Dans leur course à la suprématie dans tous les domaines, des semi-conducteurs à l’intelligence artificielle (IA) en passant par l’informatique quantique, les États-Unis et la Chine sont désormais enfermés dans une véritable guerre technologique. La République populaire de Chine met tout en œuvre pour renverser son grand rival en tant que leader mondial de l’innovation, tandis que les États-Unis ripostent en imposant un contrôle strict des exportations et des droits de douane punitifs pour stopper le développement chinois et conserver leur place de leader tant convoitée.
Alors que les deux puissances s’affrontent pour contrôler l’avenir, lisez la suite pour découvrir quand la guerre technologique a commencé, comment les deux adversaires s’en tirent dans plusieurs domaines clés et quelle nation a actuellement l’avantage sur l’autre.
Tous les montants exprimés en dollars sont en dollars américains, sauf indication contraire.
Adaptation française par Stéphanie Lopez
L’origine de la guerre technologique remonte à 2015, lorsque Pékin a dévoilé Made in China 2025, son plan ultra-ambitieux visant à faire du pays le leader mondial de l’innovation et la force dominante dans le secteur des hautes technologies.
Ce plan a été un signal d’alarme pour les législateurs américains, qui s’inquiétaient déjà de la politique étrangère de plus en plus affirmée menée par la Chine. Comme l’a souligné Enrique Feás du groupe de réflexion espagnol Elcano Royal Institute, la primauté technologique pourrait finalement se traduire par la primauté militaire.
La perspective d’une Chine belliqueuse devenant le « maître incontesté de la technologie » a provoqué une onde de choc à Washington…
Au fil des administrations américaines successives, des enquêtes ont été lancées et des accusations ont été portées contre des entreprises technologiques chinoises. En 2017, le géant chinois des télécommunications ZTE a été frappé d'une lourde amende. L’attention s’est ensuite portée sur Huawei, dans un contexte d’accusations d’espionnage et de craintes liées à la sécurité nationale.
Huawei a par la suite été ajouté à l’Entity List, une liste qui interdit aux organisations étrangères jugées préoccupantes pour la sécurité nationale d’accéder aux technologies américaines. Cette décision a également empêché Huawei et quatre autres entreprises chinoises, dont ZTE, de participer au déploiement des réseaux 5G aux États-Unis.
En 2018, des sanctions ont été imposées sur des produits chinois pour un montant total de 60 milliards de dollars (près de 72 Mds € aujourd’hui), à commencer par les panneaux solaires, dans le but de contester la domination chinoise dans le secteur stratégique des technologies vertes.
En 2018, le rachat du fabricant américain de puces Lattice par un fonds d’investissement soutenu par l’État chinois a été bloqué. Les États-Unis ont également interdit les exportations vers le fabricant de semi-conducteurs chinois Fujian Jinhua Integrated Circuit Co, accusé de voler des technologies américaines. Les semi-conducteurs de dernière génération sont au cœur de la guerre technologique, car ils alimentent pratiquement toutes les technologies émergentes imaginables. Washington cherche de plus en plus à priver la Chine des éléments essentiels dont elle a besoin pour produire ses propres semi-conducteurs de pointe.
En parallèle, l’administration américaine actuelle a relevé les tarifs douaniers sur les technologies vertes chinoises, y compris sur les panneaux solaires, les véhicules électriques et les batteries lithium-ion, tout en renforçant les restrictions sur les exportations de semi-conducteurs et des technologies associées. Dans le même temps, elle soutient activement l’industrie nationale grâce au CHIPS and Science Act, un plan de 280 milliards de dollars (267,1 Mds €) visant à préserver l’avance des États-Unis.
La guerre technologique fait partie des efforts majeurs déployés par les États-Unis pour se démarquer de la Chine, mais, comme l’a expliqué la secrétaire au Trésor américain Janet Yellen en 2023, une dissociation complète est « virtuellement impossible » et bouleverserait les marchés mondiaux si elle se produisait.
Les analystes sont divisés sur la question de savoir si les États-Unis peuvent au final sortir vainqueurs. Alors que certains experts estiment que la domination de la Chine est inévitable, d’autres pensent qu’elle pourrait tomber dans le redoutable piège de la technologie intermédiaire, si l’Amérique et ses alliés lui bloquent l’accès aux matériaux dont elle a besoin pour progresser dans les chaînes de valeur.
En gardant tous ces paramètres à l’esprit, voyons où en sont les deux nations rivales à l’heure actuelle dans les domaines technologiques clés…
En 2015, le gouvernement chinois a placé les semi-conducteurs au cœur de son plan Made in China 2025 en fixant aux fabricants de puces nationaux l’objectif ambitieux de produire 80 % des semi-conducteurs du pays d’ici 2030. Mais c’était avant que les États-Unis ne prennent des mesures pour priver la Chine du matériel dont elle a besoin pour fabriquer des puces de pointe.
Les semi-conducteurs les plus sophistiqués sont fabriqués à l’aide de machines de lithographie par rayonnement ultraviolet extrême (EUV). Celles-ci sont fabriquées par la société néerlandaise ASML, seule détentrice de cette technologie, à qui l’on interdit d’exporter son précieux matériel en Chine.
Les fabricants de puces du géant asiatique doivent se contenter d’anciennes machines à ultraviolets profonds (DUV). Cependant, celles-ci peuvent encore produire des semi-conducteurs avancés. En 2023, par exemple, SMIC a sorti une puce de 7 nanomètres, tandis que Huawei serait en train de mettre au point une puce de 3 nanomètres. Si ses ingénieurs y parviennent, il s’agirait de la puce la plus avancée actuellement disponible.
Autrefois leaders dans le monde, les États-Unis se sont laissés distancer par des pays comme Taïwan et la Corée du Sud en matière de production de semi-conducteurs. Cependant, ils restent numéro un mondial en matière de conception de puces et d’innovation.
Comme mentionné précédemment, l’administration Biden a adopté en 2022 la loi CHIPS and Science Act qui prévoit des investissements de 280 milliards de dollars (267,1 Mds €) dans le but de relocaliser la fabrication aux États-Unis ; les fonds injectés portent déjà leurs fruits.
Contrairement à leurs homologues chinois, les fabricants de puces américains ont accès aux machines de lithographie les plus récentes. Intel, qui est l’un des leaders dans ce domaine et dont le siège social se trouve en Californie, serait sur le point de lancer une puce ultra-avancée de 1 nanomètre dès 2027.
Les fabricants chinois de puces considèreront sans doute leurs homologues américains avec envie. Bien que les anciennes machines DUV puissent produire des puces haut de gamme, les coûts sont exorbitants et les rendements faibles. À moins que les entreprises chinoises ne mettent la main sur les dernières machines EUV ou ne trouvent une autre solution qui reste à inventer, elles ne seront pas en mesure de produire des semi-conducteurs avancés à un prix abordable et à grande échelle dans un avenir proche.
Pékin a récemment injecté 47,5 milliards de dollars (45,3 Mds €) supplémentaires dans l’industrie des puces du pays. Mais son secteur des semi-conducteurs avancés n’est pas viable sans les équipements les plus modernes.
Certains analystes ont prévenu que les actions du gouvernement américain incitaient la Chine à innover et à devenir autosuffisante en matière de puces. En effet, des scientifiques chinois seraient en train d’élaborer une usine géante alimentée par un accélérateur de particules pour produire des semi-conducteurs avancés. Pourtant, le projet en est toujours au stade initial. La Chine a peut-être la mainmise sur les minéraux critiques à l’heure actuelle, mais les États-Unis ont une longueur d’avance dans le domaine des semi-conducteurs.
En 2023, la Chine représentait environ 60 % des ventes mondiales de véhicules électriques (VE) et BYD, le leader du marché chinois, a dépassé Tesla en tant que premier vendeur mondial de VE.
Le gouvernement chinois a misé gros sur les VE dès le début des années 2000, en injectant des sommes colossales dans la recherche et le développement. Des subventions publiques et allègements fiscaux généreux pour les constructeurs automobiles et les consommateurs ont suivi et, en 2017, la Chine avait dépassé les États-Unis en termes de nombre de VE en circulation.
L’important soutien financier du gouvernement, la concurrence féroce dans d’autres domaines (telle la disponibilité de batteries lithium-ion bon marché) et le bas prix des matières premières comme l’acier expliquent que les VE chinois sont très abordables. Les exportations ont bondi en conséquence, augmentant de 70 % en 2023 pour atteindre 34,1 milliards de dollars (32,5 Mds €).
Il y a dix ans, les États-Unis comptaient au moins six fois plus de VE en circulation que la Chine. En outre, Tesla, le fleuron du secteur dans le pays grâce à son VE pionnier capable de rouler sur autoroute, éclipsait les constructeurs chinois en termes de ventes.
Aujourd’hui cependant, l’écart entre les États-Unis et la Chine se resserre. Les États-Unis ne représentaient que 10 % des ventes mondiales de VE en 2023 et seulement 8 % des nouvelles voitures vendues dans le pays étaient électriques, contre 24 % en Chine.
Les infrastructures de recharge aux États-Unis sont également beaucoup moins développées, avec seulement un chargeur pour 21 VE. À titre de comparaison, la Chine en compte un pour huit.
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L’administration Biden a mis en place des subventions pour stimuler les ventes de VE et a annoncé l’introduction de droits de douane de 100 % sur les VE chinois afin d’inciter les Américains à acheter des modèles nationaux.
Mais l’industrie automobile américaine ne peut tout simplement pas rivaliser avec la Chine en matière de coûts, et cette décision a suscité de vives critiques, car elle prive les Américains de VE bon marché et risque de retarder la transition écologique du pays.
La Chine, de son côté, a produit une surabondance de VE, bien plus que ses besoins au niveau national. L’Union européenne, le Royaume-Uni et le Canada réfléchissent tous à la possibilité de suivre les États-Unis et d’imposer des droits de douane punitifs sur les VE en provenance de Chine, de sorte que le pays pourrait avoir du mal à écouler ses excédents de stocks.
Cependant, la Chine est désormais fermement établie en tant que leader mondial des VE. Preuve en est, les constructeurs automobiles chinois ont dépassé pour la première fois leurs rivaux américains en termes de ventes, tous véhicules confondus et pas seulement électriques, selon un rapport récent du cabinet Jato Dynamics.
Parallèlement au développement de l’industrie nationale des VE, BYD a été le pionnier du secteur des batteries lithium-ion en Chine et a commencé à produire des batteries rechargeables en 1996.
Avec l’aide de l’État, l’entreprise a investi massivement dans la technologie du lithium-ion au tournant du millénaire et, en 2004, la Chine produisait 38 % des batteries lithium-ion du monde, juste derrière le Japon.
Aujourd’hui, la Chine détient jusqu’à 95 % de la capacité de production mondiale pour chacun des principaux composants des batteries, et trois entreprises chinoises contrôlent un peu plus de la moitié du marché mondial. En plus d’être le leader mondial du raffinage du lithium, la Chine est le premier producteur mondial de graphite, un autre minéral indispensable à la fabrication des batteries au lithium-ion.
L’industrie américaine des batteries lithium-ion est minuscule comparée à celle de la Chine.
L’Amérique du Nord compte en tout 11 usines de fabrication de batteries lithium-ion, dont la Megafactory et la Gigafactory de Tesla respectivement situées en Californie et dans le Nevada (en photo). Cependant, la Chine compte 148 usines sur un total de 200 dans le monde.
Comme mentionné précédemment, les États-Unis dépendent fortement de la Chine pour le lithium, ainsi que pour d’autres minéraux critiques qui entrent dans la fabrication des batteries. De plus, 85 % des batteries lithium-ion utilisées par les Américains proviennent de Chine.
En novembre 2023, l’administration Biden a annoncé un plan de 3,5 milliards de dollars (3,3 Mds €) pour renforcer la production nationale de batteries lithium-ion. En outre, les droits de douane sur les importations de batteries lithium-ion chinoises ont été portés de 7,5 à 25 % en mai 2024. Mais cela pourrait être trop peu, trop tard…
L’implantation d’un site de production peut prendre plusieurs années et, d’ici là, l’industrie chinoise des batteries lithium-ion aura probablement pris encore plus d’avance, grâce au soutien du gouvernement, à la demande colossale du pays et à l’innovation pure. Par exemple, l’Institut de Qingdao a récemment divulgué des informations sur une cellule de batterie à chargement plus rapide et à durée de vie plus longue que tout ce que les États-Unis ont produit jusqu’à présent.
La Chine semble prête à dominer ce domaine particulier pendant un certain temps encore.
En 2023, le gouvernement chinois a investi 130 milliards de dollars (environ 124 Mds €) dans son industrie solaire déjà florissante.
Selon une étude réalisée par le fournisseur de données mondiales Wood MacKenzie, le pays détient désormais plus de 80 % de la capacité de fabrication mondiale. Il représente également 90 % de la production de cellules photovoltaïques dans le monde, comme l’a rapporté l’agence américaine Bloomberg plus tôt cette année.
La Chine a installé plus de panneaux solaires en 2023 que tous les autres pays réunis depuis toujours. La capacité solaire photovoltaïque (PV) du pays a dépassé les 500 GW en 2023, ce qui représente une part considérable de 40 % du marché mondial. Aujourd’hui, cette capacité atteindrait les 660 GW.
Les États-Unis arrivent en deuxième position, loin derrière, en termes de capacité solaire photovoltaïque. En 2023, les installations solaires américaines ont atteint 145 GW, ce qui ne représente que 12 % du total mondial.
La production nationale est modeste. Toujours en 2023, les États-Unis ont acquis une infime quantité de panneaux solaires directement auprès de la Chine et dépendent actuellement des fournisseurs chinois présents en Asie du Sud-Est, qui ont pourvu la majeure partie des 54 GW de panneaux solaires que les États-Unis ont importés en 2023, un chiffre record !
Le gouvernement américain a augmenté les droits de douane sur les panneaux solaires chinois de 25 à 50 %. Il accorde également des réductions d’impôts pour les investissements dans les usines et la fabrication de panneaux solaires afin de stimuler la production nationale. Ironie du sort, une analyse du Wall Street Journal a révélé qu’un quart des entreprises bénéficiant de ces incitations ont leur siège en Chine.
Cela montre à quel point la Chine domine l’industrie solaire mondiale. Contester sa supériorité n’est pas une mince affaire et les États-Unis devront mettre les bouchées doubles pour ne serait-ce qu’égaler le géant asiatique dans ce domaine.
Cependant, comme c’est le cas pour les véhicules électriques, la Chine risque d’être victime de son propre succès. La surproduction entraîne un flot d’exportations de panneaux solaires bon marché, ce qui pourrait inciter d’autres nations (hormis les États-Unis) à augmenter leurs droits de douane pour protéger leurs propres industries.
Depuis une dizaine d’années, la Chine fait figure de précurseur en matière d’intelligence artificielle (IA). Mais si le pays a réalisé des progrès étonnants dans divers domaines de l’IA et occupe la première place mondiale en matière de reconnaissance faciale, il accuse un retard de plusieurs années par rapport aux États-Unis dans un domaine crucial : l’IA générative.
Cette technologie a été mise au point par l’entreprise américaine OpenAI, soutenue par Microsoft, qui a lancé son chatbot (robot ou agent conversationnel, en français) ChatGPT en 2022. La Chine a réagi en lançant plusieurs chatbots d’IA, notamment ERNIE Bot de l’entreprise Baidu ou encore Minimax, soutenu par le géant Tencent, mais ils restent largement inférieurs aux offres américaines qui font sensation.
La domination des États-Unis en matière d’IA générative est remarquable. La Silicon Valley a mis au point les grands modèles de langage (LLM) les plus étendus au monde, la technologie qui constitue le socle de l’IA générative. De plus, les États-Unis sont le numéro un mondial pour les chatbots d’IA. Depuis le lancement de ChatGPT en 2022, de nombreuses autres solutions de qualité ont vu le jour, notamment Jasper, Gemini de Google et Claude d’Anthrophic. En bref : le secteur est en plein essor.
En 2023, les investissements des entreprises d’IA et des sociétés de capital-risque aux États-Unis ont atteint 31 milliards de dollars (29,6 milliards d’euros) pour 1 151 transactions, l’IA générative représentant une part importante du total général. À titre de comparaison, le chiffre équivalent pour la Chine n’était que de 2 milliards de dollars (1,9 Mds €) pour 68 transactions.
Le développement de l’IA générative en Chine a connu des difficultés, car les États-Unis refusent aux entreprises chinoises les puces avancées nécessaires pour faire évoluer leur technologie. Des réglementations plus strictes, des coûts de développement élevés et la censure des contenus sensibles par le gouvernement chinois ont également étouffé l’innovation.
Les LLM chinois sont loin d’être à la hauteur des LLM américains ; les sources Internet en mandarin, sur lesquelles les LLM chinois s’appuient, sont médiocres par rapport à la richesse du contenu en langue anglaise en ligne.
D’une certaine manière, la Chine bat les États-Unis en termes de talents, car le pays « produit à la chaîne » des ingénieurs en IA. Cependant, les chances de voir la République populaire de Chine dépasser de sitôt le leader américain dans le domaine de l’IA générative sont très minces.
Alors que le monde adopte l’automatisation et que des innovations telles que l’IA stimulent les progrès dans ce domaine, la robotique avancée fait partie des technologies stratégiques de demain. Le gouvernement chinois investit massivement dans ce domaine, car il vise l’autosuffisance en la matière, le but étant de dominer au final l’industrie mondiale.
Selon un rapport récent de l’Information Technology and Innovation Foundation (ITIF), un groupe de réflexion américain, les entreprises chinoises de robotique dépendent actuellement des principaux pays producteurs, à savoir l’Allemagne, le Japon et la Suisse, pour obtenir des composants. Loin d’être innovantes, les entreprises chinoises copient largement la technologie occidentale, tandis que le marché national est dominé par les entreprises étrangères, les entreprises chinoises ne représentant que 25 %.
Comme l’a souligné l’ITIF, les États-Unis ont inventé la robotique. Cependant, bien que le pays reste un leader en matière d’innovation, il se situe maintenant derrière l’Allemagne, le Japon et la Suisse en termes de production.
Les États-Unis ne disposent pas de fonderies spécialisées dans les robots industriels et, comme leurs concurrents chinois, les fabricants américains dépendent presque entièrement de fournisseurs étrangers pour se fournir en composants. Il n’est donc pas étonnant que leurs exportations de robots ne représentent que 5,4 % du total mondial, bien que l’ingéniosité américaine dans ce domaine continue d’impressionner.
Les efforts déployés par les États-Unis pour priver les entreprises chinoises de robotique de semi-conducteurs avancés et d’autres technologies sont susceptibles de ralentir leurs progrès. Selon l’ITIF, cependant, compte tenu du fort soutien de l’État, ce n’est qu’une question de temps avant que la Chine n’égale les États-Unis en matière d’innovation robotique.
Fait révélateur, le gouvernement chinois prévoit de produire en masse des robots humanoïdes dès cette année. Le gouvernement américain, quant à lui, n’a pas de tels projets et ne fait pas grand-chose pour promouvoir l’industrie nationale dans ce domaine. Un élan important visant à soutenir le secteur, incluant des investissements dans l’éducation et des allègements fiscaux pour les startups, est nécessaire pour s’assurer que les États-Unis restent en tête de l’innovation robotique. Mais le soutien politique n’est pas à la hauteur.
L’hostilité publique constitue probablement un facteur non négligeable. La perspective d’investissements massifs dans des robots qui pourraient « voler » des emplois aux Américains ne remporte tout simplement pas les suffrages, ce dont la Chine n’a pas à s’inquiéter.
Il y a deux décennies, la Chine est devenue le troisième pays à envoyer un être humain dans l’espace.
Depuis lors, le programme spatial chinois n’a cessé de prendre de l’ampleur. Il a notamment permis de construire une station spatiale et de mener à bien une mission sur Mars sans équipage, ainsi que d’effectuer le premier atterrissage sur la face cachée de la Lune en juin 2024.
Pourtant, selon Bill Nelson, directeur de la NASA, une grande partie du programme spatial civil chinois ne serait qu'une façade destinée à soutenir son programme militaire. Le pays aurait développé une gamme terrifiante d’armes contre-spatiales capables de détruire des satellites et des cibles au sol.
Officiellement, les États-Unis dépensent beaucoup plus pour leur programme spatial, soit 73 milliards de dollars (69,6 Mds €) en 2023, contre 14 milliards de dollars (13,4 Mds €) pour la Chine.
Le pays qui a fait atterrir le premier homme sur la Lune possède sept fois plus de satellites actifs en orbite que la Chine, ce qui témoigne de la position de leader qu’il occupe depuis longtemps dans le domaine de l’espace.
En plus de disposer de beaucoup plus d’argent que la CNSA (China National Space Administration), l’administration spatiale chinoise, la NASA (National Aeronautics and Space Administration) et l’US Space Force, les forces spatiales américaines, peuvent exploiter l’ingéniosité de SpaceX, Blue Origin et d’autres entreprises du secteur privé florissant, encore balbutiant en République populaire de Chine.
Washington dépense des milliards de dollars pour faire face à la menace que représentent les armes spatiales chinoises et fait tout son possible pour empêcher Pékin d’accéder à l’écosystème spatial commercial américain et de s’emparer de la propriété intellectuelle.
L’un des principaux enjeux de cette course à l’espace porte sur le contrôle des ressources du pôle Sud de la Lune. La NASA s’est associée à des agences spatiales étrangères amies et à des entreprises comme SpaceX et Blue Origin dans le cadre de son programme Artemis, dont l’objectif est d’établir une base lunaire au pôle Sud.
La Chine et la Russie prévoient une base rivale. Selon le magazine The National Interest, les deux pays sont « à des années-lumière » de réaliser cet exploit ; il semble donc que les États-Unis soient presque sûrs de gagner cette fois-ci.
En 2022, la Chine avait environ cinq ans de retard sur les États-Unis dans la course à l’informatique quantique, selon le cabinet d’analyse GlobalData. En 2024, le cabinet d’analyse a toutefois révélé que les deux pays sont désormais « presque à égalité ».
La République populaire de Chine « a fait d’énormes progrès pour rattraper les États-Unis », déclare Isabel Al-Dhahir de GlobalData, le gouvernement s’étant engagé à dépenser 15 milliards de dollars (14,3 milliards d’euros) dans le domaine de l’informatique quantique au cours des cinq prochaines années.
Il est crucial pour le pays de développer cette technologie, car elle est capable de résoudre des problèmes mathématiques d’une complexité extrême, d’accélérer la recherche et le développement, de renforcer la cybersécurité, de faire évoluer l’IA, ainsi que de prédire avec plus de précision les conditions météorologiques et les effets du changement climatique. Plus important encore, l’informatique quantique pourrait à terme rendre le chiffrement obsolète, ce qui bouleverserait les systèmes militaires et économiques du monde entier.
Le gouvernement américain injecte également des milliards de dollars dans l’informatique quantique. Comme pour la course à l’espace, les États-Unis abritent les principales entreprises privées dans ce domaine, telles que Microsoft, Intel et IBM. Cela lui confère un avantage certain sur la Chine, qui a concentré ses efforts sur le secteur public.
Par conséquent, les États-Unis ont pu conserver leur position de leader mondial de l’innovation en matière d’informatique quantique, malgré le développement rapide de cette technologie en Chine.
« Q-Day » est l’expression utilisée pour décrire le moment où les ordinateurs quantiques seront enfin capables de percer les protections des données sécurisées par des systèmes de chiffrement traditionnels. Compte tenu des implications potentielles de cet événement capital, les deux superpuissances se bousculent pour être les premières à réaliser cet exploit.
Un article publié en 2023 par un groupe de scientifiques chinois expose ce qui semble être une méthode pour craquer le système de cryptage RSA utilisé dans le monde entier. Les critiques se sont alors déchaînées sur les chercheurs chinois. Scott Aaronson, professeur d’informatique à l’université du Texas à Austin, a notamment affirmé qu’il faudrait un « miracle » pour que leur méthode fonctionne.
En l’état actuel des choses, il est plus probable que cette évolution provienne des États-Unis et de l’une de leurs entreprises privées.
En matière d’innovation médicale, la Chine se classe désormais au deuxième rang mondial pour la recherche clinique selon le classement Nature Index, qui suit les résultats de recherche des institutions et des pays de la planète.
Le pays abrite la première institution gouvernementale de recherche médicale au monde, l’Académie chinoise des sciences. Cependant, sa véritable force réside dans la fabrication de médicaments ; la Chine est le plus grand fabricant de médicaments au monde en termes de volume et le premier producteur de substances pharmaceutiques.
Leader mondial de l’innovation médicale, les États-Unis comptent neuf des dix premiers instituts de recherche en matière de soins de santé de la planète. Le pays compte le plus de lauréats du prix Nobel en chimie et en médecine, sans parler des meilleures écoles de médecine, et il est le premier au monde en ce qui concerne l’approbation de nouveaux médicaments et dispositifs médicaux.
La supériorité des États-Unis dans le domaine de la médecine a été mise en évidence lors de la pandémie de COVID-19, lorsque ses principales sociétés pharmaceutiques ont mis au point des vaccins et des traitements bien plus efficaces que les fabricants de médicaments chinois.
Comme cela a déjà été mentionné, la force de la Chine réside dans la fabrication des médicaments. Le géant asiatique est le quatrième fournisseur de médicaments des États-Unis, ce qui lui confère une influence certaine, malgré les efforts du gouvernement américain pour réduire la dépendance du pays aux médicaments fabriqués en Chine.
Mais, malgré ses efforts, la Chine ne peut tout simplement pas rivaliser avec l’ingéniosité médicale des États-Unis. Le pays de l'Oncle Sam a une bonne longueur d’avance dans ce domaine et la Chine continue d’être à la traîne.
La Chine réalise des avancées impressionnantes dans un large éventail de technologies du XXIe siècle, dominant désormais des secteurs comme les véhicules électriques et les panneaux solaires. Elle exerce également une influence enviable dans le domaine des minéraux critiques. Cependant, les États-Unis continuent de régner en maître.
Le géant américain se classe au troisième rang de l’Indice mondial de l’innovation 2023 publié par l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle, tandis que la Chine ne fait même pas partie du top dix, se contentant de la 12e place. Bien que certains analystes pensent que le pays finira par éclipser les États-Unis, la nation asiatique a certainement du pain sur la planche si elle veut vraiment défier la suprématie technologique de son rival américain.
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