Guerre, inflation, changement climatique : en 2024, les raisons de s’inquiéter ne manquent pas. Mais qu’est-ce qui inquiète le plus les citoyens à travers le monde ?

La dernière édition de l’enquête Ce qui inquiète le monde, réalisée chaque mois par Ipsos, met en lumière les principales sources d’inquiétudes des habitant de 29 pays. L’étude, qui porte sur 18 thématiques allant de la criminalité au changement climatique en passant par les soins de santé et le chômage, demande aux sondés s’ils estiment que leur pays progresse dans la bonne direction.

Du chômage à la crise climatique, découvrez les sujets qui inquiètent les habitants de chaque pays.

Adaptation française par Noémie Bastide

Pour 85 % des Péruviens interrogés, soit l’écrasante majorité, leur pays est actuellement sur la mauvaise pente. Cette réponse place le Pérou en tête des pays les plus pessimistes de cette enquête.

En proie à une crise politique persistante, la nation sud-américaine place la corruption financière et politique au deuxième rang des inquiétudes majeures des Péruviens. Seuls deux autres pays se montrent plus préoccupés par ce problème.

Cependant, ce sont la criminalité et la violence qui arrivent en tête des préoccupations des Péruviens. Dans ce climat d’instabilité politique, les taux de criminalité ont bondi, aggravant l’anxiété générale de la population. 66 % des personnes interrogées ont désigné la criminalité et la violence comme leur principale source d’inquiétude, un chiffre plus élevé que dans n’importe quel autre pays.

Près de 79 % des Sud-Africains se montrent tout aussi pessimistes quant à la direction que prend leur pays, estimant qu’il suit une mauvaise trajectoire. Une proportion similaire de la population juge la situation économique du pays alarmante.

En Afrique du Sud, où le taux de chômage atteint 33 %, 67 % des sondés placent ce problème au premier rang de leurs préoccupations. Aucun autre pays n’accorde autant d’importance à la question du chômage.

La criminalité et la violence occupent la deuxième place parmi les principales préoccupations des Sud-Africains. Selon World Population Review, l’Afrique du Sud se classe au cinquième rang des pays affichant les taux de criminalité les plus élevés au monde.

Dans la même veine, une écrasante majorité des Français, soit 83 % des sondés, se déclarent insatisfaits de la trajectoire que prend le pays.

La criminalité et la violence représentent actuellement le sujet le plus préoccupant pour les Français. Avec un taux de 38 %, il s'agit du niveau le plus élevé enregistré pour cette question depuis décembre 2023.

Les Français se montrent les plus pessimistes concernant l’état de leur économie : seuls 16 % jugent qu’elle est en bonne santé.

Les Suédois sont également pessimistes quant aux perspectives actuelles de leur pays, 70 % d'entre eux estimant que la Suède prend la mauvaise direction.

Une récente vague de violences entre gangs représente l'un des problèmes les plus importants dans cette nation scandinave ; avec 63 % des Suédois préoccupés par la criminalité et la violence, cela constitue leur principale source d'inquiétude (seuls les Péruviens s’en préoccupent davantage).

Les Néerlandais sont 74 % à penser que leur pays fait fausse route.

À égalité avec 34 %, les deux principales préoccupations de la population du pays sont les soins de santé et l'immigration. Les Pays-Bas adoptent une position de plus en plus ferme face à la migration, le gouvernement d'extrême droite ayant récemment dévoilé un ensemble de mesures, y compris le rétablissement des contrôles aux frontières.

Les Turcs se montrent tout aussi pessimistes quant à la trajectoire de leur pays, 78 % d’entre eux estimant qu’il est sur la mauvaise voie.

En Turquie, on enregistre un taux d’inflation impressionnant de 50 %, l’un des plus élevés au monde. Sans surprise, c’est de loin la plus grande préoccupation dans le pays, 55 % des Turcs interrogés par Ipsos la citant comme principale source d’inquiétude.

La criminalité et la violence représentent également une inquiétude croissante pour la population du pays, le niveau de préoccupation atteignant son plus haut depuis août 2020.

Plus de trois quarts des Hongrois (80 %) se disent mécontents de la direction prise par leur pays. 

Les soins de santé arrivent en tête des préoccupations des Hongrois aujourd’hui, recueillant 65 % des opinions. Vient ensuite la corruption financière et politique, considérée comme un problème majeur par 50 % des Hongrois. 

Le changement climatique, quant à lui, n’inquiète que 7 % des Hongrois, tandis que le terrorisme ne recueille que 1 % des opinions exprimées.

Les Japonais se rangent résolument du côté des pessimistes, avec seulement 28 % des personnes interrogées par Ipsos estimant que leur pays est sur la bonne voie. Un seul autre pays, la France, affiche un sentiment plus négatif concernant son économie.

Le changement climatique est actuellement le sujet qui préoccupe le plus les sondés, réponse probable à la vague de chaleur meurtrière qui a causé plusieurs centaines de morts dans le pays plus tôt cette année.

Les Chiliens sont tout aussi pessimistes, 71 % d’entre eux considérant que leur pays fait fausse route.

La criminalité et la violence figurent en tête des préoccupations des Chiliens, reléguant au second plan les autres problèmes majeurs du pays. Le Chili a enregistré en 2022 le taux d’homicides le plus élevé de son histoire. De nombreux citoyens estiment que le pays fait face à une crise sécuritaire majeure et un nombre croissant de citoyens appelle à une approche « mano dura » (« main de fer » en français) plus stricte de la part des autorités.

Alors que 63 % des Chiliens placent la criminalité et la violence en tête de leurs préoccupations, ce sujet génère une inquiétude plus grande qu’au Pérou.

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Avec une économie en mauvaise posture, il n’est guère surprenant que seulement 24 % des Allemands pensent que le pays est sur la bonne voie.

Bien que l’inflation ait été la principale préoccupation dans le pays depuis un certain temps, la criminalité et la violence sont désormais le sujet central dans le dernier rapport d’Ipsos. Viennent ensuite l’inflation, puis la pauvreté et les inégalités sociales, ainsi que le changement climatique.

La Corée du Sud suit la même tendance, puisque 76 % des Sud-Coréens interrogées pensent que le pays avance dans la mauvaise direction.

Les opinions négatives concernant l’économie sont légion : le chômage est la principale source de préoccupation dans le pays avec 35 % des opinions, suivi de près par l’inflation.

Selon le rapport, 65 % des Britanniques estiment que le pays suit une mauvaise trajectoire. Une proportion encore plus importante de citoyens qualifie l’économie de « mauvaise ».

Les soins de santé sont désormais au cœur des préoccupations des Britanniques, 41 % des personnes interrogées les identifiant comme un problème. Ce n’est peut-être pas une surprise : le système de santé public britannique, le NHS, est de plus en plus sous pression. Par ailleurs, les listes d’attente souffrent toujours des retards accumulés pendant la crise du Covid-19, ainsi que d’un financement insuffisant.

Enfin, le coût de la vie est un problème persistant au Royaume-Uni. C’est pourquoi l’inflation se classe au deuxième rang des préoccupations majeures des Britanniques, recueillant 33 % des opinions exprimées.

Seuls 35 % des Colombiens estiment que leur pays est sur la bonne voie. Le pessimisme de la population à l’égard de l’économie du pays est encore plus prononcé ; 73 % des personnes interrogées qualifient la situation économique de « mauvaise ».

Bien que la criminalité et la violence aient longtemps été la principale préoccupation, le chômage est désormais, à égalité avec la corruption financière et politique (39 %), le problème le plus important du pays.

Les Canadiens se montrent largement insatisfaits par la direction prise par leur pays, 67 % d’entre eux estimant qu’elle est problématique. Ce malaise se manifeste par une faible cote de popularité pour le Premier ministre Justin Trudeau.

L’inflation a reculé en 2023, passant de 5,9 % en janvier à 3,4 % en décembre. Elle est depuis retombée sous la barre des 2 %. Ce sujet reste néanmoins la principale préoccupation dans le pays, tandis que les soins de santé représentent un autre défi majeur.

D'après le dernier sondage Ipsos, 63 % des Américains estiment que le pays ne va pas dans la bonne direction.

L'inflation a presque diminué de moitié en 2023, passant à 3,4 % en décembre, contre 6,5 % l'année précédente. Elle est depuis tombée à 2,4 %, mais reste la principale préoccupation des Américains, avec 51 % des voix.

La criminalité et la violence viennent ensuite (32 %), suivies par le changement climatique (23 %). Fait intéressant, les Américains se soucient moins de la pauvreté et des inégalités sociales que dans tout autre pays sondé.

Les difficultés économiques sont au cœur des préoccupations des Espagnols. Selon l’enquête Ipsos, 66 % des Espagnols interrogés pensent que leur pays fait fausse route, tandis que 62 % d’entre eux estiment que l’économie est en mauvaise posture.

Le chômage reste la principale source de préoccupation des Espagnols, 34 % d’entre eux estimant qu’il s’agit là d’un problème majeur dans le pays. Les soins de santé (31 %) et l'inflation (29 %), qui a baissé mais reste élevée dans le pays, sont les autres préoccupations les plus pressantes.

Les Belges sont 62 % à penser que la Belgique fait fausse route, même s’ils se montrent, de manière générale, plus positifs quant aux perspectives économiques du pays.

Bien que la pauvreté et les inégalités sociales touchent de plus en plus de Belges, seuls 33 % des sondés classent cette problématique en tête de leurs préoccupations. La criminalité et la violence viennent ensuite avec 26 %, suivies par l'inflation à 25 %.

Sur le plan international, seuls 39 % des individus estiment que leur pays avance dans la bonne direction.

En Australie, ce chiffre est au-dessus de la moyenne mondiale, 47 % des Australiens interrogés se montrant optimistes quant à l’avenir de leur pays. Cela signifie que, par rapport aux autres nations, les Australiens affichent un optimisme certain, même si la plupart d’entre eux pensent que leur pays avance dans la mauvaise direction.

L’inflation a peut-être diminué cette année, mais elle reste la principale source d’inquiétude des Australiens, puisqu’elle recueille 47 % des suffrages exprimés, suivis par la criminalité et la violence (38 %) et les soins de santé (31 %).

Le nombre d’Argentins qui estiment que leur pays avance dans la bonne direction a augmenté de manière significative après l’élection en novembre 2023 du populiste de droite Javier Milei à la présidence. En l’espace d’un mois, ce chiffre est passé de 49 % en janvier à 60 % en février. Selon le dernier rapport d’Ipsos, cette valeur est retombée à 53 %.

Avec un taux d’inflation atteignant un chiffre ahurissant de 276 % en février 2024, il n’est pas surprenant que ce problème demeure la principale source de préoccupation dans le pays. 

52 % des Brésiliens interrogés estiment que le Brésil avance dans la bonne direction, tandis que les 48 % restants s’inquiètent pour l’avenir du pays.

À l’instar d’autres pays d’Amérique latine, la criminalité et la violence occupent une place prépondérante parmi les thématiques qui inquiètent les Brésiliens, 41 % d’entre eux plaçant ce problème en tête des sujets qui les préoccupent. La pauvreté et les inégalités sociales (31 %) ainsi que les soins de santé (39 %) figurent également parmi les inquiétudes majeures des Brésiliens.

Le changement récent de gouvernement en Pologne semble avoir suscité une vague d’optimisme, 55 % des Polonais interrogés en février 2024 estimant que le pays était sur la bonne voie. Dans le dernier rapport Ipsos, ce chiffre est redescendu à 46 %, ce qui suggère que ce sentiment s’est depuis estompé.

L’inflation préoccupe les Polonais, avec 36 % des citoyens interrogés la désignant comme leur principale source d’inquiétude. 

En Malaisie, 71 % des personnes interrogées pensent que leur pays avance dans la bonne direction, ce qui fait du pays l’un des plus optimistes.

La corruption financière et politique figure en tête des préoccupations des Malaisiens, la Malaisie se situant juste au-dessus de la moyenne mondiale dans le dernier indice de perception de la corruption publié par Transparency International. L’étude Ipsos révèle que seuls trois autres pays, à savoir le Pérou, la Hongrie et l’Indonésie, se montrent plus préoccupés par la corruption.

De manière générale, les Mexicains sont optimistes quant aux perspectives de leur pays, 48 % d'entre eux affirmant que le Mexique est sur la bonne voie, contre 55 % plus tôt cette année. L'optimisme concernant les performances économiques du pays a également diminué.

Le pays est souvent associé à une criminalité élevée, principalement imputable aux cartels, et les taux de meurtres, d’enlèvements et d’autres délits graves atteignent des niveaux alarmants dans le pays. Ainsi, 53 % des Mexicains jugent ce problème le plus préoccupant dans le pays

Selon le rapport Ipsos, 72 % de la population indienne estime que le pays avance dans la bonne direction, tandis qu’une part encore plus importante (83 %) juge que l’économie du pays est en bonne santé.

Bien que l’inflation soit la principale source d’inquiétude pour 47 % des Indiens interrogés, seuls 20 % d’entre eux mentionnent la pauvreté et les inégalités sociales parmi leurs préoccupations majeures. Cela révèle un sentiment d’opportunité grandissant et témoigne de la vigueur des progrès économiques dans le pays.

Les Indonésiens affichent aussi un certain optimisme, 65 % d’entre eux estimant que leur pays est sur la bonne voie. Cela dit, un pourcentage moins élevé (57 %) pense que l’économie se porte bien.

Malgré ces taux de satisfaction élevés, l’Indonésie se distingue au niveau mondial en matière de corruption financière et politique, principale préoccupation dans le pays pour 53 % des personnes interrogées. Le chômage, quant à lui, recueille 51 % des opinions exprimées.

Les Singapouriens affichent un niveau de confiance exceptionnel envers leur gouvernement puisque 81 % d'entre eux estiment que leur pays va dans la bonne direction. C'est le niveau d'optimisme le plus élevé de tous les pays sondés.

Néanmoins, il reste encore quelques ombres au tableau. L’inflation est la principale préoccupation des habitants de la cité-État (56 %), bien que son taux reste largement inférieur à ceux observés ailleurs, tandis que le chômage arrive en deuxième position.

La bonne nouvelle, c’est que peu de Singapouriens s’inquiètent de la corruption financière et politique, ou encore de la criminalité et de la violence, relativement rares à Singapour.

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