On ne choisit pas ses voisins… et certaines cohabitations tournent franchement au vinaigre. Quand les querelles de voisinage prennent des proportions démesurées, elles flirtent parfois avec l’absurde.
Délimitations farfelues, plaintes incessantes pour nuisances sonores, constructions par pure vengeance ou choix de couleurs franchement provocateurs : les conflits peuvent prendre des tournures aussi mesquines qu’inattendues. Vous allez découvrir jusqu’où certains sont prêts à aller pour défendre leur bout de terrain.
Bienvenue dans le monde étonnant et parfois surréaliste des disputes immobilières les plus folles.
Adaptation française par Aurélie Blain
Le jardin de cette maison de quatre chambres et cinq salles de bain construite en 2006 à Orlando est devenu le théâtre d’un conflit immobilier hors norme à la fin des années 2010.
Selon le Orlando Sentinel, la propriété s’étendait sur trois parcelles distinctes et l’ancien propriétaire avait sans le savoir posé les bases de cette querelle en contractant deux prêts auprès de deux banques différentes pour financer l’ensemble du terrain. Lorsque le marché immobilier s’est effondré en 2008, les parcelles liées aux emprunts ont été saisies. En 2016, l’homme d’affaires Craig Mateer a racheté le terrain nu pour 100 000 $ (environ 87 000 €), via sa société RMS Investments.
L’entrepreneur comptait construire une maison sur son terrain, mais le projet s’est rapidement heurté à un obstacle inattendu : une partie du garage et de la piscine de la maison voisine, alors propriété de la Deutsche Bank, empiétait sur sa parcelle. Pour faire valoir ses droits, une clôture a été installée… en plein milieu du garage et de la piscine.
Ce geste spectaculaire a déclenché la colère des riverains, déjà excédés par l’état de la maison, laissée à l’abandon et régulièrement squattée depuis des années.
Sur cette image issue d’un reportage de la chaîne locale WFTV Channel 9, on voit clairement la clôture au-dessus de la bâche de la piscine.
Craig Mateer a fait une offre de rachat pour la maison, mais celle-ci a été rejetée et les deux parties se sont retrouvées dans l'impasse : la Deutsche Bank se retrouvait dans l’impossibilité de vendre la maison et l'entrepreneur ne pouvait rien construire sur son terrain. Aucun des deux camps ne voulant céder, le conflit s'est réglé à la mairie d’Orlando en 2020.
Craig Mateer a proposé de vendre la fine bande de terrain comprenant une partie du garage et de la piscine, ce que le conseil municipal d’Orlando a reconnu comme la meilleure solution.
La maison a ensuite été vendue fin 2020 pour 350 000 $ (304 000 €) et elle semble avoir bénéficié d’une rénovation. Mieux encore, l'étrange clôture qui coupait le jardin a finalement disparu, même si aucun chantier n’a encore débuté sur la parcelle nue.
En 2012, la promotrice immobilière Zipporah Lisle-Mainwaring a investi 15 millions de livres sterling (17,5 millions d'euros) dans cette maison blanche de trois étages située dans une impasse du très chic quartier de Kensington, à Londres.
Son objectif était de la remplacer par une somptueuse résidence à deux étages, avec un double sous-sol et une piscine. Cependant, lorsque les voisins ont eu vent du projet, ils ont formellement contesté la demande auprès du conseil municipal, qui en a finalement rejeté les plans.
Peu après, en mars 2015, la propriétaire a fait peindre des rayures rouges et blanches sur sa façade, et cette transformation criarde a suscité une levée de boucliers des voisins indignés. La promotrice immobilière a pourtant nié avoir agi par vengeance et a affirmé vouloir au contraire apporter un peu de gaieté.
Si telle était réellement son intention, la peinture a clairement atteint son objectif : provoquer les voisins. « Terriblement mécontents », ces derniers n’ont pas mâché leurs mots, qualifiant la rénovation de « hideuse et de mauvais goût » et de « croisement entre une cabane de plage et un chapiteau de cirque ». Dans une interview accordée au site MyLondon, certains sont même allés jusqu’à parler de « monstruosité absolue».
Le conseil municipal est alors intervenu en ordonnant à la propriétaire de repeindre la façade en blanc, mais celle-ci a refusé et a porté l’affaire devant la Haute Cour britannique. En 2017, la justice a tranché en sa faveur et lui a finalement donné l’autorisation de rénover la maison selon ses plans initiaux, faisant ainsi disparaître les fameuses rayures à la démolition de la maison en 2019.
Mais cette victoire a eu un coût : Zipporah Lisle-Mainwaring a révélé par la suite avoir déboursé près d’un million de livres sterling (environ 1,1 million d’euros) en frais juridiques pour cette affaire.
Nous sommes nombreux à rêver d’une vie paisible à la campagne, d'un petit coin de paradis avec un bout de terrain pour élever quelques animaux, mais pour la famille Hemberger, ce rêve bucolique a viré au cauchemar lorsque des voisins ont déposé plainte contre leurs deux coqs, jugés trop bruyants, en 2021.
Laetitia Hemberger, visible ici dans un reportage de France 3 Bourgogne-Franche-Comté dans le Territoire de Belfort, explique avec son mari Olivier qu’ils vivaient dans la région depuis deux ans, sans jamais avoir reçu la moindre plainte concernant leurs volatiles.
La famille Hemberger habite dans le charmant village de Fontaine, situé près de la frontière suisse. Le couple y vit avec ses enfants et ses animaux, dont deux coqs nains installés dans un grand enclos grillagé, visible ici.
« Jusque-là, nos relations avec les voisins étaient cordiales : nous leur offrions des œufs, nous échangions des conseils. Et puis, du jour au lendemain, nous avons reçu des lettres anonymes évoquant la législation sur les nuisances sonores. On nous a même menacés, devant nos filles, d’organiser un barbecue avec nos poules », ont raconté les Hemberger dans une interview accordée à L’Est Républicain.
Les voisins des Hemberger ont en effet accusé la famille d'ignorer leurs requêtes, ce qui les aurait contraints à solliciter l’intervention du maire, qui a ensuite alerté le garde champêtre. Des plaintes ont été déposées par les deux parties auprès de la gendarmerie.
« Ces voisins élèvent des coqs de concours avec des bruits et des chants répétitifs toute la journée, c’est franchement pénible, a confié un habitant aux journalistes de France 3 Bourgogne-Franche-Comté. Quand on a commencé à être vraiment dérangés, je suis allé leur en parler. Ils m’ont simplement répondu que si le chant des coqs me dérangeait, je n’avais qu’à aller vivre en maison de retraite ».
Depuis janvier 2021, le Code de l’environnement reconnaît officiellement le chant du coq comme constitutif du patrimoine sensoriel des zones rurales françaises. Malgré cela, les voisins des Hemberger ont estimé que le bruit généré constituait un « trouble anormal du voisinage ».
Bien qu’aucune procédure judiciaire ne semble avoir été engagée, les autorités locales ont tenté d’apaiser les tensions en organisant une rencontre avec un médiateur. Hélas, cette initiative n’a pas permis de résoudre le conflit. À ce jour, on ne sait toujours pas si un accord a pu être trouvé.
Niché au cœur de la Sicile, le pittoresque village italien de Petralia Sottana est célèbre pour ses splendides paysages de montagne, ses ruelles tortueuses et ses superbes édifices médiévaux. Mais il est aussi connu pour un conflit de voisinage persistant, qui a abouti à une construction pour le moins singulière…
En déambulant dans l’une des ruelles sinueuses du village, rien ne laisse deviner quoi que ce soit d’inhabituel dans cette maison traditionnelle de briques rouges. Pourtant, derrière cette apparence ordinaire se cache une particularité qui la distingue nettement des habitations voisines : elle ne mesure qu'un mètre de largeur et constitue de ce fait l’une des maisons les plus étroites au monde.
Filmée ici pour le journal local sicilien Giornale di Sicilia, cette construction est connue localement sous le nom de Casa du Currivu en dialecte sicilien, qui signifie « la maison de la rancune ».
La construction de cet édifice pour le moins insolite trouve son origine dans un différend avec un voisin remontant aux années 1950. À cette époque, les habitants de Petralia Sottana avaient pour habitude d’ajouter un étage supplémentaire à leur maison lorsqu’ils manquaient d’espace.
Ce type d’agrandissement nécessitait cependant l’accord des propriétaires des maisons adjacentes. Dans la plus pure tradition locale, un résident en particulier a souhaité surélever son habitation, mais son voisin le lui a refusé.
Jens Lehmann, ancien gardien de but allemand et désormais animateur télé, est une figure emblématique du monde sportif. Il a joué tout au long de sa carrière dans plusieurs clubs internationaux prestigieux, notamment au sein de l’équipe d’Arsenal surnommée les « Invincibles » lors de la saison 2003-2004.
Après sa retraite en 2010, le sportif est resté à l’écart des projecteurs jusqu’en 2023, année où un tribunal allemand l’a condamné à une amende de 420 000 € pour avoir endommagé la propriété de son voisin à la suite d’un violent différend. Retour sur une querelle qui a rapidement dégénéré…
La villa moderne de Jens Lehmann, immortalisée ici par le magazine allemand BUNTE, s’élève majestueusement sur les rives paisibles du lac de Starnberg, dans la région allemande de Haute-Bavière. Malgré ce cadre serein, la propriété est devenue durant l’été 2022 le théâtre d’un conflit particulièrement houleux entre l’ancien footballeur et son voisin.
Acquis en 2007, ce luxueux domaine se distingue par sa façade blanche bordée de vastes baies vitrées, parfaites pour admirer la vue imprenable sur le lac. Pourtant, des travaux de construction ont failli compromettre ce cadre idyllique.
Cet été-là, le voisin de Jens Lehmann a entrepris la construction d’un garage attenant à sa propriété, mais cette nouvelle structure allait en partie obstruer la vue du gardien sur le lac de Starnberg. Selon le journal bavarois Süddeutsche Zeitung, Jens Lehmann était déjà en « conflit ouvert » avec son voisin, Walter Winkelmann, depuis plusieurs années.
L'ancien footballeur a alors décidé d'agir. Dans une vidéo issue des caméras de surveillance présentées ultérieurement au tribunal, on le voit entrer dans le garage en construction, tronçonneuse en main, et la brandir en direction d’une poutre, avant que la vidéo ne s’interrompe brusquement.
Un conifère au charme discret ornait le petit bout de terrain situé devant la maison de Bharat Mistry depuis près de 25 ans, sans jamais avoir provoqué la moindre plainte.
Mais en 2020, un couple de voisins du paisible quartier verdoyant de Waterthorpe à Sheffield, au Royaume-Uni, a commencé à se plaindre des roucoulements incessants et des nombreuses fientes des oiseaux qui avaient élu domicile dans cet arbre de 5 mètres de haut.
Bharat Mistry affirme avoir tout tenté pour apaiser le couple, notamment en élaguant les branches les plus basses et en taillant l’arbre en forme de sphère.
Mais ses efforts sont restés vains, car, au printemps 2021, le couple a fait appel à un élagueur, qui a littéralement rasé la moitié de l'arbre. Bharat et sa famille se sont dits « dévastés et profondément choqués ».
Le « Conifergate » a rapidement fait le buzz après la publication d’une photo de l’arbre sur Reddit, sous le titre : « La mesquinerie britannique dans toute sa splendeur ». L’affaire a pris encore plus d’ampleur une fois passée dans l’émission Jeremy Vine On 5, diffusée sur Channel 5 au Royaume-Uni.
Un riverain a indiqué que cet arbre au charme atypique semble avoir fait connaître le quartier. Il est même référencé en tant que site d'intérêt sur Google Maps, où il a récolté de nombreux avis de curieux.
Malheureusement, ce paisible quartier de Sheffield n'a toujours pas retrouvé la paix. Selon des informations rapportées par un habitant dans le journal The Sun, les voisins sont toujours en guerre, même s’ils se cachent derrière de fausses politesses.
Quant au conifère, il continue de grandir et de s'étoffer, bien que les voisins, qui « ne regrettent pas de l’avoir coupé en deux », s’emploient toujours à tailler les branches de leur côté.
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