ont pas les moyens d'acheter des rares aliments de base qui restent suite aux pénuries successives des dix dernières années.
Dans ce pays autrefois relativement prospère, la faim est omniprésente, la criminalité s'est considérablement intensifiée, et les tensions sociales atteignent des niveaux critiques.
Venezuela

La découverte de vastes réserves de pétrole au début du XXe siècle a profondément transformé l'économie du Venezuela, propulsant le pays d'une situation de difficultés chroniques à l'un des plus prospères de la région dans les années 1970. À son apogée, le Venezuela surpassait plusieurs nations européennes comme la Grèce et l'Espagne, et son PIB par habitant atteignait 80 % de celui des États-Unis.
Cependant, cette croissance spectaculaire, qui a fait émerger une classe moyenne ambitieuse, s'est rapidement effondrée lorsque l'économie est devenue dangereusement dépendante du pétrole.
Venezuela

La production de pétrole brut a commencé à diminuer dans les années 1970, entraînant des pertes d'emplois. En 2015, la chute de 50 % des prix du pétrole a aggravé la situation. Le pays, qui n'avait pas réussi à diversifier son économie — les produits pétroliers représentant entre 1998 et 2013 de 70 % à 98 % de ses exportations — a vu sa situation se détériorer gravement.
Le mandat du président Nicolás Maduro a été entaché d'allégations de corruption et de répression, et l'économie du pays a été entravée par des sanctions pétrolières. En 2023, l'administration Biden a levé les sanctions lorsque M. Maduro a accepté de permettre la participation des candidats de l'opposition aux élections. Cependant, des sanctions punitives ont été réimposées depuis. Le Venezuela, autrefois l'une des économies les plus robustes d'Amérique latine, est désormais l'une des plus fragiles.
Vous avez aimé ce contenu ? Cliquez sur le bouton Suivre en haut de la page pour découvrir d'autres articles de loveMONEY.
Comments
Do you want to comment on this article? You need to be signed in for this feature