Steve Jobs a laissé derrière lui un héritage aussi remarquable que complexe après son décès prématuré en 2011. Cofondateur visionnaire d’Apple, il a révolutionné l’informatique avec des innovations majeures telles que l’iPod et l’iPhone. Sa vie professionnelle comme personnelle n’a toutefois pas été exempte de controverse.
S’il a un jour affirmé qu’avoir des enfants « valait 10 000 fois » tout ce qu’il avait accompli, Steve Jobs a pourtant rejeté pendant des années sa première fille, Lisa. À sa mort, il a légué presque l’intégralité de sa fortune, estimée à 7 milliards de dollars (soit environ 9,3 Md€ aujourd’hui), à son épouse Laurene. Ses enfants, Lisa et ses demi-frères et sœurs Reed, Erin et Eve, ont dû tracer leur propre chemin. Bien que leurs patrimoines actuels restent inconnus, nous savons comment chacun d’eux gagne sa vie.
Lisez la suite pour découvrir ce qui est advenu de la fortune de Steve Jobs et découvrez dans quel type de carrière se sont lancés ses quatre enfants. Tous les montants exprimés en dollars sont en dollars américains, sauf indication contraire.
Adaptation française par Aurélie Blain
Né en 1955 à San Francisco, Steve Jobs est adopté peu après sa naissance et grandit dans un environnement qui favorise son talent naturel pour l’invention.
Passionné d’informatique dès son plus jeune âge, il décroche à seulement 13 ans un job d’été chez Hewlett-Packard. En 1973, il abandonne ses études universitaires pour travailler chez le fabricant de jeux vidéo Atari, avant de prendre la route de l’Inde pendant sa période hippie.
De retour aux États-Unis, le futur milliardaire décide de prendre sa carrière en main. En 1976, à seulement 21 ans, il fonde Apple avec son ami d’enfance Steve Wozniak, concepteur d’une carte mère.
La carte mère de Steve Wozniak donne naissance à l’Apple I, un ordinateur de bureau qui ouvre la voie au célèbre Apple II. Avec son clavier, ses lecteurs de disquettes et son boîtier, ce dernier rencontre en 1977 un immense succès et joue un rôle clé dans la révolution des ordinateurs personnels.
En 1978, Steve Jobs est déjà millionnaire. La même année, à 23 ans, sa petite amie Chrisann Brennan accouche de sa première fille, Lisa, dont il nie la paternité pendant des années.
En 1979, sa fortune dépasse les 10 millions de dollars (soit l’équivalent de 41 M€ aujourd’hui) et lorsque Apple entre en bourse en 1980, son patrimoine grimpe à 239 millions de dollars, soit environ 870 M€ en 2024.
En 1982, Steve Jobs est le deuxième plus jeune individu fortuné à figurer sur la première liste Forbes 400 qui classe les Américains les plus riches.
L’ordinateur Lisa, nommé d’après la fille qu’il a reniée, est un échec lors de son lancement en 1983. Le Macintosh sort en 1984 et connaît un certain succès, mais pas suffisant pour rivaliser avec IBM, ce qui entraine des tensions avec John Sculley, le PDG qu’il a lui-même recruté.
Connu pour être un impitoyable perfectionniste, Steve Jobs est réputé difficile à gérer. Sa personnalité exigeante, combinée aux ventes décevantes des produits Lisa et Macintosh, conduit à son éviction d’Apple en 1985.
Après son départ d’Apple, Steve Jobs fonde NeXT Software et devient l’actionnaire majoritaire de Pixar, qu’il acquiert ensuite entièrement.
En 1989, il rencontre Laurene Powell, alors étudiante à Stanford. Ils se marient en 1991, ont leur fils Reed peu après, puis leur fille Erin en 1995.
L’année 1995 marque un tournant pour Steve Jobs : Pixar signe un gros contrat avec Disney et sort son premier long-métrage, Toy Story, qui devient le deuxième film le plus rentable de l’année. Avec l’introduction en bourse de Pixar en novembre, Steve Jobs devient milliardaire.
En 1997, Steve Jobs fait un retour fracassant chez Apple en tant que « iPDG » (le « i » signifiant « par intérim ») après le rachat de NeXT par la société. Ce retour marque une renaissance spectaculaire pour Apple. En 1998, il accueille son quatrième enfant, Eve.
Sous sa direction, Apple lance des produits révolutionnaires tels que l’iMac, l’iPod, iTunes, l’iPhone et l’iPad, jusqu’à devenir, en 2011, la plus grosse capitalisation boursière au monde.
Malheureusement, Steve Jobs n’a pas le temps de pleinement profiter de ce succès. Il décède en octobre 2011 après huit ans de lutte acharnée contre un cancer du pancréas. Comme l’a expliqué sa veuve au New York Times en 2020, Steve ne croyait pas en l’idée d'accumuler des richesses pour les léguer à ses descendants.
Laurene Powell Jobs a hérité de l’essentiel de la fortune de son mari, estimée par Forbes à 7 milliards de dollars (6,7 Md€).
Elle a reçu 40 millions d’actions Apple et 138 millions d’actions Disney (dont elle a depuis vendu la moitié, réduisant sa participation à 4 %).
Steve Jobs, qui ne croyait pas à l’accumulation de richesses, a transmis cette philosophie à sa femme. Laurene a déclaré qu’elle compte utiliser cette fortune de son vivant et que ses enfants ne doivent pas s’attendre à en hériter.
Laurene a indéniablement su mettre son argent au service de ses convictions. Elle a fait don d’une part considérable de sa fortune à des causes d’intérêt général, principalement par le biais d’Emerson Collective, l’organisation caritative qu’elle a fondée en 2004.
Celle-ci se concentre sur des thématiques telles que la justice environnementale, la santé, l’immigration et l’éducation. Laurene est également cofondatrice de l’XQ Institute, une organisation à but non lucratif « dédiée à repenser l’expérience du lycée » (selon son site officiel), ainsi que du programme éducatif College Track. Par ailleurs, elle supervise une fondation ayant alloué 3,5 milliards de dollars (3,1 Md€) à la lutte contre le changement climatique.
Parmi ses investissements, on compte une participation importante dans Monumental Sports & Entertainment, propriétaire de plusieurs grandes équipes sportives américaines, notamment les Washington Wizards (NBA) et les Washington Capitals (NHL).
Actionnaire d’Apple et de Disney, Laurene possède ou soutient financièrement plusieurs médias progressistes, notamment The Atlantic, Axios et ProPublica. Elle a également versé des millions de dollars au Parti démocrate, notamment 929 600 dollars (886 000 euros) pour la campagne de réélection du président Biden. À ce jour, la fortune nette de Laurene est estimée à 14,5 milliards de dollars (13,8 Md€), soit une baisse notable par rapport au pic de 20 milliards de dollars atteint en 2017.
Bien qu’elle s’investisse corps et âme dans des initiatives philanthropiques, Laurene n’hésite pas à se faire plaisir. La milliardaire de la tech a récemment acquis un somptueux domaine en bord de mer à Malibu pour 94 millions de dollars (90 Md€), venant enrichir un patrimoine immobilier déjà impressionnant. Elle possède également des biens extravagants comme un jet privé Gulfstream G650 et un yacht de luxe, le Venus, estimé à 120 millions de dollars (114 Md€).
Penchons-nous maintenant sur les vies et les fortunes des quatre enfants de Steve Jobs…
Lisa Brennan-Jobs nait en 1978 dans une communauté hippie de l’Oregon et grandit en Californie. Bien que Steve Jobs ait participé au choix du prénom de son enfant avec l’artiste Chrisann Brennan, il la renie. Chrisann doit alors se débrouiller seule, vivant de prestations sociales et cumulant des boulots de femme de ménage et de serveuse pour subvenir à leurs besoins.
En 1980, le procureur du district de San Mateo engage des poursuites contre Steve Jobs pour obtenir une pension alimentaire. Ce dernier prétend être stérile et ne pas pouvoir être le père de Lisa. Un test ADN est ordonné par le tribunal, prouvant le contraire.
Le tribunal le condamne à verser une pension alimentaire mensuelle de 385 dollars, montant qu'il accepte ensuite de porter à 500 dollars, tout en prenant en charge les frais de santé de Lisa jusqu'à ses 18 ans.
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Cette pension, qui équivaut aujourd'hui à moins de 2 000 dollars (1 900 euros), semble bien dérisoire comparée à l’immense fortune de Steve Jobs. Le magnat de la tech finit par reconnaître Lisa (dont il a donné le nom à l’un des ordinateurs Apple, par ailleurs un échec commercial) et leur relation s’améliore au point qu’elle vécut un temps avec son père, sa belle-mère et ses demi-frères et sœurs durant son adolescence.
Leur relation n’en est pas moins tumultueuse. Dans ses mémoires publiées en 2018, Small Fry, Lisa décrit son père comme un homme froid et avare, allant jusqu’à refuser de payer ses études supérieures.
Malgré ces difficultés, Lisa poursuit d’excellentes études à Harvard et au King’s College de Londres.
Après avoir obtenu son diplôme en 2000, elle s’installe à Manhattan, où elle se bâtit une brillante carrière de journaliste et d’écrivaine. En plus de ses mémoires controversées (que certains membres de la famille Jobs contestent), Lisa écrit pour des médias prestigieux comme The Harvard Advocate, American Vogue et Spiked.
Sans avoir hérité des milliards de son père, elle a confié au New York Times en 2018 avoir tout de même reçu « plusieurs millions », comme les autres enfants de Steve Jobs, en dépit des rumeurs affirmant qu’ils ont été déshérités.
Reed Jobs, le seul fils de Steve et Laurene, est né en 1991. Il doit son prénom au Reed College, l'université que son père avait quittée avant la fin de son cursus. Pour ses études, il suit les pas de sa mère en s’inscrivant à Stanford. Lorsqu’on diagnostique un cancer du pancréas à son père, Reed se passionne pour la recherche sur cette maladie et décroche un stage en oncologie à Stanford, à seulement 15 ans.
Steve Jobs décède en 2011, alors qu’il suit des études universitaires de biologie. Submergé par le chagrin, Reed change de spécialisation pour étudier l’histoire.
Il obtient son diplôme avec mention en 2014 et passe son master l’année suivante. Il reprend alors goût à l’oncologie et intègre dès 2015 le Emerson Collective, l’organisation de sa mère, en tant que directeur général des programmes de santé.
Reed s’est donné pour mission de lutter contre la maladie qui a emporté son père.
« Tout ce qui m’importe, c’est d’apporter un changement majeur pour les patients atteints du cancer », déclare-t-il à TechCrunch en 2022, avant d’ajouter : « mon objectif, c’est que plus personne ne meure de cette maladie. Je veux qu’on se souvienne de moi pour ça ».
En septembre 2022, Reed fonde Yosemite, une société de capital-risque dédiée au financement de nouveaux traitements contre le cancer. Inspirée par le parc national où ses parents se sont mariés, cette filiale d’Emerson Collective a déjà levé plus de 200 millions de dollars (190 €) auprès d’investisseurs, notamment le Memorial Sloan Kettering Cancer Center, l’Université Rockefeller et le MIT.
Le financement de Yosemite est utilisé à bon escient. Il a déjà permis de soutenir plusieurs startups de premier plan dans trois domaines clés du traitement contre le cancer : la détection précoce, l’immunothérapie et la santé numérique.
Comme son père, Reed ne semble pas être motivé par l’argent, sauf s’il est destiné à améliorer les chances de survie des patients atteints de cancer. Il ne voit donc sûrement pas d’un mauvais œil que sa mère fasse don de la majeure partie de l’héritage de son défunt père à des causes nobles, notamment la lutte contre le cancer.
Indifférent à la célébrité, Reed a affirmé que la notoriété ne figurait pas parmi ses priorités. En revanche, s’il parvient à atteindre le but qu’il s’est fixé, il pourrait laisser un héritage encore plus marquant que celui de son père, pionnier de la technologie.
Erin Siena Jobs nait en 1995, l’année où son père devient milliardaire. Elle est la plus discrète de la fratrie, menant sa vie loin des projecteurs. Dans la biographie de Steve Jobs écrite par Walter Isaacson, elle est décrite comme « calme et réservée ».
Lorsque le biographe lui demande à l’époque de parler de sa relation avec son célèbre père, Erin déclare : « j’aimerais bien qu’il passe plus de temps avec moi, mais je sais que le travail qu’il accomplit est important et je trouve ça génial. Donc, ça me va, je n’ai pas besoin de plus ».
Les informations sur Erin, l’enfant la plus discrète de Steve Jobs, sont relativement rares. Elle aurait étudié l’architecture à l’université de Tulane, à la Nouvelle-Orléans, où elle vivrait encore d’après son profil Facebook. Cependant, son compte semble inactif depuis des années, et il est donc probable qu’elle ait déménagé.
Steve Jobs était un génie créatif et Erin semble avoir hérité de cette fibre artistique. Bien qu’ayant étudié l’architecture, elle s’oriente finalement vers une carrière de céramiste. Elle découvre cette passion à l’automne 2019 et se perfectionne pendant les confinements de la pandémie de COVID-19.
En octobre 2022, Erin présente ses œuvres dans la prestigieuse galerie d’art Make Hauser & Wirth, située dans les Hamptons et spécialisée dans l’art moderne et contemporain. Intitulée Clay Is My Language, l’exposition regroupe une série de pièces en grès et en porcelaine, façonnées à la main ou au tour de potier.
Décrite comme une « créatrice émergente », Erin met un point d’honneur à exprimer ses émotions à travers l’argile. Chaque pièce reflète son état d’esprit au moment de sa création.
Eve, la plus jeune des enfants de Steve Jobs, est née en 1998, à l’aube de la renaissance d’Apple.
Sportive et brillante sur le plan académique, Eve est une cavalière de haut niveau diplômée de Stanford. Elle est désormais mannequin et icône de mode.
La passion d’Eve pour les chevaux s’est affirmée en 2016, lorsque sa mère achète un ranch équestre d’une valeur de 15 millions de dollars (soit 18,7 M€ ajustés à l’inflation) à Wellington, en Floride. Sous la direction de la célèbre entraîneuse Missy Clark, Eve et son cheval Chill RZ ont excellé dans des compétitions de saut d’obstacles aux États-Unis et à l’international.
En mars 2017, Eve est nommée cavalière du mois par le Show Jumping Hall of Fame, et devient en 2019 la cinquième meilleure cavalière au monde parmi les moins de 25 ans.
Par pure coïncidence, Jennifer Gates, la fille de Bill Gates, est elle aussi cavalière professionnelle et diplômée de Stanford, perpétuant ainsi une forme de rivalité amicale entre les deux familles.
Eve obtient en 2021 un diplôme avec mention en science, technologie et société à Stanford. Elle a toutefois débuté sa carrière de mannequin dès 2020, en participant à une campagne publicitaire pour Glossier aux côtés de Sydney Sweeney et Naomi Smalls.
Une fois diplômée, Eve fait ses premiers pas sur les podiums en défilant pour Coperni à la Fashion Week de Paris en septembre 2021. L’année suivante, elle signe avec l’agence DNA Model Management, qui représente des mannequins comme Emily Ratajkowski, Kaia Gerber ou encore Linda Evangelista.
Depuis, Eve a posé pour American Vogue, fait la couverture de Vogue Japan et participé à une campagne pour Louis Vuitton, entre autres collaborations prestigieuses.
Par cette réussite professionnelle, Eve est probablement aujourd’hui la plus riche des enfants de Steve Jobs.
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