Les chefs d’État des nations les plus puissantes du monde ont souvent droit à des résidences officielles spectaculaires. Si certains optent pour un cadre de vie relativement sobre, d’autres vivent dans un luxe digne de la royauté. Mais qui mène vraiment la grande vie ? Et surtout, quelle est la résidence officielle la plus chère de la planète ?
Même si ces propriétés ne sont presque jamais mises en vente, leur coût d’entretien, leurs budgets de rénovation et bien d’autres données permettent d’en estimer la valeur. Poussez les portes des maisons des dirigeants mondiaux, classées de la plus modeste à la plus somptueuse. Les montants indiqués sont ceux disponibles au moment de la publication.
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Adaptation française par Margaux Cervatius
Anthony Albanese est relativement nouveau dans les hautes sphères de la politique, puisqu’il occupe le poste de premier ministre de l’Australie depuis mai 2022. Il a rejoint le parti travailliste alors qu’il étudiait l’économie à l’université de Sydney. Il a ensuite travaillé en tant que responsable du parti et chargé de recherche avant d’entrer au Parlement.
Fin 2024, avant les élections, il a acheté une maison en bord de mer sur la côte centrale de la Nouvelle-Galles du Sud pour 4,3 millions de dollars australiens (2,4 millions d’euros). Cette acquisition a suscité des critiques à une époque où le pays traversait une crise du logement.
Techniquement, le premier ministre australien dispose de deux résidences officielles, The Lodge à Canberra et Kirribilli House à Sydney. Voyons dans laquelle de ces maisons Anthony Albanese a choisi de vivre...
Anthony Albanese vit actuellement à The Lodge, qui s’apparente plus à une maison de campagne qu’à un énorme palais. La résidence s’étend sur un terrain de 18 000 mètres carrés et compte 40 pièces au total.
Construite dans les années 1920 comme résidence temporaire, la propriété de Canberra a nécessité un entretien coûteux et plusieurs rénovations au fil des décennies. La plus récente a entraîné sa fermeture, suivie d’une réouverture en 2016, après des travaux estimés à 9,4 millions de dollars australiens (5,2 millions d’euros).
Ces contraintes ont conduit de nombreux premiers ministres à privilégier d’autres lieux de résidence, comme Kirribilli House.
Bien que The Lodge soit la principale résidence officielle du premier ministre, il peut également choisir de vivre à Kirribilli House (photo), réservée à l’usage des premiers ministres australiens depuis 1956.
Édifiée en 1855 dans un charmant style rustique de cottage orné, cette demeure située sur le port de Sydney offre une vue spectaculaire sur des monuments emblématiques comme le Harbour Bridge et l’Opéra de Sydney.
Keir Starmer est devenu le nouveau Premier ministre du Royaume-Uni après la victoire écrasante du Parti travailliste aux élections générales de juillet 2024.
Fils d’un fabricant d’outils et d’une infirmière, il a étudié à l’université de Leeds et à St Edmund Hall, à Oxford. Ancien avocat spécialisé dans la défense des droits de l’homme, il a été anobli en 2014 en reconnaissance de son travail à la tête du Crown Prosecution Service, le service chargé des poursuites judiciaires en Angleterre et au pays de Galles.
Installé à Kentish Town, dans le quartier londonien de Camden, il partageait son quotidien avec sa femme Victoria et leurs deux enfants. À son arrivée au pouvoir, tout le monde s’attendait à ce qu’il prenne possession du vaste appartement au-dessus du numéro 11, mais fidèle à la tradition, il a préféré s’installer au 10 Downing Street.
Résidence officielle des premiers ministres britanniques depuis 1735, le 10 Downing Street a été délaissé par Tony Blair en 1997 au profit des appartements plus vastes du 11 Downing Street. Gordon Brown, David Cameron, Theresa May et Boris Johnson ont fait le même choix.
D’une superficie d’environ 353 m², la maison de ville de style georgien (1714-1830) du numéro 10 était estimée à environ 6,1 millions de livres sterling (7 millions d’euros) selon les données de Yopa en 2022.
En raison de leur valeur symbolique et historique, ces résidences pourraient se vendre à des prix très élevés si elles étaient un jour mises sur le marché.
Le premier ministre britannique bénéficie également d’une résidence de campagne officielle : Chequers Court. Offerte à l’État en 1917 par un député conservateur et son épouse, une riche héritière américaine, cette propriété du XVIe siècle a été conçue comme un lieu de retraite loin des contraintes de la vie politique. Elle dispose aujourd’hui d’équipements modernes, tels qu’une piscine chauffée et un court de tennis.
En 2020, Boris Johnson s’y est retiré avec son épouse enceinte, Carrie, pour se remettre du COVID-19. Plus récemment, Liz Truss y aurait passé son dernier week-end comme Première ministre à faire la fête avec des amis, à l’issue de son bref mandat de 44 jours.
L’entretien annuel du domaine est estimé à plus d’un million de livres sterling (environ 1,2 million d’euros), financé par les contribuables.
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Plus connu sous le nom de Lula, Luiz Inácio Lula da Silva était un simple ouvrier métallurgiste avant de devenir président du Brésil de 2003 à 2010.
Père de cinq enfants et marié à trois reprises, Lula a été condamné en 2018 pour corruption et blanchiment d’argent. Il a été libéré en 2019, après 580 jours de prison, et toutes les accusations ont finalement été annulées en 2021.
En 2023, à l’âge de 77 ans, il a remporté l’élection présidentielle face au président sortant d’extrême droite Jair Bolsonaro.
Le Palácio da Alvorada (en français « Palais de l'Aurore ») a été conçu par le célèbre architecte Oscar Niemeyer et construit entre 1957 et 1958 à Brasilia, capitale du Brésil depuis 1960. Avec son allure futuriste, il évoque davantage le repaire d’un méchant de film James Bond qu’un palais présidentiel traditionnel.
Le bâtiment a fait l’objet d’une importante restauration entre 2004 et 2006, pour un coût de 16,5 millions d’euros. Dénué de toute influence architecturale coloniale, le palais couvre 650 mètres carrés répartis sur trois étages.
En 2016, l’édifice emblématique était estimé à environ 18,2 millions d’euros.
Équipé de nombreuses installations, le Palácio da Alvorada comprend une salle de cinéma, une salle de jeux, un centre médical, une chapelle ainsi qu’un héliport. Pourtant, à l’arrivée au pouvoir de Lula en 2023, le bâtiment présentait des signes évidents de dégradation.
Selon plusieurs sources, l’ancien président Jair Bolsonaro aurait « saccagé » le palais : tapis déchirés, fenêtres brisées, œuvres d’art endommagées (certaines auraient même complètement disparu).
Mark Carney est devenu le 24e premier ministre du Canada après avoir été élu chef du Parti libéral du Canada. Il a officiellement pris ses fonctions en mars 2025.
Né à Fort Smith, dans les Territoires du Nord-Ouest, il a grandi à Edmonton, dans l’Alberta, dans une famille d’enseignants. Il a étudié l’économie à l’université de Harvard et à l’université d’Oxford.
Ancien banquier d’affaires, il a été nommé gouverneur de la Banque d’Angleterre en 2013. En 2020, il est devenu envoyé spécial des Nations unies pour l’action climatique et la finance.
Mark Carney emménagera bientôt à Rideau Cottage, où vivait son prédécesseur, Justin Trudeau. En raison de l’état de délabrement avancé du 24 promenade Sussex, Justin Trudeau et sa famille s’étaient installés à Rideau Cottage après son arrivée au pouvoir en 2015.
Avant Justin Trudeau, tous les premiers ministres canadiens vivaient au 24 promenade Sussex. Toutefois, cette résidence officielle n’est plus utilisée depuis le mandat de Stephen Harper, en raison de réparations majeures à effectuer.
Construit en 1867 et rénové en 2013, Rideau Cottage est un bâtiment de style néo-georgien de 22 pièces. Son architecture se distingue par sa sobriété, rehaussée d’une entrée centrale de style classique.
Le 24 promenade Sussex (photo) est aujourd’hui considéré par le gouvernement comme un bâtiment vétuste inhabitable. Même si la maison est épargnée par l’amiante et les rongeurs, sa rénovation complète nécessiterait un budget colossal d’environ 31,1 millions d’euros selon des estimations de la Commission de la capitale nationale (CCN) de 2024.
L’avenir de cette vaste demeure de 34 pièces reste incertain et il se pourrait bien qu’aucun autre premier ministre canadien n’y pose plus jamais ses valises. De son côté, Rideau Cottage, propriété officielle du chef du Commonwealth, c’est-à-dire le roi Charles III, n’est pas en reste côté dépenses.
Entre 2016-17 et 2023-24, les travaux d’entretien et de rénovation de cette résidence ont coûté plus de 4,1 millions d’euros aux contribuables, selon des documents obtenus par la Fédération canadienne des contribuables.
Emmanuel Macron est devenu le plus jeune président de la France en mai 2017. Après avoir convoqué des élections anticipées en juin 2024 à la suite d’une défaite écrasante aux élections européennes, son parti a perdu la majorité, mais Macron a juré de rester en fonction jusqu’à la fin de son deuxième mandat en mai 2027.
Il aura donc tout le temps de profiter des magnifiques demeures à sa disposition, notamment le fort de Brégançon, une forteresse médiévale située sur un îlot de la Côte d’Azur, La Lanterne, un pavillon de chasse à Versailles, et le château de Rambouillet, que Marie-Antoinette qualifiait de « gothique crapaudière ».
Le véritable joyau reste toutefois le palais de l’Élysée.
Situé sur la prestigieuse rue du Faubourg Saint-Honoré à Paris, le palais de l’Élysée est la résidence officielle du président de la République française.
Achevé au XVIIIᵉ siècle, ce palais richement décoré s’étend sur une superficie totale de 10 962 mètres carrés. Son budget pour 2024 s’élève à environ 24,6 millions d’euros pour le personnel, les frais de fonctionnement, les voyages présidentiels et les investissements.
À la différence d’autres résidences présidentielles, le palais de l’Élysée reste un lieu très privé, où les dignitaires étrangers ne séjournent pas. Ceux-ci sont hébergés dans le luxueux hôtel de Marigny, situé à proximité.
L’ancien président Charles de Gaulle a souhaité acheter l’hôtel de Marigny en 1972 pour éviter de « croiser des rois en pyjama dans ses couloirs », comme l’a rapporté le journal The Times of Malta.
Cette photographie de 2013 montre l’ancien président François Hollande en pleine interview dans un somptueux salon de l’Élysée orné de riches dorures.
Né à Madrid dans une famille aisée, Pedro Sánchez est devenu Premier ministre de l’Espagne en 2018. Ce père de deux enfants était à la traîne dans les sondages avant qu’un scandale de corruption ne frappe l’opposition et lui ouvre les portes du pouvoir.
Depuis, son mandat a été semé d’embûches. Le dirigeant socialiste a dû faire face à des attaques infondées de la droite contre sa famille, ce qui l’a amené à menacer de démissionner en avril 2024.
Toutefois, après cinq jours de réflexion et une importante mobilisation de soutien, il a annoncé qu’il resterait à la tête du gouvernement.
Alors que le chef de l’État espagnol, le roi Felipe VI, habite le palais de la Zarzuela, dans la banlieue de Madrid, le Premier ministre, Pedro Sánchez, réside dans le palais de la Moncloa (photo), en plein cœur de la capitale.
Ce bien immobilier d’exception est estimé à 133,8 millions d’euros. Et si cela vous semble exorbitant, sachez qu’entre 2005 et 2020, Patrimonio Nacional, l’organisme public chargé de la conservation des biens de l’État, a dépensé environ 53,6 millions d’euros pour l’entretien, les services publics et la conservation du palais, y compris ses piscines.
Ce qui était autrefois une résidence relativement modeste compte aujourd’hui 16 bâtiments, dont un bunker et un hôpital. Construit au XVIIe siècle, ce palais de 32 701 mètres carrés appartient à l’État espagnol depuis 1846. Il a néanmoins été désigné résidence officielle du premier ministre du pays lors de la transition de la monarchie à la démocratie en 1977.
Le bâtiment a fait l’objet d’importantes rénovations, notamment la construction d’un court de tennis. Adolfo Suárez, Premier ministre de 1976 à 1981, a fait couvrir l’ancienne cour principale, désormais connue sous le nom de salle des Colonnes. Le bâtiment le plus récent, construit en 2006, abrite le bureau du vice-premier ministre.
Membre du Parti républicain, Donald Trump a été le 45e président des États-Unis de 2017 à 2021. En 2024, il a remporté un second mandat contre Kamala Harris, devenant ainsi le 47e président des États-Unis lors de son investiture en janvier 2025.
S’il possède de nombreuses propriétés à travers les États-Unis, dont Mar-a-Lago à Palm Beach, en Floride, sa résidence principale n’a plus besoin d’être présentée, puisqu’il s’agit de l’un des monuments les plus célèbres au monde.
Ce bâtiment de style néoclassique sert à la fois de résidence et de lieu de travail au président américain. Construite en 1792, la Maison-Blanche est la résidence présidentielle officielle depuis John Adams, le deuxième président des États-Unis.
Elle compte 132 pièces, 35 salles de bains, huit escaliers et trois ascenseurs. Vous vous demandez comment elle reste aussi blanche ? C’est facile : 3 409 litres de peinture sont utilisés pour entretenir sa façade extérieure.
Avec ses 5 109 mètres carrés, la Maison-Blanche est relativement compacte pour un palais présidentiel. Le bâtiment de six étages comprend 132 pièces, dont le célèbre bureau ovale, que l’on voit sur cette photo, et la Blue Room, ainsi que 35 salles de bains.
Il n’est pas étonnant qu’une résidence aussi somptueuse soit estimée à 516,7 millions d’euros, selon le journal politique britannique The New Statesman.
Anecdote amusante : bien qu’elle soit l’un des monuments les plus emblématiques du monde, la Maison-Blanche est une copie de la Leinster House de Dublin, construite en 1748.
Après des élections anticipées en février 2025, Friedrich Merz a été élu chancelier par le Parlement allemand, le Bundestag, le 6 mai 2025.
Après s’être retiré de la vie politique pendant plusieurs années en raison de divergences avec l’ancienne chancelière Angela Merkel, Friedrich Merz n’est revenu au Bundestag qu’en 2021.
Pilote amateur, il est marié et père de trois enfants.
Bien que la Chancellerie fédérale allemande (photo) soit le plus grand siège gouvernemental au monde, la résidence officielle du chancelier Friedrich Merz est plus modeste. En effet, il vit toujours à Brilon, sa ville natale, dans l’ouest de l’Allemagne.
Pendant ce temps, le siège officiel de son gouvernement fait l’objet d’une extension faramineuse estimée à 777 millions d’euros, qui a suscité de vives critiques en raison d’un dépassement budgétaire important.
Friedrich Merz reçoit des dignitaires du monde entier à la Chancellerie, que l’on voit sur cette photo. La cour de la Chancellerie abrite également Berlin, une sculpture en fer de 87,5 tonnes et de 5 mètres de haut réalisée par le sculpteur basque Eduardo Chillida.
Grâce à cet agrandissement, la Chancellerie sera plus grande que la Maison-Blanche et le palais de l’Élysée. Outre quelque 400 nouveaux bureaux, des passerelles et des tunnels, un jardin d’hiver et un héliport sont prévus dans les plans du cabinet berlinois Axel und Schultes Frank.
Figure politique controversée, Vladimir Poutine exerce les responsabilités de président ou de Premier ministre de la Russie depuis 1999.
La valeur nette de Poutine est estimée entre 62,3 milliards d’euros et 168,4 milliards d’euros. Il possèderait un portefeuille de somptueuses propriétés, mais intéressons-nous à sa résidence officielle.
Le Kremlin, dont le nom signifie « forteresse urbaine » en russe, est un vaste complexe qui comprend cinq palais, quatre cathédrales et un héliport. Sa valeur, bien que difficile à chiffrer précisément, est estimée autour de 2,7 milliards d’euros.
Le Grand Palais du Kremlin est actuellement la principale résidence officielle du président russe à Moscou. Le site est habité depuis le IIe siècle avant J.-C. et les travaux de construction de la structure existante ont commencé vers 1838.
Cependant, Poutine ne vit pas réellement au Kremlin...
Vladimir Poutine possède plusieurs résidences, mais sa résidence officielle depuis 2000 est Novo-Ogaryovo, située à Moscou, où il vit et reçoit ses visiteurs. C’est dans cette immense demeure jaune pastel qu’il s’est installé durant les quatre années où il n’a pas occupé la présidence, entre 2008 et 2012.
Cependant, une autre vaste propriété située sur la côte de la mer Noire a suscité de nombreuses controverses. Surnommée « le Palais de Poutine », cette demeure de style italien a été mise en lumière par l’ancien leader de l’opposition Alexei Navalny. Dans une vidéo virale publiée en 2021 sur YouTube, Navalny affirmait que cette résidence ultra-luxueuse appartenait au président russe.
Selon lui, la construction de ce palais aurait coûté près d’1,2 milliard d’euros, financée en grande partie par l’argent public.
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